La Kaz Lab de Manifact : de la fracture numérique au lien social

L’association Manifact, qui porte La Kaz Lab, le premier FabLab de Guyane, œuvre autour de la médiation numérique. Elle est un tremplin pour de nombreux jeunes.

Anne-Laure Ginet, chargée de production à Manifact, association installée dans la Case n°5 du Camp de la Transportation. ©Lilian Eloi
Anne-Laure Ginet, chargée de production à Manifact, association installée dans la Case n°5 du Camp de la Transportation. Anne-Laure Ginet, chargée de production à Manifact, association installée dans la Case n°5 du Camp de la Transportation. ©Lilian Eloi

La Kaz Lab de Manifact : de la fracture numérique au lien social

L’association Manifact, qui porte La Kaz Lab, le premier FabLab de Guyane, œuvre autour de la médiation numérique. Elle est un tremplin pour de nombreux jeunes.

Amandine Ascensio

C’est un espace où l’on passe du bon temps, mais ce n’est pas la maison. C’est un lieu où l’on “bosse” mais ce n’est pas un lieu de travail. C’est un FabLab (pour fabrication laboratory, en anglais), le premier de Guyane. « Ici, on a des outils divers, des machines à commandes numériques, comme des imprimantes 3D, des découpeuses laser, une brodeuse numérique, etc. », raconte Anne-Laure Ginet, chargée de production à Manifact, l’association initiatrice du tiers-lieu, qui a fêté ses 10 ans en 2025.

Dans le local, situé au Camp de la Transportation à Saint-Laurent-du-Maroni et réparti sur plusieurs pièces, s’étalent des projets divers comme ce « piano des légumes », qui permet de faire de la musique. Outil musical et pédagogique — utile pour reconnaître les légumes guyanais —, il est surtout un instrument d’apprentissage de la programmation numérique : une carte électronique reliée à des capteurs eux-mêmes rattachés aux fruits permet à un ordinateur de jouer une mélodie. Un gadget, mais très utile pour se familiariser avec le numérique. Car, à Saint-Laurent-du-Maroni, tout comme ailleurs en Guyane, la fracture numérique est réelle. En 2019, selon l’Insee, seuls 23 % des habitants (des communes accessibles par route, ce qui exclut un certain nombre de personnes) avaient des compétences « avancées » en matière de numérique et plus de 50 % affichaient des compétences faibles ou inexistantes.

Apprendre la base

« On s’est vite rendu compte qu’on devait s’orienter vers la médiation numérique », raconte Anne-Laure. Le tiers-lieu a donc lancé des programmes d’accompagnement sur des « basiques » de l’utilisation de l’ordinateur : écrire un CV, une lettre de motivation ou accompagner des démarches administratives de plus en plus dématérialisées. « On a développé un accompagnement sur Parcoursup, très utilisé par les jeunes, parfois dépassés par la complexité du processus. »

L’association va plus loin : elle développe, avec six salariés, des animations en école, auprès d’autres associations, voire en Ehpad. « Un de nos gros succès auprès des enfants est le flocage de tee-shirt, à la manière des maillots de foot. » Parfois, l’association embarque avec elle toutes ses machines et se déplace dans le territoire, jusqu’à Maripasoula, au cœur de l’Ouest guyanais.

En Guyane, la fracture numérique est réelle. Grâce à La Kaz Lab, les jeunes peuvent se faire accompagner dans leur démarche.
En Guyane, la fracture numérique est réelle. Grâce à La Kaz Lab, les jeunes peuvent se faire accompagner dans leur démarche. ©Lilian Eloi

Transmission, inclusion et coopération

Et les projets ne s’arrêtent pas là : Manifact entend aussi se faire certifier Qualiopi, un agrément utile pour les formations que l’association dispense et qui sont toujours très demandées. « Nous en sommes à la 9e saison de notre programme du Tremplin Numérique. On propose des formations comme la réalisation de court-métrage, de l’initiation à l’infographie, de l’impression 3D ou encore du mapping vidéo. » De quoi faire monter, ludiquement, en compétences la jeunesse guyanaise qui ne demande que ça.