Se décontaminer de la chlordécone, c’est possible !
Les scientifiques sont formels : la contamination du corps à la chlordécone n’est pas définitive. L’organisme a en effet la capacité de « nettoyer » et éliminer toute trace de ce pesticide. Alors oui, la contamination des sols et des eaux est durable, mais en changeant ses pratiques et ses habitudes, il est possible à chacun d’entre nous de se soustraire à cette contamination qui a toujours semblé une fatalité. S’informer est la clé !
- Article en partenariat
- Santé et bien-être
Se décontaminer de la chlordécone, c’est possible !
Les scientifiques sont formels : la contamination du corps à la chlordécone n’est pas définitive. L’organisme a en effet la capacité de « nettoyer » et éliminer toute trace de ce pesticide. Alors oui, la contamination des sols et des eaux est durable, mais en changeant ses pratiques et ses habitudes, il est possible à chacun d’entre nous de se soustraire à cette contamination qui a toujours semblé une fatalité. S’informer est la clé !
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La chlordécone est un pesticide organochloré utilisé entre 1972 et 1993 en Martinique et en Guadeloupe comme insecticide dans la culture de la banane. Son usage a entraîné une pollution persistante des sols où ce pesticide a été utilisé, des eaux de rivières, des sédiments et une contamination de la chaîne alimentaire. La mise en évidence de la pollution par la chlordécone dans les années 1990 a donné lieu à un ensemble de mesures pour réduire l’exposition des populations.
Comment le corps élimine-t-il la chlordécone ?
Même s’il s’agit d’un processus lent, le corps, grâce notamment aux fonctions hépatiques (liées au foie), rénales et du système lymphatique, a la capacité d’éliminer naturellement la chlordécone.
Que se passe-t-il quand on absorbe un aliment contaminé (œuf, racine, poisson, eau) ?
La chlordécone ingérée est libérée dans le tube digestif et traverse la barrière intestinale. Elle se distribue dans l’organisme, rejoint le sang et les différents tissus et organes, s’accumulant majoritairement dans le foie.
Comment le corps « nettoie-t-il » la chlordécone ?
Le foie transforme la chlordécone, qui est ensuite évacuée par les voies biliaires vers l’intestin et éliminée dans les selles.
Combien de temps cela prend-il ?
Les études montrent qu’il faut environ six mois pour éliminer la moitié de la chlordécone contenue dans le corps.
Quand est-on décontaminé définitivement ?
« Si on ne consomme plus d’aliments contaminés, alors spontanément le corps va se décontaminer, lentement mais sûrement », comme l’explique le professeur Luc Multigner, de l’Inserm. Par exemple, chez une personne cessant d’être exposée à la chlordécone à partir de 2025, la chlordécone sera indétectable en 2027, soit deux à trois ans plus tard.
5 gestes concrets
Pour être en bonne santé, il importe d’avoir une hygiène de vie équilibrée, incluant de l’activité physique, une alimentation saine et un sommeil suffisant et de bonne qualité. Il convient également d’appliquer des gestes et principes simples, pour éviter de se contaminer à la chlordécone.
Des pratiques simples pour éviter de se contaminer
1 – Quand je fais mes courses, je me pose des questions.
– D’abord, le produit que j’achète est-il sensible à la chlordécone ? Tous les produits n’ont pas la même sensibilité à la chlordécone. Par exemple les fruits, légumes et féculents aériens comme les pois ou les christophines sont peu ou pas sensibles à la chlordécone.
– Ensuite, à qui j’achète ? Pour les produits sensibles, il peut être difficile de savoir s’ils ont poussé ou été élevés sur un sol pollué ou s’ils ont été pêchés dans une zone de pêche interdite.
2 – Je favorise l’approvisionnement en circuit court directement auprès d’agriculteurs et pêcheurs professionnels.
Je m’approvisionne au sein de circuits contrôlés par les services de l’État : poissonneries, primeurs, marchés ou supermarchés pour une meilleure traçabilité.
3 – Je pêche en mer et en rivière hors des zones d’interdiction et m’informe sur les espèces à pêcher dans la zone d’interdiction partielle. www.titiri.gp
4 – Quand j’ai un doute, je limite la fréquence de consommation de ces aliments.
5 – Quand j’ai un jardin, JaFa analyse gratuitement mon sol et mes œufs. Si c’est pollué, je reçois des conseils pour continuer à manger mes productions sans m’exposer. www.jafa.gp
Je n’ai pas changé mes habitudes alimentaires — je mange chaque semaine de l’igname que j’aime beaucoup — mais ma façon de cuisiner et de m’approvisionner.
Témoignage
« J’ai fait une chlordéconémie, par curiosité. Cet examen sanguin a révélé que j’avais un taux de 0,70 microgramme de chlordécone par litre de sang (µg/L), qui est considéré comme élevé, puisque le taux toléré par l’organisme est de 0,40 µg/L. Un agent de l’ARS m’a rapidement contacté, m’a interrogé sur mes habitudes alimentaires et donné de nombreuses explications concernant les aliments contaminés et les bonnes pratiques. Je me suis empressé de les mettre en place dans ma vie quotidienne. Je n’ai pas changé mes habitudes alimentaires — je mange chaque semaine de l’igname que j’aime beaucoup — mais ma façon de cuisiner et de m’approvisionner. Beaucoup de gens, même les médecins, ne savent pas que le corps peut se décontaminer. J’ai refait un test, huit mois après le premier. Mon taux de chlordécone dans le sang est passé de 0,70 à 0,22 µg/L, simplement en changeant de pratiques. »
Alain-Rozan Mabialah
Mesurer votre taux de chlordécone
La chlordéconémie est un dosage sanguin permettant de mesurer le taux de chlordécone au moment de la prise de sang, traduisant une exposition récente à la chlordécone ou au cours des deux ou trois dernières années. Son intérêt : évaluer l’exposition et ainsi la réduire. À titre individuel, elle représente un bon indicateur d’exposition à un moment donné, sans préjuger pour autant de l’ancienneté de l’exposition. À noter que la chlordéconémie ne permet pas de diagnostiquer ou pronostiquer la survenue d’une maladie. Ce test est désormais gratuit et ouvert à l’ensemble de la population.
Info : 05 90 99 14 79
PROMOTION SANTÉ GUADELOUPE – SAINT-MARTIN – SAINT-BARTHÉLEMY est une structure experte dédiée la prévention et à la promotion de la santé, travaillant en étroite collaboration avec les acteurs des secteurs sanitaire, social, éducatif et environnemental, tout en contribuant activement à la mise en œuvre de la politique régionale de santé. Elle aborde des thématiques majeures, telles que les addictions, la nutrition, la santé des populations vulnérables, ainsi que les problématiques spécifiques comme celles liées à la chlordecone.