30 % des visiteurs choisissent la destination Guadeloupe pour sa culture. Un bon début qui pourrait décoller grâce à une politique davantage concertée. Première étape validée fin novembre, lors de la première rencontre Culture et Tourisme organisée par la Direction des affaires culturelles (DAC).
Texte Sarah Balay – Photo Lou Denim
La Direction des affaires culturelles de Guadeloupe et des îles du Nord (DAC), en partenariat avec la Région et le Département organisait, le 24 novembre, à Pointe-à-Pitre, les rencontres Culture & tourisme. Une journée d’échanges et de concertation impulsée par le ministère de la culture. Objectif : renforcer la coopération entre les professionnels, les collectivités territoriales et les élus. « Nous devons travailler à l’interconnaissance des secteurs du tourisme et de la culture afin que la culture dans toutes ses formes soit un réel vecteur du tourisme », souligne Cécilia Collomb, en charge de l’organisation.
Grâce à l’offre patrimoniale et artistique, la culture est, à ce jour, la 3e motivation au choix de la destination Guadeloupe après les plages et la diversité des paysages. Des pistes d’amélioration sont toutefois à creuser : un label d’État « entreprise du patrimoine vivant », valorisant des entreprises artisanales et industrielles aux savoir-faire rares et d’exception (facteur d’instruments, lutherie, ka…), de nouvelles stratégies de développement pour une offre touristique en lien avec les nombreux festivals du territoire, tout comme la promotion des lieux de tournage (Meurtre au paradis, All inclusive, Les dix petits nègres..) tout en protégeant le patrimoine naturel.
| Trois sites inspirés du modèle « culture et tourisme » Un futur centre de musiques et danses traditionnelles En 2021, la Région Guadeloupe achète, au Gosier, la propriété de deux piliers du Ka, Jacqueline et Yves Thôle dédiée, depuis une quinzaine d’années, à la musique et à la danse. La collectivité veut la réhabiliter pour en faire, dès 2025, un centre régional des musiques et danses traditionnelles. Une résidence d’artistes et de chercheurs est prévue ainsi qu’un centre de ressources qui accueillera notamment le public scolaire. La collection d’objets de la vie d’antan reprendra vie au sein de la maison patrimoine. Des bâtiments neufs abriteront des espaces d’exposition dédiés aux musiques et danses traditionnelles ainsi qu’une salle de danse dévolue au grand ballet de Guadeloupe. 18 sites sur la Route de l’esclave Créé par l’Unesco en 1994, le projet de la Route de l’esclave est actif en Guadeloupe depuis 2010. Au total, 18 sites, privés ou relevant du Département et de la Région, ont été sélectionnés. Parmi les plus prisés : le Fort Delgrès, avec l’œuvre monumentale de Dimitri Fagbohoun issue de la commande publique, l’habitation sucrerie La Mahaudière, l’habitation Murat et le Domaine de Vanibel. « Afin d’optimiser le dispositif, nous cherchons une appellation en créole plus pertinente, confie David Laporal, responsable du Musarth (musée départemental d’Art et d’Histoire). Nous visons aussi l’apport d’une dimension mémorielle pour rendre compte du quotidien des esclaves (pathologies liées au travail forcé, carences alimentaires, pratiques funéraires…). Des formations sont prévues pour mobiliser les agents départementaux afin de valoriser au mieux chacun des sites. » |
| En chiffres 22 sites mémoriaux et autres lieux d’expositions, 117immeubles protégés au titre de monuments historiques et une quarantaine de festivals. |
| La Maison Victoire à Pointe-à-Pitre Située rue Barbès à Pointe-à-Pitre, la Maison Victoire surprend et séduit à la fois. Réhabilité en boutique-hôtel depuis avril, cet immeuble des années 30 tient son nom de Victoire Elodie Quidal, grand-mère de l’écrivaine Maryse Condé. Implantée dans un rayon de 500 m de plusieurs monuments historiques, cette bâtisse, aux accents Art déco, se distingue par sa forte identité architecturale inspirée d’Ali Tur, rendant ainsi hommage à la vie pointoise du XXe siècle. Avec ses chambres, aménagées avec goût, son restaurant, sa galerie d’art et son rooftop, la Maison Victoire attire gourmets et curieux. Ce projet, alliant, hôtellerie et patrimoine, a notamment vu le jour grâce à un partenariat public, dont la DAC au titre des abords, pour sa réhabilitation. « La Maison Victoire est la démonstration que la revitalisation des centres bourg est possible », explique la propriétaire, Pauline Montauban. « Pointe-à-Pitre a des airs de petite Havane qu’il faut valoriser. » |
Cécilia Collomb
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