Leurs belles histoires…
Sarah, Gina, M.-C. et Ghiana ont été touchées par le cancer du sein. À travers leurs récits, découvrez l'histoire de ces femmes qui, chacune à sa manière, ont trouvé des ressources pour dépasser la maladie.
Leurs belles histoires…
Sarah, Gina, M.-C. et Ghiana ont été touchées par le cancer du sein. À travers leurs récits, découvrez l'histoire de ces femmes qui, chacune à sa manière, ont trouvé des ressources pour dépasser la maladie.
« De soignée, j’ai voulu devenir soignante »
« À 31 ans, on m’a diagnostiqué un cancer du sein hormonal. Maman solo d’un petit garçon, je venais de rencontrer quelqu’un. Pas évident de débuter une relation dans une telle situation… Pourtant, celui qui est aujourd’hui mon compagnon est resté. Pendant mon combat, il a été mon pilier, voyant toujours du positif là où, pour moi, tout paraissait noir. Mon autre rempart était mon fils. Du haut de ses 6 ans, il a fait preuve d’une maturité exceptionnelle. Je l’ai volontairement associé à mon parcours ; enfant, on m’avait caché la maladie de ma mère et j’en avais souffert. Il est venu à certaines consultations, posait des questions pertinentes. On s’est même fait couper les cheveux ensemble, pour dédramatiser. La bataille a été longue. À cause de la chimio, j’ai eu plusieurs infections à staphylocoque doré. Un jour, pour une perfusion, on a dû me piquer 18 fois avant de trouver une veine. Parmi le personnel médical, certains étaient bienveillants, d’autres trop épuisés pour accorder de l’attention. J’ai eu un déclic : de soignée, j’ai voulu devenir soignante, avec l’envie, à ma toute petite échelle, d’améliorer la prise en charge du patient. Alors agent d’accueil dans le privé, j’ai suivi un dispositif de démission-reconversion et aujourd’hui, je suis en deuxième année à l’Institut de formation en soins infirmiers du CHU. La maladie et mes proches m’ont montré que rien n’est insurmontable. La Sarah que j’étais avant le cancer n’aurait jamais pu dépasser ses limites comme je l’ai fait. »
Sarah (Guadeloupe)
« Le concours a été ma bouée de secours »
« J’ai appris que j’avais un cancer du sein en janvier, juste après avoir passé les écrits de l’agrégation Langues de France option créole. À la suite du diagnostic, mon gynécologue m’a demandé où je souhaitais me faire “soigner”. Ce mot a eu une résonnance énorme en moi, car il signifiait que je n’allais pas mourir, que je pouvais être soignée et donc guérir ! Á partir de là, j’ai prié pour que Dieu me donne ce qu’il fallait pour affronter l’avenir, bon ou mauvais. Recalée à l’oral l’année d’avant, il était hors de question que je rate encore une fois le concours de l’agrégation. Le fait de me consacrer à l’examen a été ma bouée de secours. Malgré les coups de fatigue, j’ai continué à enseigner, j’ai suivi mon parcours de soins sans angoisse, confiante. À mes deux enfants, j’ai expliqué que la mort était inéluctable, mais qu’il ne servait à rien de s’inquiéter à l’avance, qu’il fallait être fort et gérer la maladie étape par étape. Je ne veux pas passer pour une “warrior”, j’ai agi de cette façon car c’est ma nature. Il y avait une espèce d’énergie en moi qui me poussait à aller de l’avant, à réussir. Et puis, très prosaïquement, je me suis dit, si tu dois partir, autant laisser une pension de réversion correcte (rires) ! J’ai passé les oraux de l’agrégation à Paris en avril, alors que j’étais toujours en plein traitement. Une semaine après, les résultats sont tombés : j’étais major de ma promotion. »
Gina (Martinique)
« Je fais le bilan des choses positives »
« J’étais directrice de crèche quand on m’a annoncé, 20 ans après un cancer de la lymphe (à l’âge de 15 ans), que j’étais atteinte d’un nouveau cancer, du sein cette fois. La chimiothérapie, la mastectomie, la radiothérapie ne m’ont pas empêchée de suivre des formations et d’acquérir des compétences dans mon domaine d’activité. Je me suis accrochée pour continuer à faire mes preuves au sein de la collectivité qui m’employait. Depuis cette année, je dirige le pôle Enfance Jeunesse Vie associative et Sport. Mon travail est vital. Il me booste et me motive dans ma vie personnelle, c’est un cercle vertueux. Mais je crois aussi que mon parcours de santé tumultueux m’a aguerrie. Passé l’abattement qui a suivi le diagnostic du cancer du sein, j’ai pensé, naïvement peut-être, que j’allais vaincre cette seconde maladie comme j’avais vaincu la première. Cette confiance m’accompagne toujours. Et pour mon enfant, il n’est pas question que je flanche. À chaque réveil, je me dis que commence un nouveau jour de bonheur. Chaque soir, je fais le bilan des choses positives que j’ai vécues et je pousse mon fils à faire de même. Cet état d’esprit m’aide à ne pas m’apitoyer sur mon sort. Je n’occulte pas les choses négatives pour autant, mon expérience m’a simplement appris à aller au-delà. »
Ghiana (Guadeloupe)
« En compétition, on apprend à se surpasser »
« Handball, trail, yoga, j’ai toujours été très sportive avec une bonne hygiène de vie. L’activité physique m’a énormément aidée à faire face à la maladie. En compétition, on apprend à se surpasser, à surmonter les échecs, on se bat contre un adversaire. Avec le cancer, c’est pareil. Mon expérience de sportive m’a servi au niveau mental et, je m’en rends compte avec le recul, a favorisé ma récupération. Après mon opération, sur les conseils du médecin, j’ai repris la marche à mon rythme, une fois par semaine, seule ou avec un proche. Cela me permettait de m’évader, mais aussi de mieux tolérer les séances de chimio. Dès que j’ai pu, je me suis remise à nager. Mon corps en avait besoin. Pendant mes longueurs, j’oubliais le traitement. Au sein de l’association Ma Tété, qui soutient les personnes atteintes du cancer du sein, on m’a confié la commission Activité physique adaptée. J’ai lancé une marche de nuit, la “frontale rose”, ouverte à tous, dont la 2e édition aura lieu le 31 octobre. Outre des promenades, nous proposons des séances d’aviron, de yoga, de pirogue, encadrées par des intervenants certifiés. Nous essayons de prendre en compte tous les goûts, toutes les difficultés. Beaucoup n’osent pas, ont peur de se faire mal ou n’ont pas l’énergie. Pourtant, la moindre activité, comme jardiner ou passer le balai, procure un bien-être physique et mental. D’autant que les traitements provoquent des raidissements. Moins on est en mouvement, plus on a d’effets secondaires. »
M.-C. (Martinique)
Rimèd remercie chaleureusement les associations Amazones en Guadeloupe et Ma Tété en Martinique pour leur collaboration à cet article.