CSI : Les experts Outre-mer Trois spécialistes du marché automobile témoignent (Dossier Automobile)
Quel bilan 2012 feriez-vous du marché de l’automobile ? Est-il constant, en régression ou en progrès ?
Jean-Charles Bertrand : Il reste difficile. Un marché total à la baisse… peu de marques sont en progression. Cependant, les trois derniers mois de l’année sont les plus importants.
Julie Lopez : En Guyane, le marché automobile est relativement stable depuis une dizaine d’années, avec environ 5500 unités en véhicules particuliers et utilitaires. Cependant, nous constatons un recul de la demande cette année de l’ordre de 6% sur le segment des particuliers et, plus significative encore, une tendance à la baisse du mix des ventes. En effet, les clients se tournent davantage vers des véhicules de plus petite taille, de plus petite motorisation, moins chers, et parfois soutenus par des bonus écologiques.
Fabre Joseph-Boniface : Un bilan positif pour le segment du Premium (véhicule de luxe). Toutes les marques sont en progression par rapport à l’année dernière malgré un marché global en récession de près de 8%. La clientèle trouve dans les marques premium une valeur refuge.
Quel usage votre clientèle fait-elle de ses voitures ? Et quels sont les types de véhicules les plus recherchés ?
J-C B : L’usage est divers selon le client. Il peut être familial comme professionnel, mais clairement les modèles les plus recherchés sont les SUV.
JL : Le coup de coeur reste le premier critère de décision. Les clients qui font le choix de nos marques recherchent la fiabilité dans un environnement climatique particulier, alliée à des designs modernes et des équipements de dernière génération technologique.
Nous constatons sur le territoire national, et également en Guyane, une « radicalisation » du comportement d’achat vers deux extrêmes :
l’engouement pour les marques low cost ou les modèles d’entrée de gamme d’un côté, et le développement du segment Premium par ailleurs.
De plus en plus de clients achètent « utile » et souhaitent disposer des équipements essentiels sans superflu, tandis que la demande se maintient sur le haut de gamme pour des versions personnalisées à l’extrême.
FJB : Nous pouvons distinguer trois types de clientèle : L’une considère son véhicule de travail comme un second bureau. Le client recherche alors un véhicule tout confort afin d’être le plus efficient pour son entreprise.
Certains DAF l’ont bien compris et ne prennent pas uniquement en compte le coût d’acquisition de leur flotte. Ils attachent une importance au coût d’utilisation mais aussi au coût de revente de leurs véhicules.
L’autre type de clientèle considère son véhicule sous l’angle du loisir : se sentir en sécurité en appréciant les magnifiques paysages de nos départements. La troisième catégorie de personnes est séduite par les design sportifs.
Pensez-vous que la voiture soit encore un marqueur de distinction sociale ?
J-C B : De moins en moins. Les gens recherchent avant tout de la sécurité et du confort.
JL : Plus que jamais le choix de son véhicule relève d’une volonté de se distinguer socialement, mais la différence provient du fait que le consommateur se sent de plus en plus responsable de son impact sur l’environnement.
Conscients de cette tendance, les constructeurs optimisent les motorisations et le poids des véhicules pour réduire les émissions. À catégorie équivalente, ce qui fait la différence aujourd’hui ce sont les valeurs véhiculées par la marque et sa manière de les communiquer.
FJB : La crise a bouleversé le comportement des clients en matière d’automobile. Par ailleurs, à travers une marque, on signe son engouement envers tel ou tel phénomène de mode. Il faut être « ALWAYS ON », toujours connecté, au courant des bons plans.
Les hommes et les femmes conduisent-ils les mêmes gammes de véhicules ?
J-C B : Je trouve de plus en plus que, petite ou grande, il n’y a plus de voiture dédiée pour un type précis de client.
JL : Certains modèles sont plus associés, dans l’esprit collectif, à une clientèle féminine, comme la Suzuki SWIFT. En réalité, nous voyons qu’il existe autant de cas de figure que de métiers ou de situations familiales qui vont guider le choix de la gamme.
Ce qui est certain, c’est le rôle – direct ou indirect – de la femme dans le processus de décision, quelque soit la motivation d’achat !
FJB : Généralement notre gamme est appréciée par tous nos clients. Les proportions de certains de nos véhicules n’effraient guère la clientèle féminine. Ceci est certainement du à leur caractère sécuritaire.
En outre, nos véhicules restent facilement manœuvrables soit avec l’aide au créneau du système caméra. Le phénomène le plus marquant est surtout le rajeunissement (25-30 ans) de notre clientèle : de nombreux jeunes ont des coups de foudre lorsqu’ils se présentent dans notre show room face. Nous sommes donc très confiants dans l’avenir.