Service militaire adapté : une seconde chance pour la jeunesse ultramarine

Depuis un an, le général Bellon commande le Service militaire adapté. Ce dispositif unique en Outre-mer offre à des milliers de jeunes une seconde chance. Entre discipline militaire, apprentissage professionnel et accompagnement humain, le SMA est un acteur incontournable de l’insertion.

© Aubane Nesty
Général Bellon qui commande le service millitaire adapté. © Aubane Nesty

Service militaire adapté : une seconde chance pour la jeunesse ultramarine

Depuis un an, le général Bellon commande le Service militaire adapté. Ce dispositif unique en Outre-mer offre à des milliers de jeunes une seconde chance. Entre discipline militaire, apprentissage professionnel et accompagnement humain, le SMA est un acteur incontournable de l’insertion.

Quelle est la mission du Service militaire adapté (SMA) ?

Le SMA est une réponse ciblée contre le chômage, la désocialisation et l’illettrisme. On accueille des jeunes de 18 à 25 ans, souvent sortis du système scolaire. Grâce à la formation et à la discipline militaire, on développe le savoir-être, le savoir-faire  et ce que j’appelle le savoir-devenir. Résultat : 80 % de nos jeunes s’insèrent, dont 63 % en emploi durable !

Qui sont les jeunes du SMA dans tout l’Outre-mer ?

Les trois-quarts sont des volontaires stagiaires, sans diplôme, parfois en situation d’illettrisme. Nous accueillons 35 % de jeunes femmes, 1 300 volontaires techniciens déjà diplômés mais éloignés de l’emploi, et même des cadets de 16 à 18 ans pour éviter le décrochage scolaire. Au total, ce sont près de 6 000 jeunes formés, chaque année, dans 90 filières, du BTP au numérique, de l’hôtellerie à la transition écologique.

Comment adaptez-vous vos formations aux réalités locales ?

Nous orientons nos filières en fonction des besoins des territoires. En Martinique, en Guyane ou à La Réunion, la sécurité alimentaire est un enjeu majeur. Nous développons aussi des filières liées à l’économie verte et bleue, parce que la transition écologique et la valorisation de la mer sont capitales en Outre-mer. Enfin, le numérique est incontournable. Nous voulons former plus de jeunes aux métiers du digital.

En Nouvelle-Calédonie, le SMA a été très sollicité ces derniers mois…

La Nouvelle-Calédonie traverse une crise profonde. Lors des émeutes, certains ont tenté de rallier nos volontaires. Ils ont refusé. Ils sont restés trois semaines au régiment, et ensuite, 98 % sont revenus de permission. Ce chiffre dit tout. Ils ont trouvé chez nous un cadre, une famille, une raison de se lever le matin.

Et à Mayotte ?

Le SMA fait face à un double défi : urgence et reconstruction à la suite du cyclone Chido. Nos régiments étaient engagés dès les 36 premières heures pour déblayer les routes, livrer les vivres et aider les familles. Alors que leurs propres infrastructures étaient détruites, nos soldats n’ont pas hésité. Ensuite, nous travaillons à ce que les entreprises de la reconstruction embauchent nos jeunes car ils ont des compétences dans le BTP, l’électricité, etc.

Qu’est-ce qui vous anime personnellement ?

Le SMA, c’est une passion de l’humain. Je suis martiniquais par ma mère et réunionnais par mon père. Je sais combien l’armée peut être un escalier social. Voir un jeune sorti sans diplôme devenir enseignant ou cadre, c’est extraordinaire. Pour moi, le SMA est une école de la réussite et de l’engagement. Depuis 65 ans, il n’a jamais été remis en cause et s’est toujours adapté : psychologues, enseignants, formations numériques… Et demain, nous serons encore plus impliqués dans la résilience de nos territoires.