Une transformation au bénéfice des personnes âgées
La visite de Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap, le 7 avril dernier, a mis en évidence les progrès amorcés sur le secteur du grand âge et la nécessité d’apporter des solutions supplémentaires pour assurer sa transformation. Entre réalités et perspectives d’avenir, entretien sur la prise en charge de nos séniors, avec le Professeur Maturin Tabue Teguo, chef du pôle Gériatrie et Gérontologie au CHU de Martinique.
- Article en partenariat
- Santé et bien-être
Une transformation au bénéfice des personnes âgées
La visite de Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap, le 7 avril dernier, a mis en évidence les progrès amorcés sur le secteur du grand âge et la nécessité d’apporter des solutions supplémentaires pour assurer sa transformation. Entre réalités et perspectives d’avenir, entretien sur la prise en charge de nos séniors, avec le Professeur Maturin Tabue Teguo, chef du pôle Gériatrie et Gérontologie au CHU de Martinique.
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Quelle est la réalité de la prise en charge des séniors en Martinique ?
Professeur Maturin Tabue Teguo : Nous sommes plutôt bien positionnés au regard des normes, en termes d’accompagnement, hébergement et soins. Concernant les hébergements, particulièrement chez les sujets âgés en situation de dépendance, nous avons deux grands modèles : les familles d’accueil, un modèle largement développé sur notre territoire et les EHPAD. Les EHPAD (vétustes ou récents) sont inscrits dans une dynamique de modernisation et de grandes innovations. La plupart offre des activités qui concourent au bien vieillir d’une population vulnérable, contrainte de quitter son domicile. Nous expérimentons aussi un EHPAD hors les murs.
Un rapport sénatorial de septembre 2024 préconise un doublement des EHPAD pour 2030 en Martinique…
Je serais plus nuancé. Cet objectif, aussi ambitieux et motivé que nous le sommes, semble difficile à atteindre. On peut en revanche développer d’autres dispositifs, comme les EHPAD à domicile, redévelopper, structurer, professionnaliser les familles d’accueil, puisqu’être accueilli dans une famille a chez nous une connotation plus positive que d’aller dans un EHPAD. C’est donc un modèle à développer encore. Seuls 10 % des personnes hébergées en EHPAD l’ont choisi (le ratio est plus élevé dans l’Hexagone). Il y a évidemment aussi des places en EHPAD à créer car nous en sommes sous dotés.
En matière de ressources humaines, nos territoires manquent de spécialistes , avec un ratio de 54 pour 100 000 habitants contre 82 dans l’Hexagone. Quelle est la situation en gériatrie ?
La gériatrie ne fait pas exception, mais la situation tend à s’améliorer. La gériatrie n’est une spécialité médicale que depuis 2017. Les 3 postes ouverts en Martinique sont pourvus chaque année. La spécialité y est donc attractive. Beaucoup de jeunes qui suivent ici cette spécialité ont une attache locale, de quoi être optimiste sur le fait qu’ils resteront à l’issue de leur formation. Au CHU, sur les 20 postes de professionnels médicaux prévus en gériatrie, seulement 9 étaient pourvus en 2022. Aujourd’hui, nous sommes 18.
La présence d’experts gériatres permet-elle de développer des projets spécifiques ?
Tout à fait. Hier, on gérait les urgences au quotidien, aujourd’hui, on pense des projets structurants. La gériatrie-gérontologie fait partie des axes prioritaires pour l’ARS (Plan régional de santé 3), mais aussi pour la collectivité qui fait du vieillissement un enjeu majeur. Dans le projet médical du CHU, le « parcours de la personne âgée » est prioritaire. L’ARS finance l’unité mobile de gériatrie du territoire qui a pour vocation de prendre en charge les personnes âgées, en EHPAD ou à domicile, afin de limiter les passages évitables aux urgences. Nous avons un démarrage pilote en mai, pour procéder aux ajustements, avant l’ouverture sur le territoire en septembre.
Le projet du gérontopôle sera également un élément clé de la politique du bien vieillir…
Absolument, ça sera la plus grande avancée pour structurer le parcours de soins et de vie de la personne âgée sur le territoire. C’est un dispositif inclusif avec un cahier des charges très clair. Il est porté par l’ARS, en lien avec la CTM, avec quatre grandes missions : l’enseignement, la recherche, la communication, l’économie. L’ambition est que le vieillissement ne doit plus être considéré comme un problème mais comme une opportunité pour le territoire, avec le développement de la silver économie, la mise en place de formations adaptées aux besoins et in fine un vrai levier pour la création d’emplois. 2025 est l’année de la préfiguration de ce gérontopôle.
Le GRAND ÂGE en chiffres
• 22 % : c’est la part de la population âgée de
65 ans et plus (source INSEE 2021)
• 52 structures adaptées pour accueillir nos aînés.
• 70 millions d’euros de financement provenant de l’ONDAM (Objectif national de dépenses de l’Assurance maladie).
• 24 millions d’euros seront spécifiquement dédiés aux séniors dans la convention quadripartite entre l’ARS, le Rectorat, le Gouvernement et la CTM signée le 7 avril dernier.
• Juin 2025 : Lancement de l’appel à projets pour la création d’un Village « Séniors », qui comptera une centaine de places.