Secrétaire nationale de l’UMP en charge de la lutte contre les discriminations, Nathalie Fanfant est aussi une chef d’entreprise aux multiples casquettes. Originaire de Martinique, elle est le reflet d’une génération pleinement décomplexée qui entend bien faire tomber les murs de la différence.

Caribmag : “2011, Année des Outre-mer” s’achève bientôt. A chaud, pouvez-vous en dresser un premier bilan ?

Nathalie Fanfant : Je crois qu’il s’agit d’une formidable occasion de montrer les Outre-mer, jusque là assez peu connus finalement des Français de métropole. C’est une façon de faire découvrir la richesse de ces territoires, qu’elle soit géographique, culturelle ou économique.

Les associations, la société civile, les institutions, tout le monde a joué le jeu à travers de nombreux débats, expositions, événements dans la France entière et dans les territoires d’Outre-mer. Le bilan est déjà positif.

Selon vous, quelle doit être la nature de la relation entre la France et ses Outre-mer ?

Je suis partisane de la normalisation des relations à condition de ne pas effacer les particularismes de tous ces territoires. Aujourd’hui, les Français originaires d’Outre-mer restent encore confrontés à de très nombreuses discriminations.

Il faut donc que les mentalités évoluent, que l’on accepte qu’un ultramarin soit un Français avec les mêmes droits mais aussi les mêmes devoirs que n’importe quel Français de l’Hexagone.

Est-ce utopique que d’imaginer un jour un seul Outre-mer ?

C’est un vœu pieu ! A l’étranger, les Réunionnais, les Martiniquais, les Guyanais ou les Guadeloupéens (sans oublier les autres ultramarins) se reconnaissent, se retrouvent.

Par contre, on  formera difficilement un même ensemble ; en effet, on craint toujours de se voir « dilué » dans un ensemble. Ce n’est pas par rejet de l’autre, mais plutôt par instinct de conservation.

Vous êtes très impliquée dans le monde culturel (son mari, Thierry Fanfant est un grand musicien guadeloupéen, ndlr). Comment agir pour que les cultures des Outre-mer ne soient plus rangées au rayon “World Music” mais au rayon “Variétés françaises” ?

Il y a un travail à double détente à mener. Il faut d’une part faire pression sur les maisons de disques et les radios afin qu’ils programment plus de musiques des Outre-mer. D’autre part, il faut aussi une certaine dose de courage politique pour imposer les choses, en fixant des quotas par exemple…