Femmes du maritime : elles font bouger le port de Martinique
La Journée internationale des femmes du secteur maritime, célébrée le 18 mai, est l’occasion de braquer les projecteurs sur celles qui ont su se faire une place au sein du Grand Port Maritime de la Martinique et, peut-être, susciter des vocations. Portraits.
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Femmes du maritime : elles font bouger le port de Martinique
La Journée internationale des femmes du secteur maritime, célébrée le 18 mai, est l’occasion de braquer les projecteurs sur celles qui ont su se faire une place au sein du Grand Port Maritime de la Martinique et, peut-être, susciter des vocations. Portraits.
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Le port, c’est « une ville dans la ville », constate Kelli Mamadou, cheffe du service développement durable et innovation au sein du Grand Port maritime de la Martinique. En activité 7 jours/7, de nombreux professionnels s’y croisent, des spécialistes dans leur domaine, un univers historiquement masculin, où les femmes se font peu à peu une place, obtenant le respect de leurs collègues grâce à leurs compétences, leur expérience et leur engagement.
Dimanche 18 mai sera la Journée internationale des femmes du secteur maritime, un événement porté par l’OMI (Organisation maritime internationale), afin de « promouvoir le recrutement des femmes », « leur donner davantage de visibilité » et « renforcer l’engagement de l’OMI en faveur de l’Objectif de développement durable n°5 », portant sur l’égalité des sexes.
Le thème retenu cette année est « Un océan de possibilités pour les femmes ». Au Grand Port maritime de la Martinique, elles sont pilote, portiqueure, cheffe du service passagers, ou encore cheffe du service financier et agence comptable… Toutes reconnues pour leur professionnalisme, et susceptibles d’inspirer nombre de jeunes filles, qu’elles soient au collège ou au lycée, tentées par les métiers du secteur maritime.
Karine Dufeal : Portiqueure
Elle est la seule femme portiqueure aux Antilles-Guyane, un métier qu’elle exerce depuis dix ans et qui implique la conduite et la maintenance des portiques à conteneurs, utilisés pour charger et décharger les bateaux.
Titulaire d’un BTS en maintenance industrielle, elle a d’abord travaillé dans l’industrie agroalimentaire, dont une sucrerie – « J’étais déjà la seule femme là-bas », se souvient-elle – avant de répondre à un appel à candidatures du Grand Port maritime de la Martinique.
Pendant sept ans, elle officie comme technicienne de maintenance. Et quand l’opportunité se présente, en 2015, elle saisit l’occasion de prendre les commandes de ces immenses portiques, sous le regard d’abord dubitatif de ses collègues masculins… Mais Karine, elle, n’a aucun doute, et fait ses preuves, même si le métier est difficile en raison d’un planning « qui change souvent selon les aléas maritimes », des horaires de nuit parfois, dimanches et jours fériés inclus, et des contraintes physiques.
« Les interventions sur portique ne dépassent pas deux heures et demie d’affilée, à cause des vibrations qu’on subit », explique Karine Dufeal, qui a toujours conseillé à ses deux filles de suivre leurs envies, sans se mettre de barrières : « une femme peut exercer tous les métiers ».
Sandrine Lechallier : Cheffe du service financier et agence comptable
« J’aime les chiffres », déclare Sandrine Lechallier. Arrivée en 2006 au Grand Port Maritime de la Martinique en tant que cheffe du service comptable, elle accompagne en 2013 la transformation institutionnelle de l’établissement, en endossant la double responsabilité des finances et de l’agence comptable.
Son rôle dépasse la tenue des comptes. Avec son équipe, elle assure l’élaboration des budgets et des comptes annuels dans le respect des règles de la comptabilité publique, le paiement des fournisseurs dans les délais impartis, le suivi de la trésorerie, la facturation dans une optique de satisfaction client, et surtout, la sincérité des comptes publics. Elle suit également la gestion financière de projets structurants comme l’acquisition des nouveaux portiques dans le cadre du projet Hub Antilles.
Auprès de la direction, elle joue aussi un rôle de conseil. « Je fais une veille réglementaire constante pour anticiper les évolutions et accompagner les services dans l’application des normes comptables en vigueur », précise-t-elle.
Dans cet univers masculin, Sandrine Lechallier incarne une figure de rigueur et de professionnalisme. « Pour s’imposer en tant que femme », confie-t-elle, « il faut maîtriser son domaine, faire preuve de rigueur, oser être ferme quand il le faut, et surtout bien communiquer ».
Véronique Seremes : Pilote maritime
C’est auprès de son grand-père, marin-pêcheur en Guadeloupe, que Véronique Seremes se prend de passion pour la mer. Le bac en poche, elle rêve de bateaux et de voyages, mais commence par les classes prépa scientifiques pour « rassurer ses parents ». À l’époque, ils n’imaginent pas que leur fille deviendra l’une des trois seules femmes pilotes maritimes en France, fonction qu’elle exerce depuis 11 ans au Grand Port Maritime de la Martinique.
« Les pilotes maritimes sont des officiers de la marine marchande, spécialistes du port, qui manœuvrent tous les navires de commerce de plus de 50 mètres, à l’entrée et à la sortie du port », explique Véronique Seremes. Pour passer le concours, il faut au moins dix années d’expérience de navigation. Véronique, elle, diplômée de l’École nationale de la Marine marchande, a navigué pendant 15 ans, en tant qu’officier, sur différents navires, avant d’obtenir ce poste.
Lorsque certains capitaines voient une femme surgir au sommet de l’échelle de corde pour monter à bord et prendre les commandes de leur pétrolier, porte-conteneurs ou paquebot, ils sont surpris. « Certains se mettent en retrait et observent », note Véronique Seremes. « Et quand la manœuvre est terminée, on voit leur regard changer. Ils se détendent et commencent à discuter… »
Kelli Mamadou : Cheffe du service développement durable et innovation
Diplômée de Centrale Marseille, Kelli Mamadou a poursuivi ses études en préparant une thèse de doctorat à l’université de Grenoble, en partenariat avec l’Institut national de l’énergie solaire (INES), émanation du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives). Cheffe du service développement durable et innovation du Grand Port Maritime de la Martinique depuis 2021, elle pilote notamment le projet SMARTGRID, conçu dans le cadre de la stratégie « Port Vert », qui devrait être opérationnel à la fin de l’année et qui consiste à développer un système électrique intelligent, en s’appuyant sur le photovoltaïque et sur un système de stockage d’énergie.
« Nous aurons la capacité de réaliser des prévisions de consommation du port, des prévisions de production d’électricité et de piloter en temps réel le système de stockage pour faire en sorte que la totalité de la production photovoltaïque soit consommée », explique Kelli Mamadou. Objectif : fournir 50 % des besoins en électricité du terminal Pointe des Grives et diviser par deux les émissions de carbone.
Pour cette dernière, ce projet est « une formidable opportunité de démontrer l’intégration possible des énergies renouvelables à grande échelle dans un environnement « industriel », tel que le port ».
Catherine Signori : Cheffe du service passagers
Lors de la dernière saison, 450 000 touristes sont passés par le Terminal de croisière du Grand Port Maritime de la Martinique, auxquels il faut ajouter les 180 000 voyageurs inter-îles qui ont transité l’an dernier par la gare maritime. Et c’est le service passagers, que dirige Catherine Signori, qui est chargé de veiller à ce que tout se passe au mieux, avec rigueur, et aussi une bonne capacité d’adaptation pour répondre aux besoins variés des navires et des clients.
Ingénieure dans l’industrie, Catherine Signori travaille depuis vingt ans au Grand Port Maritime de la Martinique, d’abord en tant que responsable qualité, hygiène, sécurité et environnement (HQSE), puis cheffe du service passagers depuis 2013.
À ce poste, elle apprécie de pouvoir exercer son métier d’ingénieure en veillant au respect des procédures et réglementations, tout en ayant « la possibilité d’avoir un contact avec les passagers et membres d’équipages au quotidien » : « Cet aspect humain est très enrichissant, d’autant que nous avons des compagnies américaines et européennes qui font escale, et chaque saison, chaque journée est différente ».
Et dans cet univers très masculin, Catherine Signori apprécie la relation de confiance et de respect qui s’est tissée, au fil des années, avec ses collègues.
Grand port maritime de la Martinique
www.martinique.port.fr
0596 59 00 00