Let’s chat caribbean girl !

Petite, elle rêvait de devenir chirurgienne. La journaliste martiniquaise Laetitia Limmois, reconnue par ses pairs comme précurseur du traitement de l’information sur les plateformes numériques est aujourd’hui l’un des visages incontournables du quotidien Le Monde.

Laetitia Limmois, journaliste © Aubane Nesty
Laetitia Limmois, journaliste, debout face à son reflet devant une vitrine dans les rues de Paris, appareil photo à la main et regard tourné vers la photographe Aubane Nesty Laetitia Limmois, journaliste © Aubane Nesty

Let’s chat caribbean girl !

Petite, elle rêvait de devenir chirurgienne. La journaliste martiniquaise Laetitia Limmois, reconnue par ses pairs comme précurseur du traitement de l’information sur les plateformes numériques est aujourd’hui l’un des visages incontournables du quotidien Le Monde.

Alix Delmas

Un charisme, un style, un ton juste, c’est le combo réussi de Laetitia Limmois pour rendre l’information accessible à tous : « C’est en tout cas ce que je défends, car nous n’avons pas tous les mêmes clés de compréhension. Beaucoup cherchent à s’informer, or un jeune de 14 ans ne va pas forcément écouter France Inter qui s’adresse à un public déjà averti », nous explique-t-elle.

Avec des mots simples, des illustrations et formats qui parlent au plus grand nombre, les vidéos de la jeune journaliste martiniquaise vont droit au but, instructives, inscrites dans l’ADN du Monde, quotidien national de référence, pour lequel elle travaille depuis maintenant 3 ans.

Trajectoire d’une battante

Elle quitte son île à 18 ans, direction Paris sans réseaux ni codes pour percer dans le métier. « Je me suis sentie totalement désarmée à la sortie de l’école de journalisme », nous confie-t-elle. La recherche de ses premières piges ? Une succession de portes fermées à double tour.

Laetitia Limmois s’envole alors 4 mois pour la Cité des Anges, en 2014, où elle est accueillie par David Diomandé et sa famille. Elle effectue un stage pour une agence de presse au cœur de l’actualité politique de la première puissance mondiale, les élections de mi-mandat de la présidence Obama. Elle sait qu’elle est faite pour ça.

À son retour, les jobs alimentaires s’accumulent. Vendeuse chez Zara, elle travaille aussi dans une boîte de nuit tout en enchaînant les stages faute de décrocher un premier emploi.

Une première clé

Auditrice du podcast « Le Tchip » sur Arte Radio consacré aux cultures noires, elle contacte François Oulac, l’un des co-animateurs. Le courant passe. Elle lui fait part de ses ambitions de réaliser des vidéos, de s’affranchir du medium TV pour investir les pure players. Ce dernier l’encourage à postuler chez Loopsider, media naissant. Elle est embauchée, ses idées interpellent ; elle devient ainsi pionnière en France d’un journalisme dit « incarné ». En 2019, elle reçoit le grand prix CB News pour l’émission hebdomadaire « Hello World » diffusée sur Snapchat : « j’y ai mis beaucoup de moi, de l’humour, un ton décontracté au service d’une information fiable », se souvient-elle.

Journalisme incarné, journalisme engagé

Laetitia Limmois produit également du contenu pour ses plateformes comme « Let’s chat », discussion intime de personnalités inspirantes autour des questions d’identité, d’antiracisme et d’émancipation. Là encore, son aura, son caractère entier, indissociable de son talent de journaliste lui permet de saisir la vérité des êtres. Elle prend à bras le corps ces sujets qu’elle conçoit comme de véritables capsules d’émotion et récits de vie. Elle enseigne également le journalisme web et vidéo à l’IPJ Paris Dauphine et au CFJ.

Voie(x) caribéenne

Celle qui voulait devenir chirurgien mais qui faute de bons résultats en mathématiques a délaissé la blouse pour s’emparer d’une caméra, sur les conseils de sa mère qui avait décelé en elle les germes d’une personnalité littéraire, curieuse de tout, solaire et engagée, évoque les traces de sa carrière de journaliste dans ses jeux d’enfant.

Au Robert, quartier sable blanc, elle enregistrait avec sa cousine des émissions de radio sur des cassettes ; les miroirs de la maison familiale gardent en mémoire les journaux télévisés improvisés. Une éclosion qu’elle aimerait faciliter pour les générations futures en Martinique : « la création d’une prépa de journalisme chez moi est quelque chose qui m’anime tout comme un jour, participer à la naissance d’un média caribéen qui nous ressemble, qui parle de nous », sourit-elle.

Dates clés

  • 1991 : Naissance à la Martinique
  • 2009 : Bac scientifique (Lycée Frantz Fanon de Trinité)
  • 2014 : Diplôme de journalisme ESJ Paris, après une licence de lettres modernes à la Sorbonne nouvelle (Paris 3) – Stage de 4 mois à Los Angeles
  • 2019 : Lauréate du grand prix des médias CB News, « Hello World » récompensé « meilleure stratégie social média »
  • 2022 : Journaliste « vidéos verticales », Le Monde
  • 2023 : Voyage en Asie de l’est, apprentissage du japonais