Maître Charles Nicolas, ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Barreau de la Guadeloupe, dont l’activité dominante est l’indémnisation des victimes d’accidents ou d’agressions, évoque de l’intérieur une profession délicate, ambitieuse et fondamentalement humaine.

Comment décririez-vous votre métier ?

Maître Charles Nicolas : Être avocat, c’est être au combat pour défendre une cause qu’on estime juste, du moins défendable. Souvent nous sommes comme ces gladiateurs qui entraient dans l’arène sans savoir qui ils allaient combattre. Nos armes : la loi, la jurisprudence et notre compétence, que nous mettons au service des intérêts de notre client.

Comment le voyez-vous évoluer dans les prochaines années ?

Cette profession se nourrit de l’expérience du quotidien. Elle est en perpétuelle mutation. Ces dernières années, les conditions d’accès à la profession ont été assouplies. En Guadeloupe, en 1993, nous étions 100. Nous sommes 300 aujourd’hui. La question de l’adaptation au marché se pose. Dans l’avenir, l’avocat sera, certainement, au service de son client mais aussi d’un chef d’entreprise qui veillera à l’équilibre financier de son cabinet. La vision de l’avocat qui défend la veuve et l’orphelin sans contrepartie se brise devant la brutale réalité des charges fiscales, sociales et professionnelles qui pèsent sur nos cabinets. La principale évolution qui est d’ailleurs en cours, fera de l’avocat un chef d’entreprise qui devra aussi intégrer la RENTABLILITé à son impératif de défense du client.

Quelles sont les particularités de votre cabinet ?

Mes principales activités sont l’indemnisation des victimes d’accident de la route, d’accident du travail ou d’agression. Une telle victime est en situation de choc. Elle peine à verbaliser son calvaire. Mon objectif : encadrer le mieux possible la victime, afin qu’elle puisse exprimer tout ce qui a changé dans sa vie depuis l’accident ou l’agression.
Parfois, ces préjudices nécessitent un accompagnement pluridisciplinaire. L’avocat défend, mais il a aussi besoin de spécialistes pour mieux comprendre la situation de la victime, notamment dans le cas de polytraumatisés lourds. Médecins, psychologues, neuro psychologues, kinésithérapeutes, ergothérapeutes sont indispensables pour m’éclairer. La prise en charge pluridisciplinaire de la victime permet de préciser l’impact de l’agression ou de l’accident sur sa vie personnelle, familiale et professionnelle.
Le préjudice de la victime sera alors correctement apprécié, et son indemnisation justement fixée. Il faut aussi trouver un espace autre que celui du procès pour que la victime s’exprime. Les professionnels qui l’aident sont conscients que l’indemnisation juste de la victime passe aussi par son adaptation à sa vie d’après. C’est mon sacerdoce.

Comment accompagnez-vous vos clients ?

La communication est essentielle. Je ne mets aucun filtre entre le client et mon cabinet. Lorsqu’une personne victime d’un traumatisme par agression, ou par accident, m’appelle, elle a un besoin immédiat de parler, souvent de hurler. Il faut le lui permettre sans barrière téléphonique. Mes clients ont mon numéro de téléphone portable. L’écoute est un moyen primordial d’aide. Elle me permet de soutenir la victime en direct ou de l’adresser à un professionnel compétent, qui la prendra en charge physiquement ou psychologiquement. Le contact ne doit jamais être rompu. Je reçois souvent des SMS où il est écrit : « aplé moi sil vouplé » ou « kriyé mwen siouplé ». Mon domaine d’intervention, l’aide aux victimes, est spécifique et requiert une attention constante. On ne peut pas laisser sans réponse une personne atteinte dans son esprit ou dans sa chair, ou lui donner rendez-vous trois jours après. Elle a besoin d’une solution immédiatement. Trouver cette solution au moment où elle la réclame, c’est ma règle.

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