Prix Nobel d’économie 2014, Jean Tirole est considéré comme l’un des économistes les plus influents de notre époque. Son dernier ouvrage « Economie du bien commun» ouvre les portes d’un avenir plus radieux.

Par Nelly Bouveret

Voilà un sujet de réflexion passionné et optimiste, pour la rentrée. Résolument tourné vers un avenir qui se construit, l’économiste défend la théorie du bien commun. Mais qu’est-ce que le bien commun ?
Pas facile à définir parce qu’il relève de tout ce qui nous est essentiel : l’environnement, la survie de la planète, le pouvoir d’achat, l’éducation, la santé, la religion, la spiritualité… Le bien commun est ce qui nous appartient à tous et auquel nous avons individuellement accès. C’est en ayant conscience de l’ampleur de ce « bien » que nous pourrons le gérer et le protéger. 

Jean Tirole définit la place de l’économie dans la recherche du bien commun. En considérant le bien commun comme une donnée, l’économie développe les outils qui permettent de mieux l’appréhender. Nous voilà donc invités à réfléchir à ce que pourrait être le bien-être de tous, en prenant en compte les dimensions individuelles et collectives. Quelles sont les situations où l’intérêt individuel est compatible avec une quête du bien-être collectif et où, au contraire, l’intérêt individuel nuit au collectif ? 

Le livre part du constat suivant : qui que nous soyons, salarié, homme politique, chef d’entreprise, chômeur, retraité…, quelle que soit notre place dans la société, nous réagissons forcément aux incitations qui nous sont faites (matérielles ou sociales). Notre comportement et nos préférences peuvent alors aller à l’encontre de l’intérêt général. Ce livre donne les outils pour décrypter les répercussions que nos agissements peuvent avoir sur la collectivité. Il suggère de s’engager vers un terrain d’entente concernant « nos » biens communs :
la planète, l’eau, l’air, la biodiversité, le patrimoine et même « la beauté d’un paysage ». 

Le message du prix Nobel est pourtant optimiste. Il propose un voyage au cœur des préoccupations contemporaines : le réchauffement climatique, le numérique, l’innovation, la politique industrielle… Selon lui, il n’y a pas de fatalité aux maux de nos sociétés. Il existe des solutions pour protéger l’environnement ou gérer l’innovation, résorber le chômage… L’auteur explique comment relever le défi industriel pour que les biens et services soient réellement au service de tous. 

L’auteur s’est donné pour mission de familiariser un large public avec les idées et théories économiques. Il ouvre un grand chantier dans lequel il y a beaucoup à apprendre et beaucoup à faire. Pour le bien commun.

Economie du bien commun. Jean Tirole. Ed.PUF. 642 pages