Six minutes et trente-huit secondes. Sans respirer. Une éternité pour les simples mortels, une médaille d’or et un record du monde pour Sophie Jacquin. Élue sportive guadeloupéenne de l’année 2011, cette pensionnaire du Cercle des Nageurs de la Région de Basse-Terre (CNRBT) a décroché en septembre 2011 le titre de championne du monde d’apnée statique à Tenerife. Une performance remarquable puisqu’assortie de la meilleure performance de tous les temps. Six minutes et trente-huit secondes donc, le corps en flottaison dans une piscine, le visage immergé sans bouger.

« Il existe trois disciplines reconnues par la CMAS (Confédération Mondiale des Activités Subaquatiques) : l’apnée statique dont je détiens le record du monde et le titre mondial, l’apnée dynamique avec palmes et l’apnée dynamique sans palmes. C’est d’ailleurs cette dernière discipline que je préfère… J’aime nager, j’aime la dynamique. Je n’aime pas trop l’apnée statique (sic). »

Fierté du CNRBT et de la quarantaine de licenciés de la section apnée, Sophie Jacquin a pourtant découvert le parfum des entraînements et des compétitions il y a seulement trois ans. « Quand je suis arrivée en Guadeloupe, je voulais profiter de la mer avant tout, de l’eau. J’ai tout de suite apprécié des coins comme le phare de Vieux-Fort par exemple. » Et c’est une rencontre en 2008 avec son entraîneur actuel, François Steers, qui allait la conduire deux fois par semaine à la piscine de  Rivières-des-Pères à Basse-Terre pour ses premières séances d’entraînement. D’ailleurs, le dénicheur de talent ne tarit pas d’éloges sur sa championne qui avoue pourtant à demi-mot que l’entraînement, ce n’est pas forcément sa tasse de thé. « J’aime le plaisir de la nage mais je ne suis pas une vraie compétitrice pour autant, prévient la jeune femme de trente et un ans originaire d’Aix-en-Provence. Parfois, c’est sûr, je ne suis pas motivée à l’idée de m’entraîner, de multiplier certains exercices. »

Pourtant les records ne tombent pas tout seul et l’apnée n’est pas un sport aussi accessible qu’il y paraît. « Les entraînements sont basés sur des exercices de respiration bien sûr, mais je travaille aussi mon diaphragme par la pratique du yoga. Je fais également de la nage en mer, du footing et de la cardio pour m’habituer à abaisser mon rythme cardiaque le plus bas possible. » Sophie Jacquin fait aussi attention à son alimentation, surtout dans les semaines précédant une compétition. « J’essaie d’éviter les produits gras, l’alcool. Je bois beaucoup d’eau, deux litres par jour, ainsi que des boissons détoxifiantes. Oui, parce que je fume ! (re-sic) »

Les titres, les records et les longues minutes passées sans oxygène ne l’ont donc pas transformée. Non, Sophie Jacquin qui apprécie certes l’émulation autour de ses performances ne les vit pas comme une consécration absolue, « ce n’est pas pour cela que je m’entraîne. »