Addictions, traumatismes, anxiété… l’organisme MentalPrev propose des formations de Premiers secours en Santé mentale (PSSM) et des actions de sensibilisation. Pour son fondateur, Pascal Arnaud, il est essentiel de briser les tabous.

Texte Maë Poyel – Photo Jean Albert Coopmann

Dans notre société, quand on évoque un trouble de la santé mentale, on est dirigé vers tout le monde sauf vers un professionnel de santé… 

Pascal Arnaud, fondateur de l’organisme MentalPrev

Comment MentalPrev définit les Premiers secours en santé mentale (PSSM) ?

Pascal Arnaud : Les premiers secours en santé mentale sont comme les premiers secours en santé physique PSC1* : c’est le fait de pouvoir approcher et aider quelqu’un qui semble avoir un trouble de la santé mentale. Le secouriste ne fait pas de diagnostic. Ce sont des interventions précoces que n’importe quel citoyen formé peut accomplir, en trouvant les bons mots et en adoptant les bons gestes.

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Quelles sont les missions de MentalPrev ?

Nous formons des secouristes en PSSM, sensibilisons et conseillons les entreprises et collectivités sur la prise en charge de la santé mentale en milieu professionnel. Notre rôle consiste également à déstigmatiser, cela implique nécessairement de prendre conscience que nous avons tous une santé mentale qui peut être fragilisée à certains moments de la vie. En cas de blessure physique, nous nous rendons aux urgences ou appelons un médecin. Nous devrions avoir le même réflexe or, dans notre société, quand on évoque un trouble de la santé mentale, on est dirigé vers tout le monde sauf vers un professionnel de santé.

À qui s’adressent les formations et en quoi consistent-elles ?

Actuellement, nous proposons la formation PSSM standard ; la formation PSSM jeune, destinée aux adultes travaillant avec les jeunes. En 2024, deux formations verront le jour : une dédiée aux moins de 18 ans et une autre à destination des personnes âgées. Lors de nos formations, nous abordons la plupart des troubles liés à la santé mentale et les actions à mettre en place pour aider les personnes, qu’elles soient en crise ou pas.

Les secouristes interviennent-ils uniquement dans la sphère professionnelle ?  

Le mal-être au travail est plus facilement exprimé parce que les situations se dégradent mais les troubles liés à la santé mentale sont multifactoriels : l’environnement familial, les violences, les traumatismes de l’enfance, les addictions ou la consommation de stupéfiants. De façon générale, le secouriste aussi bien dans la sphère professionnelle que privée parviendra à déceler des éléments inquiétants pour se tourner vers la personne en souffrance, l’écouter et l’encourager à se diriger vers un professionnel de santé. C’est très important car, dans notre population, nous sommes encore dans le déni face à cette problématique.

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Vous organisez le 4 novembre en Guadeloupe, un séminaire sur le thème : « Esclavage : impact sur la santé mentale et le management des organisations locales ». Quel en est l’objectif ? 

Il ne faut pas oublier que le rapport au travail que nous avons est influencé par notre histoire, où le travail a toujours été forcé ; où le bien-être n’avait pas sa place. Il est important de comprendre que diriger une entreprise ou du personnel ne peut se faire qu’avec bienveillance et les managers n’arrivent pas toujours à intégrer cette notion dans leur façon de gérer leurs équipes. Il est nécessaire de s’inscrire dans une démarche de changement. Le but du séminaire est de mieux comprendre que les traumatismes hérités de notre histoire continuent d’influencer notre vision du travail autant du côté des salariés que des dirigeants. Le management doit tenir compte de cet état de fait pour être plus efficace.

* Prévention et secours civiques de niveau 1

SAVE THE DATE
« Esclavage : impact sur la santé mentale et le management local »
Le séminaire organisé par MentalPrev se déroulera le 4 novembre, de 13h30 à 20h30 au CWTC de Jarry/Baie-Mahault.
À cette occasion, seront présents le professeur émérite de médecine, psychiatrie et écrivain Aimé Charles-Nicolas et le socio-anthropologue urbain Raymond Otto, l’artiste Sephora. 
Le séminaire est ouvert à tout public.
Tarif : 50€ en early bird puis 75 €
Tickets disponibles en ligne : www.eventbrite.com

MentalPrev
www.mentalprev.com
mentalprev.overseas@gmail.com
Tel : 0696 10 19 23