Rencontre avec 6 docteures et ingénieures de l’IUT de la Guadeloupe
Enseignement supérieur. Avec 81 % de réussite en 1ère année et 98 % d’obtention de diplômes à la fin d’un cursus, l’Institut Universitaire de Technologie de la Guadeloupe (IUT) se place depuis 2019, parmi les formations d’excellence dans le domaine des techniques et de l’ingénierie. Derrière ces chiffres, une équipe. Et parmi elle, six femmes qui travaillent sans relâche pour faire de l’établissement, une référence en matière d’encadrement pédagogique et d’innovation durable sur les territoires. – Texte Coralie Custos Quatreville
Elles sont six. Six femmes. Six et si facilement reconnaissables. Dans les couloirs de l’IUT, impossible de passer à côté de l’une d’entre elles sans apprendre une bonne nouvelle, allant d’un projet technique rondement mené à l’annonce de nouveaux lauréats dans la catégorie « innovation durable ». Ici, la réussite n’est pas un vain mot. Ici, l’enthousiasme se transmet d’un à l’autre. Et pour cause : l’expression « pédagogie adaptée » est sur toutes les bouches, inscrite dans toutes les têtes et placardée joyeusement en grand et en haut de chaque tableau.
Le temps d’un déjeuner, nous sommes partis à la rencontre de Guylène Aurore, Professeure des universités en Sciences des aliments, la charismatique et bienveillante directrice de l’Institut Universitaire de Technologie de Guadeloupe, en poste de direction depuis 2018. Autour d’elle ce jour-là, d’autres pointures académiques, ses drôles de dames, sa « team ladies » comme elle aime à les appeler. Des expertes dans leur domaine, prêtes à tout donner pour accompagner la réussite de leurs étudiants.
Tour de table avec la docteure en sciences des aliments et cheffe du département génie biologique, Genica Lawrence. Juste à côté d’elle, Alberte Cabarrus, docteure en sciences de l’éducation, cheffe de département carrières sociales. À sa droite, Johanna Pierre-Justin Virapatirin, docteure en sciences de gestion et cheffe de département GEA. Sur la chaise à côté, Laura Labrador, ingénieure en informatique et systèmes d’information, cheffe de département MMI et enfin, Audrey Vingadassalon, docteure en biochimie et directrice des études au département Génie Biologique. Toutes, le disent d’entrée : « nous adorons notre métier ».
Des parcours multiformes, des passions partagées
Elles sont toutes d’ici. Elles ont toutes grandi avec pour paysages les reliefs et les horizons de nos contrées insulaires. Chacune d’entre elles, à des époques différentes, ont connu les bancs de la faculté, les heures à bûcher sur leurs cahiers et les rebondissements des premières expériences professionnelles.
« J’ai eu la chance de travailler en entreprise durant 10 ans avant d’intégrer l’Université des Antilles. Cette expérience a été très enrichissante et m’a permis de faire un lien concret entre le monde socioprofessionnel et l’Université » commence Guylène Aurore. Sa passion pour la recherche, l’actuelle directrice, la découvre grâce au Professeur Bourgeois, son directeur de thèse. « Il m’a tout enseigné. Toute la méthodologie vient de lui. Et grâce à ses conseils, j’ai pu être la première étudiante de Guadeloupe à effectuer une thèse appliquée à l’Université des Antilles. »
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Pour Genica Lawrence, l’histoire est différente mais la passion est partagée. « C’est au fil de mon cursus que j’ai pu découvrir le domaine des sciences des aliments, la physico-chimie des aliments, l’analyse sensorielle ou encore les technologies de transformation alimentaire. À force d’étudier tous ces sujets, j’en ai fait mon leitmotiv et c’est au cours de mon premier stage à l’INRAe de la Guadeloupe que j’ai pu découvrir le métier de chercheur que je connaissais peu. J’ai saisi les opportunités qui s’offraient à moi et ce sont elles qui m’ont orientées vers ce beau métier. Ce n’est que bien plus tard que je suis devenue maître de conférences », témoigne-t-elle.
Pour d’autres, le chemin est plus ardu. « Pour parvenir à rentrer, j’ai dû faire preuve de patience et d’abnégation. Malgré un poste de titulaire en biochimie dans une école privée de médecine à Paris, j’ai préféré tout quitter pour un poste de contractuelle à l’IUT. Pendant 10 mois, il a fallu que je fasse mes preuves. Aujourd’hui, je suis fière de participer au développement du département Génie Biologique de l’IUT de Guadeloupe », explique Audrey Vingadassalon Caroupanapoule, aujourd’hui titularisée.
« Nous avons très à cœur de permettre à la jeunesse guadeloupéenne de trouver une voie et d’atteindre leur but par le travail. »
Laura Labrador
De l’envie d’agir à l’enthousiasme de transmettre
« En termes d’encadrement pédagogique, chacune d’entre nous participe au rayonnement de son département et donc de l’Université. Nous coordonnons les affaires pédagogiques, administratives et financières. En plus du suivi des élèves, nous nous assurons de la notoriété de notre formation auprès des professionnels pour faciliter l’insertion de nos jeunes », explique avec gaieté Laura Labrador, en charge du département MMI.
« Nous avons en effet très à cœur de permettre à la jeunesse guadeloupéenne de trouver une voie et d’atteindre leur but par le travail. En tant qu’enseignante, je fais en sorte d’être autant que possible, le professeur que j’aurais voulu avoir. J’accompagne des jeunes qui se penchent sur les problématiques du territoire guadeloupéen pour leur donner des clefs de lecture et pour mieux s’orienter », explique Alberte Cabarrus.
« Nous faisons quelquefois face à des parcours difficiles et notre rôle est de rappeler à chaque étudiant qu’il peut y arriver. Vous savez, je viens moi-même d’un milieu modeste. »
Alberte Cabarrus
« Nous faisons quelquefois face à des parcours difficiles et notre rôle est de rappeler à chaque étudiant qu’il peut y arriver. Vous savez, je viens moi-même d’un milieu modeste. L’école a été une passerelle pour accéder au savoir. Et si je vous dis que je me souviens encore de l’enseignante qui a cru en moi, c’est parce que cette femme, Madame Coco, a changé ma vie. C’est à elle que je veux rendre hommage », renchérit-elle, émue.
Au tour de Johanna Pierre-Justin Virapatirin d’ajouter : « Nous nous réveillons chaque matin pour donner aux jeunes l’envie d’apprendre, l’envie d’inventer, l’envie de se questionner. Enseigner était ma vocation, je le sais depuis le début. C’est aussi celle de mes collègues, ici présentes, et je peux vous dire que nous ne comptons pas nos heures, que nous nous entraidons car notre seul objectif est de faire de chaque jeune la meilleure version de lui-même ».
« Nous nous réveillons chaque matin pour donner aux jeunes l’envie d’apprendre, l’envie d’inventer, l’envie de se questionner. Notre seul objectif est de faire de chaque jeune la meilleure version de lui-même. »
Johanna Pierre-Justin Virapatirin
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