Kwala Faya éclaire les villages isolés en Guyane
Lauréate de la fondation La France s’engage en 2023, la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Kwala Faya incarne une approche locale, solidaire et durable du désenclavement de la Guyane.
Installation et nettoyage des panneaux solaires sur le toit d'un carbet au village de Kayodé, situé au sud-ouest de la Guyane sur les rives de la rivière Tampoc. ©Kwala Faya
Kwala Faya éclaire les villages isolés en Guyane
Lauréate de la fondation La France s’engage en 2023, la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Kwala Faya incarne une approche locale, solidaire et durable du désenclavement de la Guyane.
Créée en 2011, Kwala Faya (en langue amérindienne « l’énergie du soleil ») favorise l’accès à l’électricité dans les zones isolées via des installations photovoltaïques posées et entretenues par les habitants. Plus de 500 personnes en bénéficient déjà. D’origine européenne, l’équipement de base permet le branchement d’une source lumineuse, d’un réfrigérateur, d’un ordinateur portable et d’une télévision. La coopérative agit aussi sur la mise en conformité électrique, la médiation autour des usages de l’énergie et la gestion des déchets. « Notre démarche vise à améliorer les conditions de vie des communautés en les rendant autonomes, tout en créant de l’activité économique dans le respect de l’environnement et des cultures traditionnelles », explique Anne-Sophie Galice, co-gérante de Kwala Faya avec Laurent Pipet et Thierry Jean-Baptiste.
Quatre ateliers d’insertion
Pour former les habitants à l’installation et à la maintenance des équipements, Kwala Faya travaille en partenariat avec l’organisme Faya Peken. Seize salariés apprennent le métier sur quatre ateliers-chantiers d’insertion situés à Camopi, Trois-Sauts, Baboon Olo et Mofina. Les parcours comprennent une remise à niveau en mathématiques, français et numérique pour obtenir la certification CléA. Les stagiaires apprennent à installer un kit solaire, passent les habilitations « électricité » et « travail en hauteur ». Ils sont également initiés à la réparation d’électroménager ainsi qu’à la gestion des déchets. Ces derniers sont triés sur place, réutilisés ou évacués vers des éco-organismes sur le littoral. Enfin, chaque site dispose d’un KF Store, où l’on trouve de l’électroménager neuf ou reconditionné, de la petite quincaillerie et un atelier de réparation. « Nous avons le projet de récupérer les appareils en panne non pris en charge par les grandes surfaces, faute de SAV, pour les remettre en état et les revendre à bas prix », indique l’équipe.
Un réseau solidaire en plein essor
La difficulté d’accès aux communes de l’intérieur impose une logique de coopération. « Nous collaborons étroitement avec d’autres structures d’insertion, on partage nos pirogues, on s’entraide. » Ce fonctionnement collectif, ancré dans le terrain, reflète les valeurs de Kwala Faya : coopération, mutualisation, mais aussi volonté de transmettre. En apportant l’énergie solaire, l’entreprise valorise des compétences, suscite des vocations et donne aux jeunes les moyens de construire leur avenir. « Notre ambition, c’est qu’ils soient maîtres de leur destin », insiste Anne-Sophie Galice.
Active sur le fleuve Oyapock et dans le Haut-Maroni, Kwala Faya, forte de l’accompagnement financier et technique de La France s’engage, prévoit d’étendre sa couverture vers le littoral, où subsistent de nombreux sites non raccordés. Pour mener à bien ces futurs chantiers, comme à Saül où, suite à un appel d’offres d’EDF, elle a installé 47 kits en 2024, Kwala Faya mobilisera d’anciens salariés formés dans ses ateliers d’insertion.