Sébastien Vildeuil, âgé de 33 ans, a créé en moins de deux ans quatre boutiques et deux centres de traitement de l’audition employant plus d’une vingtaine de salariés.

« Bientôt cinq », rectifie le fringant chef d’entreprise qui s’apprête à ouvrir un cinquième établissement à Grand-Camp. À l’interlocuteur quelque peu surpris par sa jeunesse, Sébastien Vildeuil rétorque par cette formule qu’il affectionne : « L’expérience ne se mesure pas au nombre des années, mais au vécu des années ». Il est vrai qu’il a déjà au compteur de nombreuses années de formation et d’expérience.

À l’âge de 19 ans, il intègre l’école d’orthoptie (*) de Bordeaux et, l’année d’après, ce bourreau du travail passionné par les métiers de l’optique sollicite un stage chez un opticien pendant son temps libre. « Une activité qui s’est transformée, par la suite, en un emploi que j’occupais à temps partiel, parallèlement à mes cours. ». Diplômes d’orthoptiste et d’opticien lunetier en poche, il enchaîne les remplacements de praticien dans la région de Bordeaux. Parallèlement, son employeur opticien lui propose de former à son tour des professionnels d’un groupe qui compte plus de 700 magasins d’optique dans toute la France. « Pendant quatre ans, j’ai assuré des cours de technique de vente, de management, à travers la France à des participants qui avaient parfois mon âge en expérience professionnelle ! », précise-t-il en riant. « Une école de la vie qui m’a obligé à me dépasser chaque jour, m’affirmer, et aussi grandir avec des stagiaires qui avaient une forte expérience du terrain ».

L’entreprenariat responsable

Après plusieurs années passées à Bordeaux, il quitte l’Hexagone pour les Antilles avec la ferme intention de créer son entreprise. « J’ai fait sur place de belles rencontres, qui m’ont permis de m’associer pour développer l’enseigne Alain Afflelou en Guadeloupe ». Aujourd’hui, c’est plus d’une vingtaine de collaborateurs qu’il manage. « Je leur fixe des objectifs, leur donne les moyens pour les atteindre. Je prends note de leur retour de terrain. Il y a une grande proximité avec mes équipes et je les remercie. Je souhai-terais garder le profil d’une entreprise à taille humaine. »

Il n’a aucun complexe à encadrer un personnel quelquefois plus âgé. «Un collaborateur attend, avant tout, qu’on comprenne son travail, qu’on connaisse le métier. Le manager doit avoir suffisamment de leadership pour les emmener aux objectifs attendus ».

Sur un territoire qui compte plus de 25% de chômeurs, Sébastien Vildeuil croit plus que jamais à l’entreprenariat responsable et à la formation pour assurer le développement du pays. « C’est un vrai moteur de développement de l’emploi. Il y a pléthore de secteurs qui ne demandent que ça ». Il n’est pas opposé à l’idée d’apporter son expérience, son savoir-faire à un créateur d’entreprise. « Je l’ai partagé avec des proches qui souhaitaient se lancer. Nous sommes au début d’une activité très exigeante, qui subit actuellement de profondes mutations. Je dois consacrer beaucoup de temps à mes équipes, les former sur les évolutions tout en conservant les valeurs portées par l’entreprise. » Mais qui sait ? Dans quelques années, viendra probablement le temps du partage et de la transmission…

(*) L’orthoptie a pour vocation le dépistage, la rééducation et l’exploration fonctionnelle des troubles de la vision