Mais où sont les AESH ?
Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) sont des professionnels qui, sous la responsabilité pédagogique de l’enseignant, apportent leur aide aux élèves à besoins spécifiques et permettent leur inclusion dans la classe. Vaste défi, pour une profession mal reconnue. Et pour les familles, il faut parfois s’armer de patience et de pugnacité pour obtenir cette aide précieuse !
Mais où sont les AESH ?
Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) sont des professionnels qui, sous la responsabilité pédagogique de l’enseignant, apportent leur aide aux élèves à besoins spécifiques et permettent leur inclusion dans la classe. Vaste défi, pour une profession mal reconnue. Et pour les familles, il faut parfois s’armer de patience et de pugnacité pour obtenir cette aide précieuse !
« Votre enfant souffre d’un trouble… » À l’annonce du diagnostic, c’est tout un monde qui s’effondre. S’ensuit souvent une phase de sidération, voire de déni. Les questions affluent : comment va-t-il s’en sortir dans la vie ? Que pourra-t-il faire, ou ne pas faire, comme tout le monde ? Puis, vient l’angoisse de l’école.
Les psychologues ont pour habitude de dire aux parents qu’ils doivent faire le deuil de « l’enfant parfait », celui qu’ils avaient fantasmé, rêvé. Mais dans ce cas, la réalité est plus violente : il faut faire le deuil de l’enfant « dans la norme ». Comment va-t-il suivre les apprentissages ? Va-t-il s’intégrer ? S’épanouir ? Car le monde de l’école n’est pas toujours tendre.
Aide précieuse
À l’école, l’inclusion des élèves à besoins spécifiques est permise grâce aux AESH, qui ont remplacé les auxiliaires de vie scolaire (AVS), depuis la création de la formation en 2016. L’AESH intervient dans l’école. Il prodigue une aide matérielle et pratique (installation en classe, utilisation de matériel adapté…) et un soutien dans les apprentissages (reformulation des consignes, prise de notes…). L’objectif est de pallier les difficultés dues au handicap ou au trouble, tout en favorisant l’autonomie et l’inclusion de l’élève.
Deux à trois ans d’attente !
Le problème, c’est qu’il faut souvent attendre la fin de la maternelle, voire le début du primaire pour que l’enfant puisse bénéficier de cette aide. Si le handicap est diagnostiqué à la naissance ou en petite section, alors il est possible de bénéficier d’un AESH à l’entrée en maternelle. Mais dans la majorité des cas, c’est l’école qui alerte sur les troubles comportementaux ou les troubles d’apprentissage.
Les parents doivent alors faire des bilans. Et cela prend du temps. Avec souvent des listes d’attente de plusieurs mois chez les spécialistes (ORL, ophtalmologiste, neuropsychologue, orthophoniste…). Une fois le trouble identifié, il est nécessaire de faire une demande d’AESH à la MDPH . « C’est un dossier de 12 pages en plus du volet médical. C’est toujours compliqué à remplir, on a peur de mal faire, de se tromper… C’est très lourd pour les familles, surtout la première fois, explique Michel, père d’une enfant en situation de handicap. Et même ensuite, quand il faut adapter les besoins de l’enfant qui grandit, ce dossier est toujours source d’angoisse. » La demande d’accompagnement est examinée par une équipe pluridisciplinaire, qui évalue les besoins de l’enfant et élabore un plan de compensation du handicap. Plan présenté à l’instance décisionnelle de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), qui émet la décision finale et la notification.
« Entre la demande et la notification, il y a généralement un délai d’un an », note Élise, AESH en Guadeloupe depuis 10 ans. Cela signifie qu’entre les premiers échanges avec l’école, suivis des bilans, des consultations chez le pédiatre ou au CMP (centre médico-psychologique), la constitution du dossier, la demande et la notification, il peut s’écouler… deux à trois ans ! Et plus le trouble est délicat à identifier, moins les familles sont armées pour effectuer les démarches, et plus l’attente est longue.
Formation insuffisante
Et même avec cette précieuse notification, ce n’est pas toujours simple. « Il nous est arrivé plusieurs fois de ne pas avoir d’AESH affecté pour notre fille à la rentrée, déplore Michel. Alors, il faut appeler, taper du poing sur la table, rappeler encore et encore. Ou, quand l’AESH est en arrêt, même pour plusieurs semaines, il n’y a pas forcément de moyens de remplacement prévus. Nous avons également eu affaire à des personnes qui n’étaient pas du tout formées aux besoins de notre enfant. Elles n’avaient aucune connaissance de son handicap et étaient complètement désarmées. Dans ce cas, il faut bien expliquer le cadre de l’accompagnement, le fonctionnement de l’enfant, les points de vigilance. Il faut être en contact régulier avec l’AESH pour répondre à ses interrogations, apporter de nouvelles clés. » « La formation, c’est tout le problème de notre métier, explique Élise. Une personne qui a l’habitude de s’occuper d’enfants souffrant de troubles “dys” va, par exemple, être complètement perdue avec un enfant malentendant, ou autiste. »
La formation initiale des AESH est de 60 heures. Insuffisant pour voir l’ensemble des troubles. Et ensuite, le volume de formation continue demeure faible. « Outre la formation initiale, j’ai eu 15 jours de formation en 10 ans de carrière, regrette Élise. Et c’est pareil pour tout le monde, un ou deux jours de formation par an. Alors, on se forme sur le tas, avec les parents, les spécialistes qui nous donnent des pistes, on lit des livres, on consulte des articles, des associations… Mais on ne peut être formés à tous les troubles.»
Manque de reconnaissance
Autre préoccupation soulevée par les AESH, le manque de reconnaissance. Si les AESH font partie des équipes éducatives, il leur arrive parfois d’être mis à l’écart par les enseignants, ou de souffrir d’un manque de concertation sur les aménagements à mettre en place. « Il arrive aussi que, pour des besoins de service, on déplace un AESH de son poste alors que l’enfant dont il s’occupe est toujours scolarisé dans l’établissement, déplore Monique, AESH depuis sept ans. Cela déstabilise l’enfant, il perd ses repères et c’est un manque de reconnaissance pour les professionnels. D’autant qu’on vient rarement voir comment les choses se passent pour nous sur le terrain. »
Les prénoms du père et des deux AESH ont été modifiés.