Rencontre avec Gilles Gestel, directeur de la Technopole Martinique de la Cacem

L’appel à projets d’innovation industrielle lancé par la Technopole Martinique de la Cacem d’avril à juin a livré ses premiers enseignements.

En attendant la réunion du Comité de sélection et de suivi du mois de septembre, les conseillers “Innovation” de la Technopole ont procédé aux évaluations des projets retenus et ils ont livré un premier bilan de cette opération.

Rappelons que cet appel à projets constitue un cadre de détection des projets industriels innovants. Grâce au concours de multiples partenaires (AMPI, CCIM, OSEO, Conseil Régional de Martinique, Ademe, Medef, Parm, DDRT, Caraïbes Angels, Dieccte, CGPME, FEDER), ce dispositif vise à détecter puis à soutenir des entreprises martiniquaises en création et en développement dans leur démarche d’innovation industrielle.

A cette occasion, les outils d’accompagnement de la Technopole en matière d’expertise et de financement ont été renforcés. Il s’agissait pour les TPE et PME martiniquaises d’une belle opportunité afin de faire émerger et de concrétiser des projets d’innovation.

Ainsi, ce ne sont pas moins de trente-deux dossiers de candidatures qui ont été enregistrés. Compte tenu du flux de projets innovants détectés par la Technopole (trente dossiers détectés chaque année pour une vingtaine sélectionnée), ce résultat met en relief une véritable volonté d’innover au sein du tissu économique martiniquais. Surtout que parmi ces trente-deux projets innovants, quinze sont portés par des créateurs d’entreprises industrielles existantes.

Par ailleurs, l’analyse permet de confirmer certains domaines technologiques parmi les plus actifs en matière d’innovation : production d’énergie, construction et habitat, agro transformation, électronique, multimédia, cosmétique, matériaux composites. Il est également bon de noter que les nouveaux produits ou services, ainsi que les nouvelles technologies et organisations envisagées, concernent plusieurs marchés locaux et internationaux : le tourisme, l’alimentation, l’audiovisuel et la communication, les loisirs, l’habitat et la santé.

Quels enseignements majeurs pouvez-vous tirer de cet appel à projets ?

Au-delà de l’envie d’innover, cet appel révèle un vrai besoin pédagogique de sensibilisation, une culture de l’innovation à faire passer.  Ainsi, il permet de confirmer les marchés visés par les entrepreneurs et d’explorer certains marchés qui développent de nouveaux usages comme l’alimentation, l’audiovisuel, le tourisme, l’habitat ou encore la santé. Les projets et les positionnements montrent qu’il existe une réflexion profonde sur ces marchés.

Sur quels critères les dossiers sont-ils sélectionnés ?

Il faut avant tout estimer dans quelle mesure le projet se différencie, de part sa créativité et sa conception, et dans quelle mesure il est en rupture vis-à-vis de la technologie existante et du marché. Il faut aussi évaluer jusqu’à quel point le porteur de projet a compris que son projet est en cohérence avec le développement de l’économie.

Qu’est-ce qu’un bon projet innovant selon vous ?

Chaque innovation doit avoir une vraie portée économique. Elle doit impacter tous les niveaux de l’entreprise. Un bon projet innovant rassemble tout ce qui permet à l’entreprise de se procurer un avantage concurrentiel, durable et protégeable. La notion de risque est également primordiale : le porteur de projet doit évaluer les nouveaux risques associés à une innovation. D’où l’intérêt du partage des compétences et des créations collectives. Il permet de répartir le risque et de tirer profit de l’intelligence collective.

Existe-t-il, en Martinique, une culture de l’innovation ?

Elle se construit petit à petit. Il y a dix ans, il n’y avait que quatre ou cinq projets détectés. Tandis qu’aujourd’hui, les porteurs de projets n’hésitent plus. Mais est-ce vraiment de l’innovation pour autant ?Notre rôle, c’est justement de faire en sorte que les entrepreneurs répondent à cette question de façon autonome. Il faut aussi continuer à faire évoluer les modes de management de l’entreprise pour que l’innovation devienne une priorité stratégique.

Quel rôle joue la Technopole pour faire passer cette culture de l’innovation ?

Notre rôle n’est pas de dire “innovez, innovez à tout prix.
S’il y a une réelle vol-onté d’aller sur une piste précise, la Technopole peut apporter des ressources et des modalités d’accompagnement. Tout le monde ne peut pas innover. Nous sommes là pour montrer le bon chemin.

Quelle industrie pour demain ?

A travers les porteurs de projets, de nouvelles compétences – et donc une nouvelle industrie – se profilent en Martinique, en dépit des risques inhérents au problème du développement économique en milieu insulaire.
Nous constatons une forte volonté d’innover au sein du tissu économique martiniquais, une vraie réflexion sur le renouvellement des modèles économiques et industriels. Cet élan doit créer l’identité économique de demain.

 

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