Journée nationale des aidants, un soutien indispensable !

La journée nationale des aidants, le 6 octobre, a rappelé au grand public la situation de 20 000 Martiniquais mobilisés pour prendre soin de leurs proches au quotidien, souvent au détriment de leur santé, de leur équilibre mais aussi de leur vie professionnelle.

Axel Jean-Joseph, jeune aidant familial de l’Association de Éden à St Joseph et Jenny Stephanie-Victoire, présidente de l’Association de Éden à St Joseph © Jean-Albert Coopmann
Axel Jean-Joseph, jeune aidant familial de l’Association de Éden à St Joseph et Jenny Stephanie-Victoire, présidente de l’Association de Éden à St Joseph © Jean-Albert Coopmann

Journée nationale des aidants, un soutien indispensable !

La journée nationale des aidants, le 6 octobre, a rappelé au grand public la situation de 20 000 Martiniquais mobilisés pour prendre soin de leurs proches au quotidien, souvent au détriment de leur santé, de leur équilibre mais aussi de leur vie professionnelle.

Anne de Tarragon
Jenny Stephanie-Victoire, présidente de l’Association de Éden à St Joseph © Jean-Albert Coopmann

Jenny Stéphanie-Victoire, présidente de l’AMAF, l’association martiniquaise des aidants familiaux

« Il est indispensable de parler pour être aidé, et pour aider les autres à nous aider. Nombre d’aidants se taisent par peur de perdre leur emploi et vivent dans une tension permanente. La seule solution est pourtant le dialogue, avec la direction mais aussi les collègues qui peuvent apporter leur soutien.

Les aidants dans la vie active sont souvent obligés de passer à mi-temps, voire d’abandonner leur poste. La plupart des aidants ne se considèrent pas comme tel. S’inscrire dans une association permet d’être reconnu comme aidant, d’être accompagné.

L’AMAF propose des groupes de parole, des aides psychologiques, des “moments de répit”. Reconnaître qu’on est aidant, oser demander de l’aide et accepter de déléguer, voilà des clés. Mais l’aidant familial doit aussi éprouver de l’amour et de la bienveillance, et déjà pour lui-même. C’est ce qui va lui permettre de franchir le pas et de parler. »

L’Agence Régionale de Santé de Martinique prend à bras-le-corps ce sujet prioritaire en lançant à compter de mars 2026 « les trophées des salariés aidants », afin de valoriser et récompenser les entreprises et administrations qui agissent en interne pour soutenir leurs salariés en situation d’aidance. En France, 35 % des salariés sont aidants, qu’ils soient du secteur public ou privé et 31 % des aidants en Martinique reconnaissent que leur rôle d’aidant à un impact sur leur vie professionnelle.

La stratégie régionale en faveur des aidants 2023-2027, élaborée par l’ARS et ses partenaires, vise à améliorer les conditions de vie des aidants en Martinique et singulièrement des aidants en situation professionnelle. « Souvent invisibles les salariés aidants ne sont pas reconnus comme tels, ni par leur structure, ni parfoispar eux-mêmes, souligne Élodie Corlue, responsable du département Grand âge à l’ARS. Les services de ressources humaines au sein des entreprises et des institutions restent encore peu sensibilisés à cette réalité. Face à ce contexte, l’ARS Martinique a engagé une démarche interne visant à identifier et repérer les situations d’aidance, dans le but d’accompagner les salariés concernés et d’orienter vers les dispositifs adaptés ».

Les Trophées de l’Engagement

En octobre 2024, l’ARS Martinique a réuni des experts, des acteurs socio-économiques et des représentants des collectivités et entreprises locales autour d’un colloque dédié aux salariés aidants. 

L’objectif : identifier des solutions concrètes pour permettre à ces femmes et hommes de concilier leurs responsabilités d’aidant avec leur vie professionnelle.

« À la suite  de cette rencontre, poursuit Élodie Corlue, l’ARS a souhaité aller plus loin en créant les « Trophées de l’Engagement des entreprises et administrations ». Cette reconnaissance vise à récompenser et valoriser les initiatives concrètes mises en place pour accompagner les salariés aidants (aménagement du temps de travail, dispositifs de soutien, sensibilisation interne, par exemple…). Seront prochainement ouverts : un appel à manifestation d’intérêt pour identifier les partenaires souhaitant s’associer à cette démarche, et un appel à candidatures pour les entreprises et institutions désireuses de valoriser leurs initiatives en faveur des salariés aidants. Le lancement officiel est prévu pour mars 2026, avec l’ambition de faire émerger une dynamique territoriale forte autour de cette cause sociale essentielle. »

Axel Jean-Joseph, jeune aidant familial de l’Association de Éden à St Joseph © Jean-Albert Coopmann

Axel Jean-Joseph, salarié aidant

« L’état de ma mère, diagnostiquée “Alzheimer” depuis 4 ans, nécessite une présence permanente. J’ai dû quitter mon travail d’assistant d’éducation en lycée, afin de trouver des solutions pratiques pour l’accompagner. Aujourd’hui j’ai repris un poste à mi-temps dans un collège. Exposer la situation à mes responsables n’était pas un choix, mais une nécessité.

Nous avons trouvé une entente pour que je puisse soutenir ma mère. Il m’est indispensable de conserver une activité professionnelle, même réduite, pour des raisons financières, mais aussi pour avoir une bouffée d’air. Mais être aidant épuise et nuit à la santé, c’est une sollicitation permanente, un vrai métier H24. Je me suis rapproché d’associations pour avoir des “moments de répit”, et participer à des groupes de parole.

Être aidant a renforcé ma capacité d’écoute et m’a aussi permis de prendre conscience qu’il y a beaucoup de silences et de non-dits dans les foyers, qu’il faut pouvoir chercher et écouter. »​​