LES INDUSTRIES LOCALES AU CŒUR DES TRANSITIONS

À l’occasion de la Semaine de l’industrie, Franck Desalme, président de l’association des moyennes et petites industries de la Guadeloupe, MPI Guadeloupe, souligne la vitalité d’un secteur souvent méconnu, mais essentiel à l’économie locale. Il appelle à une mobilisation collective pour renforcer la fierté et l’autonomie productive.

Franck Desalme, président des MPI de guadeloupe Lou Denim
Franck Desalme, président des MPI de guadeloupe Lou Denim

LES INDUSTRIES LOCALES AU CŒUR DES TRANSITIONS

À l’occasion de la Semaine de l’industrie, Franck Desalme, président de l’association des moyennes et petites industries de la Guadeloupe, MPI Guadeloupe, souligne la vitalité d’un secteur souvent méconnu, mais essentiel à l’économie locale. Il appelle à une mobilisation collective pour renforcer la fierté et l’autonomie productive.

Sarah Balay 

Pour la Semaine de l’industrie, quelles initiatives ou projets souhaitez-vous mettre en avant pour valoriser le dynamisme et l’innovation dans les MPI locales ?

Franck Desalme, président de l’association des moyennes et petites industries (MPI) de la Guadeloupe. Nous sommes pleinement conscients d’un fait : l’industrie est un facteur de fierté nationale dans tous les pays du globe. Nous pensons que le langage des MPI de Guadeloupe s’est toujours inscrit dans cette ligne en référence à notre savoir-faire, à nos capacités et à nos produits Péyi. Posons-nous cette question : quel Guadeloupéen n’a pas ressenti une forme de fierté en apercevant une bouteille de rhum de Guadeloupe dans un hôtel de la Caraïbe ou dans un supermarché en Europe ? Cette année, nous mettrons particulièrement en avant que l’industrie locale ne se contente pas de créer des emplois grâce à la diversité des métiers qu’elle propose, mais qu’elle le fait également dans le respect de notre environnement. Nous savons que les décideurs et le grand public ne mesurent pas forcément le volume des investissements qui sont réalisés par nos entreprises guadeloupéennes dans ce domaine.

Quelles sont les principales difficultés que rencontrent aujourd’hui les MPI guadeloupéennes, notamment en matière d’innovation, de production et d’accès aux marchés ?

Sur ce point, j’aurais tendance à parler de « défis » plutôt que de « difficultés ». Bien évidemment, l’industrie guadeloupéenne doit être capable de relever le défi de l’intelligence artificielle (IA), que ce soit en matière de production, de logistique ou de maintenance. On parle aujourd’hui d’industrie 4.0 et 5.0. Nous devons apprendre à anticiper ces mutations à venir et organiser la mise à niveau des compétences. Il y a d’ailleurs plusieurs démarches de structuration de l’environnement des activités industrielles en Guadeloupe (label Territoire d’industries, EDEC Industries du futur) qui mobilisent un grand nombre d’acteurs, et notre association s’applique systématiquement à y prendre une part active. Vous évoquez enfin l’accès aux marchés. Le premier enjeu est de conserver nos positions en Guadeloupe, avant de saisir les opportunités offertes par le grand marché antillo-guyanais, d’étendre ensuite notre présence dans la Caraïbe, et enfin de positionner des produits à forte valeur ajoutée sur les marchés internationaux. Nous savons être présents sur tous ces terrains, malgré les contraintes liées à la concurrence, aux normes ou aux moyens de transport.

« Quel Guadeloupéen n’a pas ressenti une forme de fierté en apercevant une bouteille de rhum de Guadeloupe dans un hôtel de la Caraïbe ou dans un supermarché en Europe ? »

Franck Desalme, Président des MPI de Guadeloupe

Comment l’association des MPI accompagne-t-elle ses membres pour relever ces défis et soutenir leur croissance ?

Notre culture associative est basée sur trois piliers : la veille, le partage d’informations et d’expériences, et enfin l’agilité. Lorsque nous évoquons le dynamisme de l’industrie guadeloupéenne, il est essentiel de rappeler qu’il s’agit d’un tissu d’entreprises très hétérogènes : elles n’interviennent pas dans les mêmes secteurs, ne font pas face aux mêmes contraintes, aux mêmes conditions de concurrence et ne disposent pas des mêmes niveaux de structuration ou de capacités financières. En revanche, nous connaissons nos problématiques communes ou collectives, nous travaillons avec les mêmes interlocuteurs publics, nous subissons globalement les mêmes handicaps dits structurels (étroitesse de notre marché, éloignement vis-à-vis des circuits d’approvisionnement). C’est à ce niveau que notre démarche associative puise son bien-fondé et trouve tout son sens.

Selon vous, quelles sont les grandes tendances ou opportunités à venir pour les moyennes et petites industries en Guadeloupe, et comment les MPI se préparent-elles à y répondre ?

Tout ce qui contribue à réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur constitue une opportunité pour les industries guadeloupéennes. Le développement de la souveraineté alimentaire, devenu aujourd’hui un sujet tendance, figure parmi les priorités que la MPI porte depuis sa création. Il en va de même lorsqu’il s’agit d’accroître la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. L’enjeu, pour nous, est d’être collectivement au rendez-vous de ces grandes transformations.

*Du 17 au 23 novembre 2025