Christian Boutant est délégué régional de la SACEM pour la Martinique et la Guyane depuis 34 ans. C’est une rencontre inattendue qui l’amène à conjuguer sa passion pour la musique avec sa carrière professionnelle. Il découvre à la SACEM une entreprise extraordinaire, où la défense des créateurs de musique, de paroles et d’humour est un credo quotidien. Il nous raconte aujourd’hui l’histoire de la professionnalisation de la musique antillaise.

Quelle est l’histoire de la professionnalisation de la musique antillaise ? 

Christian Boutant : De nombreux Antillais mobilisés pour la Guerre de 14/18 se sont retrouvés pour jouer à Paris.  Ils y ont découvert une organisation des métiers de la musique beaucoup plus structurée qu’aux Antilles. Ils ont milité, dès cette époque, pour bénéficier du même genre de structuration en local. C’est ainsi que les délégations de la SACEM en Martinique et en Guadeloupe ont vu le jour.

Jusqu’à la fin des années 1970, la musique vivante était la seule pratique permettant aux artistes de vivre. Les années 1980 ont ensuite été, avec l’explosion du disque, une période très faste pour la création musicale. Dans le même temps, les discothèques, disco mobiles et autres se sont multipliés, en même temps que les revenus collectés pour les créateurs musicaux.

Les années 2000 ont mis fin à cela. La production d’œuvres a chuté de 80 % entre 2000 et 2014.

La SACEM veut concilier consommation de musique et rémunération des créateurs et, chaque jour, ses collaborateurs se battent pour cela.

Comment la SACEM a accompagné cette évolution ? 

Dès ses débuts aux Antilles, dans les années 60, la SACEM se concentrait essentiellement sur la gestion des droits d’auteur dans les bals.

L’arrivée du disque a développé les volumes de représentation des œuvres et donc les revenus générés, sans modifier sensiblement le fond de l’intervention de la SACEM.

Avec l’arrivée des nouvelles technologies, notre champ d’interventions s’est diversifié et démultiplié avec le nombre de formats de diffusion différents. Mais notre mission est restée la même : défendre les droits des créateurs et des artistes.

Quelle est votre vision du secteur musical local jusqu’à aujourd’hui ? 

Nous  devrions tous ensemble mieux œuvrer pour apporter aide et appui à nos créateurs. Notre isolement, lié à notre éloignement, doit nous amener à apporter de meilleures solutions pour aider à « exporter » nos musiques et nos artistes en métropole, en Europe, et aux Amériques.

C’était d’ailleurs le sens de la participation et de notre soutien au 1er CARIMEX à Fort-de-France, qui a eu lieu du 3 au 5 octobre 2014.

C’est aussi la volonté affirmée et renouvelée de la Direction générale de la SACEM et de son représentant, Jean Sépulchre, nouveau directeur territorial SACEM des Départements d’Outre-Mer.

Ne l’oublions pas, la création musicale est un formidable gisement économique à exploiter. La SACEM s’inscrit dans cette volonté d’œuvrer pour la musique des Antilles et pour son rayonnement.

Merci au Studio Heureka et à Jean-Michel Linérol.