Jean-José Julien, peu avant le covid, dresse un constat : des associations pour accompagner les femmes dans leur lutte contre le cancer, il y en a pléthore. Pour inciter les hommes à se faire dépister, pour parler des masculins, aucune association de patients n’existe. Et pourtant ! Pourtant, les hommes sont plus massivement atteints par les cancers que les femmes, 62 % contre 38 % en Martinique. Quant aux statistiques, elles montrent un accroissement significatif du nombre de malades. Jean-José Julien crée donc en 2022 l’association Cyparis, du nom du survivant de Saint-Pierre, un modèle de résilience s’il en est. Ainsi, si septembre est en or, octobre rose et novembre moustachu, mai est Cyparis.

En parler…

Le président souhaite faire de Cyparis un outil de sensibilisation, de soutien et d’information sur les spécificités des cancers masculins… Être la voix des hommes atteints par la maladie, pour qu’enfin on « en » parle. Car « la prévention est la clef de bons soins. Dès l’adolescence, les femmes sont éduquées à se rendre chez leur médecin. Pas les hommes. Sans compter que 55 % des cancers masculins touchent la prostate, ce qui paraît tabou, car il est question de virilité ». Si 2023 est une année difficile, peu d’adhérents et de moyens, le travail porté par Cyparis apparaît vite comme essentiel. Jean-José, médaillé du bénévolat, est plus que jamais déterminé et engagé.

L’importance du dépistage précoce

Un an plus tard, Cyparis étend son action, soutenue par l’association Ma Tété puis par les autres associations féminines. Conférences et actions communes, manifestations avec les clubs service et les collectivités, l’information circule. « En 2025 et particulièrement pour “November”, nous portons nombre de conférences, notamment avec le service urologie du CHUM. Nous organisons des actions de sensibilisation, des journées santé pour rappeler l’importance d’une hygiène de vie saine. Nous incitons les hommes à demander aide et conseils, mais aussi à se faire dépister. Plus un cancer est décelé tôt, plus on a de chance de guérir et de diminuer les dommages collatéraux ». Le dépistage est le principal défi, d’autant que les campagnes organisées ne concernent pour les hommes que le cancer colorectal. « Nous recommandons aux hommes de demander à leur médecin un dosage de PSA via une prise de sang. » Le président de Cyparis note deux motifs de satisfaction majeurs : l’implication des hommes de 30-40 ans qui se chargent de dire « demain, c’est nous, nous devons nous prendre en charge dès maintenant » ; et un chiffre : 98 % des cancers de la prostate, traités chez nous, ont une espérance de vie à plus de 5 ans (contre 94 dans l’Hexagone).

Être soutenu, écouté, compris

Cyparis s’est aussi donné pour mission de créer un espace d’écoute et de solidarité, s’engageant avant, pendant et après les soins. « Les résultats sont là, se réjouit Jean-José, les hommes appellent l’association, témoignant de son importance. Mais l’accompagnement des patients nécessite des fonds, mobilisés pour les soins de suivi, le soutien psychologique ou encore l’aide à ceux qui partent en soin dans l’Hexagone. C’est pourquoi nous sollicitons les adhésions, la mobilisation de bénévoles et le soutien des entreprises privées et institutions pour poursuivre nos missions. L’ARS est notre partenaire de la première heure, et à ce jour notre seul partenaire institutionnel. Elle nous soutient et s’investit. »