Caprice de style

La styliste, N’Djamena Caprice, a reçu l’équipe du JarryMag, chez elle, au coeur de son Raizet chéri qu’elle a retrouvé il y a un an et demi. Une rencontre pleine de couleurs qui a forcément du style.

N’Djamena, vous êtes la créatrice de Kinte Kreasyon. Comment présenteriez-vous vos créations ?

Il s’agit en général de découpes asymétriques, avec beaucoup de couleurs. Les tissus utilisés sont légers et fluides. Les gens ont tendance à dire que c’est “frais”. En Jamaïque, on dit que c’est “wearable” (littéralement, que l’on peut porter, ndlr).

Comment devient-on styliste ?

A la base, j’aimais ça, je faisais ça pour moi, puis pour les copines. Je défilais aussi pour des créateurs. Un jour, Denis Devaed qui est un styliste assez réputé avait besoin de quelqu’un pour assurer la première partie de l’un de ses défilés. Je me suis donclancé dans la confection d’une trentaine de pièces et une semaine avant, on me dit : « c’est annulé. » Mes proches m’ont alors convaincue de présenter quand même mes pièces. C’est de cette façon que l’aventure a commencé, même si le premier défilé en 2004 a été organisé un peu « à l’arrache », grâce aux coups de mains de mes proches. Vous bénéficiez aujourd’hui d’une certaine renommée en Guadeloupe. Pourtant, il vous est très difficile de produire vos créations localement.

Pourquoi ?

Pour commencer, je travaille beaucoup le lycra alors qu’ici, les gens travaillent plutôt le coton ou le lin. Du coup, le lycra, ils ne savent pas faire. J’éprouve donc d’énormes difficultés pour m’approvisionner en matières premières. De plus, les coûts de production sont très élevés en Guadeloupe. Il faut donc faire fabriquer ailleurs, ce qui est malheureusement plus facile qu’ici où il n’existe pas de filière école-couture structurée digne de ce nom. Les points de vente sont là, la demande est là… mais je n’ai que deux mains, c’est tout le problème.

Comment ça se passe dans les autres îles de la Caraïbe ?

Il n’y a pas de problème. J’ai beaucoup voyagé pour voir ce qui existe ailleurs : à Saint-Domingue, en Jamaïque, en Martinique… Et bien nous sommes les seuls dans cette situation. En Jamaïque par exemple, tout est carré, tant au niveau de l’accès aux matières qu’au niveau de l’organisation générale de la filière. C’est aussi ce qui explique le succès de la Caribean Fashion Week. Je crois que c’est avant tout une question de mentalité.

En 2011, vous avez mis votre vie entre parenthèses pour vous occuper de votre bébé. Un défilé pour 2012 ?

Je croise les doigts mais j’espère pouvoir organiser un petit défilé au mois de juin, avant un gros défilé en décembre. Je souhaite repartir de plus belle pour pouvoir en vivre, et développer mon entreprise.