En 2005, après un DEA d’anglais, Yannick André décide de quitter  le milieu universitaire pour un poste de consultant formateur  en Guadeloupe. Aujourd’hui,  sa société Skillful Consulting  est lancée : l’occasion pour nous d’évoquer la place de l’anglais parlé dans la société française  et surtout la piètre qualité  de son enseignement.

Quel est l’objectif de votre activité ?

Il s’agit d’un centre de formation agréé pour travailler avec les organismes de formation professionnelle et les entreprises. Mon but est de leur permettre de devenir plus compétents grâce à la pratique courante de l’Anglais, un outil indispensable aujourd’hui pour ouvrir de nombreuses portes et étendre le rayonnement de l’activité d’une entreprise. Je travaille également avec les enfants et les jeunes, de la maternelle jusqu’aux études, afin d’en finir avec le constat accablant que tout le monde peut faire du peu de maîtrise de l’anglais parmi la population française.

 

Vous venez d’être nommé lauréat du concours Talents des Cités, de quoi s’agit-il ?

Ce concours existe depuis une dizaine d’années. Il récompense les créateurs et les porteurs de projets dans toutes les régions de France.
La remise des prix à lieu au Sénat, pour la dizaine de lauréats nationaux, sélectionnés parmi une quarantaine de lauréats régionaux, sur un total de près de trois cents candidats.
Les critères de sélection sont l’originalité, l’excellence et l’orientation vers les domaines de l’environnement et des sciences humaines, comme la linguistique dans mon cas.
Vous évoquiez un « constat accablant »… c’est à ce point ?

L’anglais est pourtant la langue majoritaire de la Caraïbe…
La politique française en matière de formation aux langues étrangères a tardé à se réveiller, et je la soupçonne même de dormir encore. Les autres pays d’Europe ont, pour la plupart, ainsi que les pays asiatiques, compris depuis l’importance d’une population bilingue. Chez nous, rien, ou pas grand chose. En région Caraïbe, malgré la présence marquée de l’anglais, les échanges avec les pays anglophones voisins restent difficiles, compliqués par des démarches lourdes et autres procédures administratives…
C’est incompréhensible. En France, on imagine pouvoir se contenter d’un simple enseignement scolaire, mais celui-ci reste très insuffisant, d’autant qu’il est souvent assuré dans des classes de vingt élèves au moins, et par des professeurs qui ne sont pas natifs de la langue enseignée. C’est une bonne base mais loin d’être suffisant…

 

Quelles mesures aimeriez-vous conseiller au ministère de l’Education Nationale par exemple ?

Il faudrait, moyennant une participation financière de chacun bien entendu, que chaque année un groupe d’élèves, voire l’ensemble des élèves, puisse effectuer un séjour de quinze jours minimum en immersion dans un pays anglophone.
C’est la seule solution pour maîtriser une langue, il n’y a pas de formule miracle. Imaginerions-nous apprendre la planche à voile via des vidéos et des extraits de manuel en restant dans une salle de sport ?
Une langue étrangère c’est un entraînement sportif : il faut s’y baigner quotidiennement de façon intensive. Je pense également que les universités pourraient offrir davantage de possibilités d’échanges et de stages en entreprises à l’étranger : la Caraïbe et les Etats-Unis sont à deux pas de nos départements des Antilles.