Archéologie Martinique : 1 500 ans d’histoire exhumés
En amont des travaux d’agrandissement du Club Med Les Boucaniers à Sainte-Anne, une fouille d’archéologie préventive d’une durée de 3 mois prescrite par le service de l’archéologie de la Direction des affaires culturelles - ministère de la Culture (DAC Martinique) est en cours. Opérée par le bureau d’études Éveha, à la suite du diagnostic réalisé par l’Inrap*, elle révèle la présence d’un site amérindien. Visite captivante.
Archéologie Martinique : 1 500 ans d’histoire exhumés
En amont des travaux d’agrandissement du Club Med Les Boucaniers à Sainte-Anne, une fouille d’archéologie préventive d’une durée de 3 mois prescrite par le service de l’archéologie de la Direction des affaires culturelles - ministère de la Culture (DAC Martinique) est en cours. Opérée par le bureau d’études Éveha, à la suite du diagnostic réalisé par l’Inrap*, elle révèle la présence d’un site amérindien. Visite captivante.
Depuis le 20 mars 2025, sous les anciens terrains de tennis du Club Med Les Boucaniers à la pointe Marin, une dizaine d’archéologues ne ménage pas ses efforts. À moins de 1 mètre 50 de profondeur, une succession dense de fanions rouges plantés sur plus de 3 000 m² signale leurs découvertes : puisards, outils, lambis consommés… révèlent une occupation amérindienne il y a 1 500 ans. « Un site exceptionnel grâce, notamment, au très bon état de conservation des vestiges » explique Guillaume Seguin qui dirige le chantier pour l’opérateur d’archéologie préventive Éveha en désignant un grand vase entier orné de motifs polychromes quasi intacts. Une conservation qui peut s’expliquer par le fait que ces vestiges soient restés durant des siècles immergés dans l’eau ; et d’importants moyens techniques ont été mis en œuvre dont un système d’abaissement de la nappe pour permettre à ses équipes de fouiller hors d’eau.
Un chantier XXL et une découverte majeure : des puisards
Si plus de 3 000 m² ont déjà été sondés, le chantier financé par l’aménageur Club Med se poursuit jusqu’au 20 juin et s’étend sur une superficie de 7 000 m². La présence de puisards (relevée également sur un autre site à la Barbade) est une découverte remarquable selon Lucie Chehmana, cheffe du service de l’archéologie de la DAC Martinique qui détaille la stratigraphie du site : « Au-dessus du niveau de la mer, intercalée dans une épaisse couche de sable, de l’eau douce s’infiltre. Elle provient pour partie des mornes ; et par gravité, vient se jeter dans la mer. Les Amérindiens s’en sont rendus compte et ont implanté dans le sable ces objets en céramique en forme de vases de grandes dimensions percés puis empilés, positionnés de telle sorte qu’ils pouvaient y récupérer l’eau douce. La problématique de l’accès à l’eau, un enjeu environnemental toujours d’actualité, riche d’enseignements ».
Préserver et transmettre
Les indices retrouvés comme les haches en pierre et en lambis indiquent également la découpe des arbres et l’installation de zones de culture. Le chantier n’a pas encore livré tous ses secrets et en l’état actuel des recherches, il semble que le site soit situé en périphérie du village, possiblement localisé où se trouve la mangrove. La découverte d’un squelette de cheval enterré témoigne également d’occupation plus récente (période coloniale, XVIIe ou XVIIIe siècle). Dans un second temps, l’ensemble des vestiges sera analysé par le bureau d’études Éveha, puis conservé au CCEA* de la DAC Martinique, et les travaux d’agrandissement du Club Med d’une « Zen Oasis » débuteront. Un travail conséquent de valorisation et de restitution s’engage avec une première conférence ouverte au grand public prévue lors des Journées européennes de l’Archéologie, le troisième week-end de juin qui coïncide avec la fin du chantier. Save the date !
*Inrap : Institut national de recherches archéologiques préventives
*CCEA : Centre de Conservation et d’Études Archéologiques
Direction des affaires culturelles de la Martinique
54, rue du Professeur Raymond Garcin, 97200 Fort-de-France
www.culture.gouv.fr/regions/dac-martinique
Lucie Chehmana, cheffe du service de l’archéologie de la DAC Martinique