CTIG: l’avenir du tourisme se conjugue au présent
Malgré quelques nuages inquiétants (invasion des sargasses, médiatisation du chlordécone, crises de l’eau et du CHU), l’essor de la fréquentation continue d’éclairer le ciel touristique de l’archipel. Une embellie certaine mais fragile, confirmée par les chiffres de 2017, commentés par Willy Rosier, le directeur général du Comité de Tourisme des Îles de Guadeloupe (CTIG).
Propos recueillis par Daniel Rollé
Avec 649 891 touristes de séjour accueillis (de janvier à décembre) en 2017 contre 580 000 en 2016, la Guadeloupe peut se réjouir d’afficher des résultats globalement positifs en matière de fréquentation touristique.
Willy Rosier : Depuis deux ans, en effet, la progression de notre fréquentation s’affiche exceptionnelle : +25% de fréquentation hôtelière en 2017 par rapport à 2016, c’est plus de 1,2 million de nuitées supplémentaires !
L’année 2018 s’annonce déjà sur des bases chiffrées prometteuses. C’est le résultat vertueux des efforts entrepris, des projets structurants en cours et de la dynamique impulsée par tous les acteurs, institutionnels et privés, de l’archipel, afin d’améliorer l’offre et de favoriser l’attractivité de notre territoire. Il s’agit clairement de favoriser la concrétisation de l’objectif affiché par le président de Région, Ary Chalus : un million de touristes attendus à l’horizon 2020 sur l’archipel, pour un milliard d’euros de chiffre d’affaires et un millier d’emplois pérennes.
L’effet négatif de la loupe média-tique sur l’impact écologique, sanitaire et donc touristique des sargasses mériterait d’être remis en perspective ?
S’agissant des sargasses, selon la Préfecture, leur prolifération actuelle sur notre littoral n’a, pour l’heure, pollué que 3% de nos plages, sur les quelque 300 que compte l’archipel. Ce qui devrait relativiser les effets pervers touristiques de cet authentique désastre écologique et sanitaire, qui émeut et préoccupe légitimement nos populations. Par contre, la tendance au catastrophisme médiatique de certains ne doit pas être encouragée, car elle génère des conséquences désastreuses sur notre fréquentation touristique. Selon le dernier Baromètre Orchestra/Gestour pour les Entreprises du Voyage, après cet éclairage médiatique négatif pour notre destination, en mai 2018 la tendance des réservations passagers enregistrait une baisse de -23% pour les Antilles françaises (contre -5% au plan national). C’est considérable et préoccupant, alors que nos destinations insulaires bénéficiaient, en début d’année, d’un engouement touristique confirmé et encouragé par un certain nombre d’acteurs de la filière. Cela au moment où, dans le concert des compagnies aériennes déjà présentes qui étoffent leurs dessertes de la Guadeloupe, d’autres compagnies aériennes souhaitent atterrir à leur tour sur le tarmac de l’aéroport Pôle Caraïbes. Pour les équipes du CTIG comme pour nos partenaires institutionnels et privés (Région Guadeloupe, Département, CCI-IG, Parc national, Communautés d’agglomérations, offices du tourisme divers…), l’avenir du tourisme local se conjugue au présent.