Économie sociale et solidaire en Guadeloupe : des associations locales au service du développement durable
L’économie sociale et solidaire (ESS) prend racine en Guadeloupe à travers des associations dynamiques. Revitalisation de Terre-de-Bas avec Koud Senn’, création d’une légumerie-conserverie à Marie-Galante ou préservation des réserves naturelles de La Désirade : ces initiatives locales illustrent l’importance de l’ESS pour l’environnement, la solidarité et la souveraineté alimentaire.
Économie sociale et solidaire en Guadeloupe : des associations locales au service du développement durable
L’économie sociale et solidaire (ESS) prend racine en Guadeloupe à travers des associations dynamiques. Revitalisation de Terre-de-Bas avec Koud Senn’, création d’une légumerie-conserverie à Marie-Galante ou préservation des réserves naturelles de La Désirade : ces initiatives locales illustrent l’importance de l’ESS pour l’environnement, la solidarité et la souveraineté alimentaire.
Koud Senn’, une association pour revitaliser Terre-de-Bas
C’est un petit peu avant la crise sanitaire que l’association est née, fruit d’un constat d’Henric Bordey : les Saintois désertent leur île, faute d’opportunités professionnelles. L’homme, très impliqué dans la vie locale, décide alors de créer Koud Senn’, qui tire son nom de ce moment si spécifique de la pêche antillaise lorsque tout le monde vient tirer le filet puis partager les poissons au petit matin. « Notre esprit, c’est de rassembler tout le monde », rappelle Malika Bordey, qui a repris les rênes de l’organisation (qui compte 70 membres) depuis novembre 2023, et relancé une foule d’activités. Nettoyage de plages et de mares, actions culturelles et sportives, prévention santé ou mise à l’honneur d’habitants engagés, l’association réussit son pari d’animation locale : « Début septembre, nous avons mené une opération d’embellissement du cimetière. On a nettoyé et repeint les tombes de nos aïeux », explique la présidente. « Les dons ont afflué de toutes parts : alimentaire, sacs-poubelle, boissons, peintures, pinceaux… », énumère-t-elle. Un peu plus tôt dans l’année, c’était une célébration des femmes entrepreneures de l’île. « On en a recensé 22 ! »
La présidente voit dans son engagement « une mission de vie ». Une farouche envie de ne pas laisser son île s’éteindre. « Quand l’association s’est créée, c’est une jeune pousse de bois d’Inde, l’or vert de Terre-de-Bas (qui en compte des forêts, ndlr), qui en est devenue le symbole : elle est toujours là, et grandit avec l’association. »
À Marie-Galante, un tiers-lieu nourricier pour la souveraineté alimentaire
L’idée est partie d’une réflexion familiale, collective, avant de devenir un véritable projet de territoire et une société coopérative d’intérêt collectif. « L’idée, résume Patrick Chelza, porteur du projet depuis plusieurs années, c’est de mutualiser. » La collecte des produits issus de l’agriculture d’abord. Alors, pour ce faire, il mobilise dans un appel à manifestation d’intérêt 300 petites fermes agroécologiques sur l’ensemble de Marie-Galante. « Des petites fermes, ce sont des superficies inférieures à un hectare, sur lesquelles on peut produire avec des méthodes écologiques qui, on le sait, permettent un bon rendement. » Chacune pourra apporter ses productions (patate douce, igname, fruit à pain…) à la Légumerie-Conserverie installée dans le nord de l’île. « C’est un espace où on va pouvoir recevoir les légumes, mais aussi les transformer grâce à un investissement dans un bâtiment et des machines qui permettront de préparer et de conserver les légumes. On a aussi fait un second appel à manifestation d’intérêt, ces dernières semaines, à une centaine d’artisans qui font de l’agrotransformation », ajoute Patrick Chelza. « On veut mettre en valeur notre patrimoine agricole, faire participer la population marie-galantaise, mais que ça soit elle, aussi, qui bénéficie de ces productions qui pourront aller dans les cantines, sur les étals du marché ou encore dans les restaurants locaux. »
La construction du bâtiment devrait démarrer dès ce mois de novembre. Le projet, très soutenu, pourrait bien être un laboratoire de la souveraineté alimentaire pour le reste de la Guadeloupe.
À La Désirade, Titè préserve les réserves naturelles
Créée en 2002, l’association Titè a vu le jour à la demande de la mairie de La Désirade. L’objectif, à l’époque, était d’impliquer la population locale dans la gestion du site, en partenariat avec l’Office national des forêts. Les équipes sont chargées de surveiller les sites, entretenir les sentiers, les équipements, faire les suivis des protocoles scientifiques, accueillir le public dont la fréquentation est limitée et, bien sûr, faire de la pédagogie sur les espèces présentes. Notamment les iguanes endémiques, par exemple, qui sont, en Guadeloupe, menacés par un de leurs cousins, l’iguane commun. La Désirade et Petite-Terre sont les deux derniers bastions de l’archipel où l’iguane « péyi » est encore sauf. La réserve de Petite-Terre accueille même, selon la documentation scientifique, entre 30 et 50 % de l’espèce au niveau mondial. Chaque année, des suivis de la faune et de la flore sont organisés sur l’atoll situé au sud-est de l’archipel : comptage, marquage, recensement des tortues, iguanes, poissons, plantes diverses, etc. Les scientifiques et bénévoles qui œuvrent à cela mesurent également la perméabilité des réserves aux espèces exotiques envahissantes, comme les rats, et proposent des solutions pour maîtriser leur impact. Sur la réserve de La Désirade, concernant les iguanes, un projet de restauration de l’habitat des iguanes, financé par le programme « Mission Nature » de la Française des jeux, devrait se mettre en place en 2026. L’objectif ? Replanter des arbres et arbustes pour favoriser le repeuplement de la Pointe des Colibris. Là-bas, la population d’iguanes est passée de 550 individus en 2012 à 150 en 2022…