Centres sociaux : lieux de démocratie participative !
Apparus il y a six ans, les centres sociaux favorisent le vivre ensemble sur le territoire guyanais. Au sein de ces structures ouvertes à tous, les habitants deviennent des acteurs du développement et de l’animation de leur quartier ou de leur commune. Zoom sur un dispositif méconnu mais essentiel. Texte Adeline Louault
Les centres sociaux, leurs modes d’intervention, sont apparus comme de vraies opportunités pour la Guyane et ses habitants.
La démocratie participative en action !
Membres du réseau de la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France, les centres sociaux sont des structures de proximité agréées par la Caisse des allocations familiales. Leur mission est de créer du lien et de coconstruire, avec les habitants, de meilleures conditions de vie dans le but de favoriser l’inclusion sociale, la prise de responsabilité des usagers et le développement de la citoyenneté de proximité. Dans l’Hexagone, ces outils existent depuis plus de 100 ans. En Outre-mer, le dispositif est récent. Les premiers centres sociaux de Guyane, à Macouria, Mana et Saint-Laurent du Maroni, ont ouvert en 2018-2019. Leur création est née d’une volonté politique. « Emmanuel Macron, en visite en Guyane après les émeutes de 2017, a déclaré qu’il était nécessaire de travailler le vivre ensemble via la création de projets Animation de la vie sociale », raconte Isabelle Marez, chargée de mission de la Fédération des centres sociaux de France, exerçant au sein de l’association MANIOC (Mouvement de l’ANImation de la vie sOCiale en Guyane). « Les centres sociaux, leurs modes d’intervention, sont apparus comme de vraies opportunités pour la Guyane et ses habitants ».
Lire Aussi | L’accordeur cible la coopération associative
Dans les centres sociaux, une méthodologie rigoureuse à respecter
En six ans, 13 centres sociaux ont vu le jour sur l’ensemble du territoire ainsi qu’une vingtaine d’espaces de vie sociale (les deux types de structures disposent de moyens différents mais poursuivent les mêmes finalités) dont quatre ont développé une partie de leurs projets dans des camionnettes pour aller vers les habitants des zones isolées. Pour créer un centre social ou un espace de vie social, il faut respecter une méthodologie rigoureuse. Le rôle de MANIOC est d’accompagner les porteurs de projets sur les différentes étapes.
« Ce sont des démarches longues et difficiles. Il faut faire un diagnostic de territoire, établir le profil de la population, mettre en place des rencontres avec les habitants pour savoir ce qu’ils veulent. Les porteurs de projet doivent aussi travailler avec les élus et les partenaires locaux pour la remontée des besoins ».
Une fois la démarche validée, la CAF donne un agrément de 4 ans et exige un rapport d’activités annuel. Tout au long de l’agrément, des commissions d’habitants permettent de vérifier que les actions proposées par le centre social sont en adéquation avec les attendus de la communauté. La notion de démocratie participative est capitale. À la différence d’une antenne sociale ou d’un centre communal d’action sociale, le centre social est animé par les habitants, appuyés par une équipe de professionnels. Ils deviennent ainsi acteurs du développement de leur territoire.
Lire Aussi | Vers la « capacitation » numérique des citoyens !
Répondre aux besoins non couverts avec les centres sociaux
Les services et activités complètent l’offre proposée localement sans jamais s’y substituer. « Là où France Services n’est pas présent, le centre social va par exemple faire beaucoup d’accès aux droits », précise Isabelle Marez.
« Lorsqu’il y a un problème d’aide aux devoirs sur un secteur, le centre va essayer de trouver un bénévole parmi les habitants pour qu’il s’en charge ».
Les besoins sont différents selon les territoires. Les problématiques peuvent porter sur des démarches administratives, l’apprentissage de la langue française, la santé. Elles prennent également en compte le désœuvrement de la jeunesse, récurrent dans les communes isolées. À Papaichton, les habitants ont demandé à occuper les enfants après l’école. Des ateliers cuisine, artisanat (réalisation de colliers) se sont mis en place, sous l’égide de parents volontaires. Un abattis pédagogique a vu le jour à Awala Yalimapo. À Régina, un papa pêcheur apprend aux jeunes à fabriquer des filets. Dans les villages amérindiens où les traditions ont tendance à se perdre, des ateliers sur la transmission des savoir-faire se multiplient. À Saint-Georges, des bénévoles font des animations sur la culture brésilienne et la réalisation d’objets à partir de matériaux de récupération.
« Les soirées jeux, repas solidaires, dressings solidaires, jardins partagés font également partie des initiatives portées par les centres sociaux. »
Manque de professionnalisation
Il n’est pas aisé de dénicher des personnes-ressources parmi les habitants pour couvrir les besoins répertoriés. Il est encore plus difficile de trouver localement des animateurs professionnels pour les former et les encadrer.
« Nouer des partenariats avec des associations, des collectivités, des institutions comme l’ARS, la CTG est pour nous essentiel », déclare Isabelle Marez qui intervient également à l’IUT de Guyane auprès des étudiants de BUT carrières sociales pour susciter des vocations et recruter d’éventuels futurs stagiaires.
« Nos objectifs aujourd’hui visent à développer la communication autour des centres sociaux, de faire monter en compétences les salariés et les bénévoles et de pérenniser les partenariats et les financements des équipements. Il s’agit également de pouvoir être reconnu, d’ici deux ans, en tant que fédération régionale. »
Contact : Isabelle.marez@centres-sociaux.fr