Depuis l’enfance, le bitume est son terrain de jeu favori. Ancien champion de supermotard, habitué des compétitions internationales, Xavier Bellerophon ouvre en 2008 son magasin de deux-roues. Rencontre avec un pilote chef d’entreprise qui voudrait démocratiser son véhicule favori.

Certains abandonnent-ils la voiture pour la moto ? 

Pas mal de clients ont le déclic en passant devant notre enseigne. Quand on est coincé dans un bouchon, c’est rageant de voir les motos se faufiler ! Beaucoup de jeunes travailleurs reviennent au scooter pour ne pas avoir de voitures en double à la maison. Certaines entreprises en achètent également pour leur parc, afin de gérer les déplacements rapides ou se rendre en centre-ville. Et puis, des clients viennent parfois suite à une perte de permis.

 

Quelles sont les bonnes raisons de préférer la moto à la voiture ? 

Avec mille euros, on peut accéder à un scooter qui consomme en moyenne trois fois moins qu’une voiture et revient moins cher à l’entretien. L’avantage est aussi en mobilité décuplée. Et puis chez nous, les conditions climatiques et les courtes distances rendent la pratique de la moto encore plus idéale.

 

La moto serait un moyen de locomotion dangereux : mythe ou réalité ? 

C’est vrai que les habitués de la voiture associent moto et insécurité. Une mauvaise image sans doute due au fait que, pendant longtemps, pouvait piloter un scooter qui le voulait. Aujourd’hui, pour acheter un scooter, les jeunes à partir de 14 ans doivent présenter le BSR, le Brevet de Sécurité Routière, délivré au collège ou en auto-école. Les comportements changent, le port du casque commence à rentrer dans les mentalités, même si ça prend du temps.

 

Pourtant, chez nous, les motards restent les premières victimes de l’insécurité routière… 

Qui appelle-t-on motard ? Moi, j’appelle motard celui qui a son casque. Les autres sont des délinquants de la route qui pourrissent notre image. Ils sont un danger pour eux-mêmes et pour les autres. Cela crée une certaine révolte des automobilistes, et ensuite on met tout le monde dans le même sac !

 

Voitures et deux-roues : la cohabitation est difficile ? 

J’ai piloté des motos pendant presque dix ans à Paris : les automobilistes les respectent comme des usagers de la route à part entière. Là-bas, les deux dernières voies de gauche sont celles des motos, c’est de l’acquis. En Martinique, sur l’autoroute, entre les files de voitures, impossible de circuler à plus de 40km/h ! Et puis, que font les pouvoirs publics pour améliorer l’état de la chaussée ? Nids de poule, bouches d’égouts sur la Rocade… les motards doivent redoubler de vigilance.

 

Le trois roues est-il un bon compromis ? 

C’est surtout un beau coup commercial. Beaucoup de gens ont cru que c’était plus sécurisé, mais les tests le prouvent, on ne gagne pas en sécurité, on n’est pas plus en équilibre. Je dirais même au contraire ! L’avant étant plus lourd, les risques de louvoiement sont amplifiés. Mais le produit étant immatriculé comme un tricycle, il se conduit avec le permis voiture et pas le permis moto. Avec le trois-roues, on n’a donc aucune formation à suivre mais on acquière un engin pas évident du tout à manier. Cherchez l’erreur !