Solipéyi, l’épicerie solidaire du Prêcheur devenue un lieu de vie
En Martinique, 16 épiceries sociales et solidaires accueillent aujourd’hui plus de 1 700 bénéficiaires. Au Prêcheur, l’association Solipéyi accompagne à elle seule près de 80 familles chaque mois. Deux salariées y gèrent l’accueil, la distribution et l’animation d’ateliers collectifs. Plus qu’une épicerie solidaire, c’est un vrai lieu de rencontre et d’échanges.
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Margaux Ribelles (à gauche) a fondé Solipéyi pour répondre à un besoin sur le territoire. Elle est aux côtés de Fabien, bénéficiaire depuis plusieurs mois. ©Noémie Dutertre
Solipéyi, l’épicerie solidaire du Prêcheur devenue un lieu de vie
En Martinique, 16 épiceries sociales et solidaires accueillent aujourd’hui plus de 1 700 bénéficiaires. Au Prêcheur, l’association Solipéyi accompagne à elle seule près de 80 familles chaque mois. Deux salariées y gèrent l’accueil, la distribution et l’animation d’ateliers collectifs. Plus qu’une épicerie solidaire, c’est un vrai lieu de rencontre et d’échanges.
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Un jeudi matin au Prêcheur, tout au nord de la Martinique, dans le petit local de l’association Solipéyi, une dizaine de personnes sont installées autour de la table pour participer à un atelier sur l’emploi. La discussion est animée, chacun partage ses expériences, ses inquiétudes, ses astuces aussi. On boit du café et on mange des biscuits. À la fin, certains discutent, d’autres font leurs courses dans la petite épicerie attenante.
« Ici, je me sens bien, je me sens utile », raconte Fabien, bénéficiaire de l’épicerie Solipéyi depuis plusieurs mois. « Quand je viens, je repars parfois avec un sac rempli, mais surtout avec le sourire. Ce n’est pas seulement pour la nourriture que je viens : on retrouve du monde, on parle, on s’entraide », lance-t-il.
Originaire de Saint-Pierre, la ville attenante au Prêcheur, Lélé, 79 ans, ne manque jamais ses rendez-vous à Solipéyi. « J’étais vraiment seule, ça m’a permis de remonter la pente », confie-t-elle toute pimpante, le rouge aux lèvres. « Je viens deux fois par mois. Ça me permet de faire des économies parce qu’ici, ce n’est pas cher, et surtout je me sens en famille. Et, avec les bons produits, je mange mieux. »
80 familles bénéficiaires
Fondée en 2018 et inaugurée en 2023, Solipéyi est le fruit de la détermination de Margaux Ribelles, conseillère en économie sociale et familiale. Installée en Martinique depuis dix ans, elle a rapidement perçu l’ampleur des besoins. « Il y avait très peu d’épiceries solidaires sur le territoire et beaucoup de familles en difficulté. J’ai voulu créer une structure qui puisse répondre à ces attentes », raconte-t-elle.
Aujourd’hui, environ 80 familles sont suivies par l’association. Le principe est simple : selon la composition du foyer, un budget d’achat plafonné permet de réaliser ses courses à moindre coût (40 € pour une personne seule, 48 € pour deux, etc.). « Ce n’est pas de la gratuité, mais un coup de pouce, souligne Margaux. Et surtout, c’est un cadre bienveillant, où personne n’est jugé. » D’autant plus que les produits sont vendus à moins 70 %.
Solipéyi ne se limite pas à remplir les placards de la cuisine. Chaque semaine, des ateliers collectifs sont proposés sur la nutrition, la gestion budgétaire, la santé ou encore l’emploi. « Beaucoup de gens viennent aussi pour rompre leur solitude », poursuit la directrice qui accueille principalement des familles monoparentales (des femmes) et des retraités.
Solipéyi fait partie des 16 épiceries sociales et solidaires de Martinique. Ensemble, elles ont accompagné plus de 1 700 bénéficiaires en 2024. De plus en plus de travailleurs pauvres se rendent dans ces épiceries, comme le constate Margaux Ribelles, confirmant ainsi le premier baromètre national des travailleurs pauvres (avril 2025).
La petite épicerie du Prêcheur s’approvisionne auprès de fournisseurs locaux. Elle reçoit aussi quelques dons d’enseignes de distribution et s’associe avec un producteur pour les paniers de fruits et légumes bio. L’Andes, le réseau national des épiceries solidaires, lui fournit également des vivres.
Elles sont seulement deux salariées à faire vivre la structure : Margaux et Louisa. Le bénévolat est peu développé au sein des épiceries sur l’île, seulement 4,6 bénévoles en moyenne, contre 17,6 dans l’Hexagone.v
Plateforme d’approvisionnement, jardin partagé …
Le financement est un autre point de fragilité pour l’épicerie : « Les subventions diminuent chaque année », s’inquiète la directrice. « Il nous faut trouver des alternatives pour continuer. »
C’est pourquoi Margaux Ribelles et son équipe réfléchissent à une plateforme d’approvisionnement mutualisée afin de récupérer davantage d’invendus et réduire le gaspillage. En 2026, un jardin solidaire devrait également être mis en place entre Saint-Pierre et Le Prêcheur.
« Solipéyi, ce n’est pas qu’une épicerie, ça crée une petite vie de quartier », conclut Fabien. « C’est un endroit qui redonne confiance. On ne vient pas seulement chercher de quoi manger, on vient chercher de la dignité ! »