ESS en Martinique : chiffres clés et associations engagées pour la culture, le social et l’inclusion
Avec 970 structures et plus de 11 000 salarié·es, l’économie sociale et solidaire (ESS) occupe une place centrale en Martinique. Cinéma itinérant, tourisme solidaire, accompagnement des femmes en grande précarité… Coup de projecteur sur trois associations qui illustrent la vitalité de ce secteur.
ESS en Martinique : chiffres clés et associations engagées pour la culture, le social et l’inclusion
Avec 970 structures et plus de 11 000 salarié·es, l’économie sociale et solidaire (ESS) occupe une place centrale en Martinique. Cinéma itinérant, tourisme solidaire, accompagnement des femmes en grande précarité… Coup de projecteur sur trois associations qui illustrent la vitalité de ce secteur.
Les chiffres de l'ESS en Martinique
- L’économie sociale et solidaire représente 8,1% des entreprises martiniquaises.
- 15,2% de l’emploi privé martiniquais.
- En Martinique, il existe :
970 entreprises de l’ESS dont 84,6% d’associations, 11,6% de coopératives, 3,2% de mutuelles, 0,5% de fondations. - Ces structures représentent à elles seules 11 983 salariés à hauteur de : 94% dans les associations, 4% dans les coopératives, 1% dans les mutuelles.
- 71% de femmes salariées dans l’ESS.
- 296M€ de masse salariale brute annuelle.
Ciné Woulé, le cinéma qui va à la rencontre des Martiniquais
Depuis plus de vingt ans, Ciné Woulé, porté par l’association Cadice (Centre d’actions et de développement d’initiatives culturelles et éducatives), parcourt la Martinique pour rendre le cinéma et l’éducation audiovisuelle accessible à tous.
Habilitée par le Centre national du cinéma et équipée en matériel numérique mobile, Ciné Woulé défend une culture inclusive en projetant des films en plein air dans les quartiers éloignés des multiplexes, de Fort-de-France à Trinité. Mêlant réflexion et rythme soutenu, les longs-métrages sont choisis pour un public familial. « Nous sommes soutenus par la direction des Affaires culturelles, la collectivité territoriale de Martinique, la CAF, ou encore les contrats de ville, mais les frais d’exploitation restent élevés », explique Chantal Sacarabany-Perro, la directrice. « Chaque année, nous cherchons de nouvelles subventions pour rémunérer nos huit salariés et nous développer. »
Au-delà des projections gratuites pour le grand public ou des séances scolaires à tarif solidaire, Ciné Woulé mène des actions éducatives via les dispositifs d’État « École et cinéma » ou « Lycéens et apprentis au cinéma », avec des ateliers autour de l’image et des métiers de l’audiovisuel. « Nous voulons permettre aux petits Martiniquais d’avoir les mêmes droits et chances que les autres, et pourquoi pas susciter des vocations ? » Le programme « Passeurs d’images », qui permet chaque été à des adolescents d’écrire, tourner et monter leurs propres courts-métrages, a d’ailleurs révélé de jeunes talents comme la scénariste Sarah Malléon ou la comédienne Steffy Glissant.
Texte : Adeline Louaut
Des vacances pour tous avec Génération CFASE
Depuis plus de trente ans, Jean-Jacques Christophe s’engage pour ouvrir des horizons aux enfants et familles de Martinique. Directeur de l’association Génération Cfase, il défend un tourisme solidaire, accessible à ceux qui n’auraient jamais pu en profiter. Ainsi, une mère seule avec ses deux enfants a récemment pu participer à une semaine de vacances en dehors du territoire. Pour ces enfants qui n’étaient jamais sortis de leur quartier, ce séjour a été une véritable découverte. « Ces familles vivent un vrai moment de respiration et d’ouverture », souligne Jean-Jacques Christophe. En effet, l’association accompagne les familles les plus fragiles grâce à des séjours collectifs en Martinique, en Guadeloupe ou encore à la Dominique.
Créée en 1992, l’association a aussi développé l’accueil collectif de mineurs avec des séjours aux États-Unis, en Europe ou dans la Caraïbe. Ainsi, les jeunes découvrent d’autres cultures, d’autres paysages et s’enrichissent au contact du monde. Chaque année, près de 1 000 enfants et familles bénéficient de ces initiatives. « Je ne suis pas un commerçant du tourisme », prévient le directeur, très humble. Pour lui, un voyage est plus qu’un loisir, c’est un outil de solidarité, de partage et d’inclusion.
Au-delà du tourisme solidaire, Génération Cfase est un acteur de l’action sociale. L’association organise des garderies périscolaires et des activités de loisirs pour les jeunes. Elle propose des formations professionnelles certifiées dans le domaine social et éducatif et enfin, elle développe des initiatives pour les aînés. Mais l’esprit reste toujours le même : soutenir les familles et favoriser l’inclusion.
Texte : Noémie Dutertre
D’Antilles et d’Ailleurs, un « cocon » pour venir en aide aux femmes en grande précarité
En Martinique, l’ONG D’Antilles et d’Ailleurs accompagne depuis 2016 des femmes en grande précarité et porte des projets d’insertion professionnelle, éducatifs et économiques. Depuis sa création, près de 400 femmes ont franchi les portes des « Trois lieux ». Un « cocon » qui regroupe l’ONG D’Antilles et d’Ailleurs et deux autres associations, le mouvement du Nid et Femmes latino-américaines en mouvement (FLAM).
C’est un espace qui est à la fois centre social, médical et de formation. « Notre public cible, ce sont des femmes en grande précarité, victimes de violences, d’exploitation sexuelle ou de prostitution, issues de la migration, mères seules, avec des difficultés d’apprentissage… », explique Lavinia Ruscigni, directrice de l’ONG (notre photo). Psychologues, assistantes sociales, médecins et formatrices se relaient pour ainsi redonner confiance et autonomie. « Nous venons de lancer un restaurant associatif, qui devient aussi un lieu d’apprentissage », souligne également la militante féministe.
Avec une équipe de onze salariés, D’Antilles et d’Ailleurs accompagne régulièrement 80 à 90 femmes. Ses projets s’appuient sur des partenariats institutionnels (Union européenne, ARS, Ademe, CAF, préfecture de Martinique, etc.) et des fondations privées. L’ONG souhaite désormais développer des antennes dans la Caraïbe. « Nous suivons simplement le parcours migratoire des femmes que nous accompagnons », explique Lavinia Ruscigni. Italienne d’origine, elle conclut : « J’ai eu le privilège de pouvoir choisir ma vie. Alors je rends, par passion et par conviction ! »
Texte : Noémie Dutertre