La Présidente de la CCI IG (Chambre de Commerce et d’Industrie de Région des Îles de Guadeloupe) analyse la situation économique de son département et nous dévoile les objectifs fixés en 2013 pour affronter la crise. Une stratégie de lutte affirmée et bien décidée à contrer les difficultés qui se présentent dans nos régions.

 

Quels sont les enjeux de la CCI IG sur le territoire guadeloupéen ?

Nous travaillons au développement économique des entreprises de toute la Guadeloupe, selon un certain nombre d’axes stratégiques qui déterminent notre marche à suivre : équilibrer le territoire ; repositionner la filière touristique ; développer la formation à la maîtrise des compétences et aux métiers de demain ; favoriser la pérennité des entreprises existantes et la créations de nouvelles ; participer à la promotion de la Guadeloupe en Europe et dans la Caraïbe ; facilité la réactivité par la dématérialisation des actes administratifs.

 

Quel bilan pouvons-nous tirer de l’année 2012 sur le plan économique ?

2012 avait bien commencé mais le climat des affaires s’est replié au deuxième trimestre et les activités dans la plupart des secteurs sont en retrait. La consommation des ménages s’est ralentie et, malgré une inflation modérée, les investissements ne redémarrent pas. Le tourisme est en baisse également, comme le montrent la chute de la fréquentation des hôtels classés et la baisse du trafic aéroportuaire. Les gens ont naturellement restreint leur budget vacances et les tarifs aériens sont jugés trop onéreux.

 

Quelles seront les actions mises en place en 2013 pour tâcher d’y remédier ?

Sur le plan touristique, dans le cadre de la préparation de la Route du Rhum, la CCI IG s’attache à poursuivre, en collaboration avec la Région, le CTIG et l’AMPI, la promotion des produits locaux au sein de cette manifestation, qui est très importante tant au niveau de la promotion touristique de notre île que pour celle de nos produits.

Nous envisageons d’inviter en juin une cinquantaine d’acheteurs de la grande distribution nationale, des distributeurs de boissons, d’organisations professionnelles, des Cafés hôtels restaurants de la Région malouine, ainsi que des représentants de la presse spécialisée, des métiers de bouche et de tourisme. Des visites de nos usines de « Production Agro Alimentaire » seront au programme. Cette action a un objectif double : mettre en avant les richesses du patrimoine touristique de la Guadeloupe et assurer la promotion de notre production locale.

Dans le cadre de l’Année de l’Industrie, la CCI envisage de mettre en œuvre des actions de promotion de ce secteur en vue d’améliorer l’attractivité de ses métiers, d’accompagner les mutations industrielles ; car ce secteur est un levier majeur de croissance, compte tenu des effets d’entraînement en amont et en aval dans le processus de production.

Nous souhaitons également organiser, en partenariat avec l’Association des MPI, des visites d’entreprises industrielles en compagnie de la presse. De plus, quatre actions ont été programmées : l’organisation du « Salon TIC, environnement et énergie », la participation des producteurs de rhums et punchs guadeloupéens au salon international des vins et spiritueux : Vinexpo 2013, l’animation de l’association MASE Antilles-Guyane, et la sensibilisation des entreprises à la Maîtrise de l’Energie.

 

Comment la Guadeloupe traverse-t-elle la crise ? Pouvons-nous en amoindrir l’impact ?

La situation de crise persistante que nous vivons est préoccupante et les perspectives économiques offrent peu de visibilité pour nos entreprises des Outremers, qui sont exposées à des risques sans commune mesure avec leurs homologues de l’Europe continentale, notamment les risques juridiques qui se traduisent par des modifications récurrentes des règles juridiques et fiscales ; les risques financiers liés aux incertitudes, retards dans les allocations des aides financières et concours bancaires ; les risques sociaux liés aux conséquences des conflits qui grèvent la rentabilité des entreprises ; les risques politiques qui offrent peu de visibilité aux entreprises et qui retardent leur perspective d’investissement.

Nous vivons une situation assez singulière : la fin de programmation des aides européennes 2007-2013, les arbitrages laborieux en cours du budget communautaire 2014-2020 dans un contexte de crise et des délais de mise en œuvre de ses ressources particulièrement longs, le coup d’arrêt au dispositif d’aide fiscale à l’investissement, la Réforme de l’Octroi de Mer… Ce sont là une série de chocs concomitants, qui vont directement impacter les décisions d’investissement de nos entreprises, car nous ne  devons en effet pas perdre de vue que les facteurs de réussite de nos TPE/PME sont étroitement liés aux mesures de soutien successives mises en place par l’Etat et les instances communautaires.

 

Quelle est votre position au sujet de l’aide fiscale à l’investissement, qui a fait couler beaucoup d’encre l’an dernier et continue d’alimenter la polémique ?

La remettre en cause aujourd’hui compromettrait durablement la pérennité des entreprises et les créations, voire le maintien, de l’emploi. C’est fort de ce constat que, le 31 janvier dernier, j’ai organisé en partenariat avec les Socioprofessionnels de la Guadeloupe, une conférence de presse afin de sensibiliser l’opinion publique sur les conséquences de la censure par le Conseil constitutionnel de la part variable du plafond de réduction d’impôt (4% du revenu imposable), ce qui enlève l’attractivité de cette aide fiscale à l’investissement. Les Membres élus, les Parlementaires, et Présidents d’associations professionnelles présents, ont été unanimes pour plébisciter ce dispositif comme un des principaux leviers de développement économique outremer.

 

Le gouvernement a-t-il conscience de son importance ?

Le 28 février dernier, avec le Directeur général de la CCI IG, j’ai défendu ce dispositif auprès de notre Ministre des Outremers, et apprécié le partage de points de vue sur la nécessité de le préserver au moins jusqu’à la fin de l’année en cours, en attendant  la mise en place d’une solution alternative en soutien à nos entreprises, conformément à la volonté du Président de la République.

Suite à cette rencontre, le Ministre a convoqué le 9 avril prochain (entretien réalisé fin mars, ndlr) les Parlementaires et la Représentation des socioprofessionnels des Outre-mers : FEDOM et ACCIOM, pour discuter du calendrier et de la méthode à retenir pour les concertations sur le nouveau dispositif qui devrait remplacer l’aide fiscale à l’investissement. Il nous appartient, au cours des séances de concertation, de rester vigilants sur la pertinence du nouveau dispositif qui voudrait remplacer l’aide fiscale à l’investissement, tout en étant convaincu qu’aucun dispositif ne pourrait être aussi simple, aussi juste, aussi rapide, aussi efficace que l’AFIOM.