Construire des logements neufs et en même temps réhabiliter le patrimoine ancien, un défi de taille à relever pour ces prochaines années ?

Nicolas Gigot : Si la population de Guadeloupe continue de vieillir et de perdre des habitants, on constate qu’elle gagne en nombre de ménages. Selon l’INSEE, on compte environ 1 000 ménages de plus/an, 1 ménage équivaut à 1 logement. Les pouvoirs publics ont besoin de soutenir la construction des logements pour répondre à cette transition démographique rapide.

En parallèle, nous devons réhabiliter notre patrimoine ancien, pour l’adapter au vieillissement de la population, plus de 10 % de nos locataires ont 75 ans et +. Il est urgent de repenser des logements plus petits et mieux adaptés pour accueillir les seniors mais aussi les jeunes, sachant que la moitié des ménages ne compte qu’une seule personne, et que notre parc immobilier compte 40 % d’appartements de type F4 et + !

À notre échelle, sur 7 000 logements, la moitié est à réhabiliter d’ici 10 ans. En tout, Sikoa engagera dans le territoire un investissement de 700 M€ en 10 ans, la moitié en réhabilitation et la moitié en constructions neuves. C’est considérable pour l’économie du territoire !

Construire, réhabiliter, mais pas n’importe comment ?

Dans certains quartiers de la Guadeloupe, Sikoa est propriétaire majoritaire. Notre utilité sociale, que ce soit pour des logements en location ou à la vente, est de proposer un cadre de vie et une qualité de service optimale à nos locataires et professionnels. Nous restons convaincus de l’importance de mixer du locatif très social avec du locatif social, du locatif intermédiaire, de l’accession à la propriété. 

Au-delà de notre responsabilité sociale et patrimoniale, nous endossons également une responsabilité urbaine. Les nouveaux projets doivent intégrer plusieurs facteurs : le stationnement, les mobilités douces, le rapport entre l’espace résidentiel et public, la lutte contre les îlots de chaleur, la gestion des eaux fluviales, le tri sélectif, la maîtrise de la consommation électrique, etc.

Pour exemple, pour éviter le recours à la climatisation, nous travaillons sur des modèles de logements traversants, équipés de brasseurs d’air performants. Nous allons aussi proposer un plan de production d’énergie renouvelable sur nos toitures avec la pose de panneaux photovoltaïques en autoconsommation.

Enfin, la question de la préservation de la biodiversité reste fondamentale surtout dans un territoire comme la Guadeloupe. Pour ce faire, il est essentiel de pouvoir coopérer avec les collectivités et organismes du réseau pour améliorer les services urbains.

Malgré l’ampleur du chantier, vous semblez plutôt optimiste ?

J’ai l’optimisme de l’action ! Nous avons réussi à construire de bonnes relations avec nos associations de locataires. Nous sommes déterminés à trouver des solutions pour répondre aux défis de la construction et de la réhabilitation. Reste à trouver un écho favorable auprès de l’État pour conserver les moyens de financement afin que nous ayons la capacité de continuer à construire du neuf pour renouveler notre patrimoine. Les maires, les politiques locales, doivent nous faire confiance.

Depuis 50 ans, Sikoa démontre sa capacité à gérer une diversité d’offres de logements afin que toutes les catégories sociales puissent trouver leur place dans leurs communes. L’écoquartier de Gabarre, notre « vaisseau amiral », devrait permettre de franchir une nouvelle étape dans la rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre couplant innovation, mixité sociale, et résilience environnementale. C’est d’ailleurs là que nous allons construire notre nouveau siège social pour être au plus près de nos logements et de nos locataires !

Sikoa

Résidence Vatable
Bâtiment E-6^e étage
97100 Pointe-à-Pitre
05 90 93 28 00
https://www.sikoa.fr/