Après des études brillantes, Maryse Coppet partage sa vie entre la Guadeloupe, des séjours à l’étranger et à Bruxelles. À l’origine de la création en Guadeloupe de Caribsat, femme de conviction, son engagement s’inscrit bien au-delà de celui d’un simple chef d’entreprise.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Maryse Coppet : Originaire de la Guadeloupe, je me suis installée à Bruxelles il y a plus de de 20 ans. Mon cursus est à la fois celui d’une avocate d’affaires internationales, spécialisée en droit européen, combiné à de hautes études de commerce et à l’ENA. Cette triple casquette me permet aujourd’hui d’aborder les problématiques de nos territoires de façon très pragmatique.  Je suis le conseil d’opérateurs publics et privés de divers pays, tant dans la conception et  dans la mise en œuvre de projets que dans la recherche de financements et de partenaires communautaires. Présidente, jusqu’en 2013, de l’association Espace Europe Équipement (E3), qui est un acteur de la construction européenne établi à Bruxelles, je représente désormais les intérêts de l’association en Outre-mer et travaille avec le Parlement et la Commission européenne afin d’intégrer la Guadeloupe dans les stratégies de l’Union européenne.

Quelles sont les motivations qui vous ont conduite à « rentrer au pays » pour créer votre activité ?

La Commission européenne m’a interpellée sur la nécessité de voir plus de représentants et d’acteurs locaux sur les problématiques européennes. En effet, en ma qualité de Présidente de l’association Espace Europe Équipement
Énergie, je présidais une conférence à l’ambassade de France sur l’organisation des stratégies européennes, quand ils m’ont interpellée sur la problématique de notre représentativité à laquelle je réfléchissais déjà, la ressen-tant comme un devoir patriotique, une absolue nécessité. La renégociation des grands programmes européens pour la période 2014-2020 est, en effet, une opportunité stratégique importante à saisir pour le développement de nos territoires. Je me suis fixée comme objectif de faire bénéficier la Guadeloupe des compétences dans le domaine de l’éducation, de la formation, de la diversification de l’agriculture.

En ma qualité d’Antillaise, originaire des DOM, très investie dans la construction européenne à Bruxelles pour les acteurs internationaux, il est normal, à mes yeux, de rendre à mon pays ce qu’il m’a donné.

J’ai donc attiré l’attention des élus locaux et des socioprofessionnels rencontrés sur la nécessité de s’intégrer à la stratégie de développement de la Commission européenne, pour que nous sortions enfin d’une politique coloniale d’utilisation des fonds européens. Il est plus que jamais temps que nous prenions notre destin en main, par une participation plus efficiente au processus décisionnel national et européen.

Vous avez créé le Mouvement Outre-mer. Dans quelles circonstances et pour quel  objectif ?

Le MoM est un lobby d’organisation et de défense des droits des gens de l’Outre-mer. L’idée est de développer une forme de communautarisme, à l’instar du CRIF en France.

Profondément et violemment choquée par le manque d’égalité qui existait en Outre-mer, il m’a semblé opportun de créer une association qui fédérerait des acteurs publics et privés, à même d’être représentative de cette dynamique qu’il est impératif d’insuffler. L’association Mouvement Outre-mer s’est fixée des objectifs concrets d’intégration des intérêts des acteurs publics ou privés dans les politiques nationales et communautaires. Une part importante de la population est travailleuse et créative. Elle a le sens du devoir et croit au rôle sociétal de l’entreprise, à l’éducation et à la formation comme facteurs de développement social, économique et culturel. Il est urgent de lui donner la place qui lui revient.

L’État a lancé, au mois de mars 2014, un appel à projets « Écoles connectées », dans le cadre de son plan – « France Très Haut Débit » Expliquez-nous l’intérêt de ce dispositif pour les écoliers des Dom. 

Un chiffre interpelle : 60%. C’est le taux de chômage des jeunes en Guadeloupe ! Cela ne peut être une fatalité. C’est dans cette optique que j’ai créé Caribsat, le premier fournisseur d’Internet haut débit par satellite, seule technologie qui nous permette de couvrir la totalité de nos territoires par le haut débit. J’ai décidé de créer une entreprise pour embaucher des Guadeloupéens, modèle transposable dans tout le bassin caribéen. De plus, grâce à la Ministre Fleur Pellerin, l’appel à projet « Écoles connectées » est devenu une réalité. Je l’ai interpellée sur la nécessité, pour nos enfants, de bénéficier des mêmes avantages que ceux vivant sur le continent et que les territoires de l’Outre-mer soient intégrés dans ce dispositif. L’intérêt, c’est de pouvoir se dire qu’au même titre que tous les enfants de France métropolitaine, les enfants de tous les Outre-mer, y compris de l’Océan indien, bénéficieront de l’équité devant le développement technologique et de l’accès à l’éducation par un enseignement moderne, avec un débit Internet de 6 Megabites minimum.  Il en va aussi de la responsabilité de nos élus de proposer et chercher des solutions de développement, à l’heure où le numérique est le fer de lance de l’Union européenne. Dès lors, je me suis attachée à travailler, avec la Commission et les autorités locales, à créer des partenariats innovants. Dans cette optique, j’œuvre pour l’ouverture d’une école du numérique dès la Rentrée, afin que les personnes qui sont en marge ou en décrochage scolaire puissent accéder à de la formation pratique dans le domaine du numérique. Nous devons tout mettre en œuvre aujourd’hui pour les jeunes.

Quel bilan faites-vous de vos combats pour défendre les intérêts des originaires d’Outre-mer ?

Dans l’action, on obtient toujours des résultats concrets et très positifs. En deux ans, j’ai pu mettre en place le satellite dans tous le bassin caribéen, obtenir de l’État que les territoires d’Outre-mer accèdent également au plan “Écoles connectées”, j’ai pu intégrer les stratégies de développement des territoires que je défends au sein des fonds structurels, entre autres. Nous devons être les acteurs de la défense de nos propres intérêts. Nous le pouvons et nous le devons.

Quel est, de façon générale, « votre ligne directrice » dans vos choix de vie professionnels et personnels ?

Nous appartenons à notre histoire. De ce fait, il est, à mes yeux, de mon devoir, de notre devoir, d’aller de l’avant et de faire bénéficier nos enfants du travail réalisé. Car le chemin parcouru a été dur et jalonné d’embûches. Nous ne pouvons pas nous arrêter en chemin. Nous nous devons d’être à la hauteur des attentes de nos ancêtres. Dans le contexte des événements qui se déroulent, il est, plus que jamais, temps que nous prenions notre destin en main, par une participation plus efficiente au processus décisionnel national et européen. (*) page facebook : mouvementoutremer

Contact : 0590867260

https://www.caribsat.fr/

https://www.facebook.com/CaribSat