Capture d’écran 2013-07-18 à 20.43.12Philingerie est une histoire d’amour. Celle d’un ancien militaire, moniteur commando, tombé amoureux de la Martinique lors d’un stage militaire, et qui décide de tout quitter pour s’installer sur l’île, il y a plus de 25 ans. Il y fondera famille et aussi un petit ovni dans le paysage économique local. Celui-ci, né de son deuxième amour, celui de la femme antillaise, est une marque locale de sous-vêtements – qu’il a créée au lieu de se contenter d’en distribuer une – avec un positionnement audacieux et risqué.

En quoi Philingerie est-elle une entreprise différente ?

Philingerie s’est créée au contact de la femme antillaise. Lorsque je suis arrivé en Martinique, après une longue période de chômage, j’ai enchaîné les petits boulots. Et, au fil des opportunités, j’ai commencé à distribuer des sous-vêtements en porte-à-porte. Mais j’ai vite constaté que ces produits correspondaient mal à la femme antillaise : peu de diversité de tailles, de couleurs, de matières et de formes. J’ai donc, prêt bancaire en poche, écumé les usines textiles européennes, avec des idées de modèles en tête, pour commencer à les faire produire. Le maître-mot de la marque est la diversité : nous produisons plus de 60 tailles pour certains modèles. C’est unique dans toute l’industrie textile. Nous répondons à la demande de toutes les femmes. Nous utilisons aussi plus de couleurs et de matières différentes, en ne faisant aucune concession sur la qualité des textiles. Cela impacte nos marges, mais c’est le modèle que nous avons choisi, et auquel nous croyons.

Dans le contexte local, nous sommes des créateurs. Nous concevons nos modèles, sous-traitons leurs productions à des usines spécialistes dans le monde et les vendons dans notre propre réseau de distribution. Cela aussi est unique, pour une société de notre taille.

 

La mode, la création, la production en Martinique, la mondialisation, la Chine. Y a-t-il, selon vous, une antinomie dans cette suite de mots ?

Le modèle même du secteur de la mode est “tiré” par les coûts de production. Plus aucune marque européenne, à fort volume et à forte ambition, ne peut se permettre de produire sous les contraintes sociales européennes. Nous subissons les mêmes contraintes sectorielles et arrivons à maintenir notre niveau de production en Chine un peu en dessous de 20%. Nous aimerions trouver un modèle de production locale rentable, sur de la montée de gamme, par exemple. Mais la marque antillaise apporte déjà nettement plus de valeurs au niveau local, par rapport à de l’import de franchise. Notre vision est, au contraire, de développer le concept Philingerie en franchise, et ainsi conquérir l’international. Seul cela pourra nous donner le volume et l’assise nécessaires pour penser à un modèle de production en local.

 

Comment la Martinique inspire-t-elle votre vision ?

La Martinique est au cœur de notre vision. Nous voulons qu’elle devienne une mini-capitale de la mode. Mais pas celle de Paris, Tokyo ou New-York. Une mode à elle, différente, inspirante, proche des femmes, de toutes les femmes. Profondément prêt-à-porter, au sens de l’ouverture et de l’accessibilité. Créer une marque qui s’inspire de la Martinique et qui s’adapte au reste du monde, par le partage des valeurs.

Nous commençons à réaliser cette vision. Nous avons ouvert notre premier “Store premium” au centre commercial Océanis, au Robert. C’est une expérimentation, dans notre volonté de nous développer en franchise. Nous souhaitons en faire un “Flagship store”, pour démontrer notre capacité à séduire les grands centres commerciaux et les municipalités en métropole et à l’international. Nous allons progressivement monter en gamme, tout en nous appuyant sur nos racines. La distribution en direct est notre cœur de métier. Nous faisons vivre un réseau de vendeuses qui gagnent un revenu complémentaire très appréciable. Un certain nombre d’entre elles gagnent complètement leur vie avec cette activité. Nous avons un rôle social. Nous sommes un réseau social de femmes autour du sous-vêtement. C’est l’une de nos plus grandes forces et notre fierté.