Esther Eloidin, docteure, que cherchez-vous ?

Esther Eloidin : “Quels sont les liens entre les chants et l’identité”, quel est l’intitulé de votre thèse ?

“Regard anthropo-musicologique sur l’évolution de la société martiniquaise à travers les chansons antillaises du XIXe au XXIe siècle.”

Où et quand l’avez-vous soutenue ?

Le 6 octobre 2023 à l’université des Antilles – Pôle Martinique.

Pouvez-vous résumer vos travaux en une phrase ?

Comment les chansons coquines antillaises aident à mieux comprendre les problèmes de nos sociétés.

Quelles sont les applications concrètes de votre étude, Esther Eloidin ?

1 – La reconnaissance de la fonction sociale du «chanteur» coquin, paillard, obscène et pornographique au sein de la société antillaise ;

2 – La valorisation du statut de musicien professionnel ainsi que la mise en lumière des grands orchestres comme Les Léopards de Saint-Pierre qui ont permis de faire rayonner le «kanman» martiniquais ;

3 – La nuance entre chansons coquines et chansons paillardes, ainsi que la gradation entre les chansons obscènes ou pornographiques, sans oublier les chansons grivoises ;

4 -Les chansons du répertoire coquin et paillard, notamment du XIXe siècle, mettent en évidence un pan de l’histoire martiniquaise longtemps occulté : le devenir des anciens esclavagisés. Trop souvent, l’image du « nègre fainéant » est dépeinte. D’où l’importance de mes travaux : rappeler qu’ils étaient prêts pour cette libération. Comment se sont-ils organisés ? Que sont-ils devenus ? Toutes ces réponses contribuent à replacer les héros historiques martiniquais à leur vraie place et à redonner au peuple fierté et volonté d’aller de l’avant ;

5 – L’évolution des chansons coquines et paillardes vers des formes plus vulgaires, voire obscènes, nous pousse à réfléchir sur notre identité. Au-delà des concepts de Négritude, de Créolité ou d’Antillanité, la question centrale de mes recherches est : qui sommes-nous et comment nous définir au XXIe siècle ?

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Quels sont vos projets après votre thèse ?

Je souhaite partager mes travaux à travers différents formats (colloques, conférences, articles, formations…) et développer des projets pour préserver le patrimoine artistique et culturel martiniquais, en collaboration avec les institutions. J’aimerais aussi faire connaître Chanté malélivé, une série d’entretiens filmés, réalisée avec le cinéaste martiniquais Christian Foret.

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