Né sous bonne étoile en 2002, le Tour de Guadeloupe en voile traditionnelle, qui fête ses 15 ans, a réussi à s’imposer dans le paysage sportif guadeloupéen. L’Enthousiasme des équipages et la spécificité du canot saintois, authentique « produit péyi », ont su emporter dans leur sillage, l’adhésion unanime.

Propos recueillis par Nelly Bouveret

La vedette phare du tour, n’est-ce pas incontestablement le canot ? Pouvez-vous nous en parler ?

Georges Santtalikan : Construite aux Saintes, cette embarcation est appelée « la saintoise ». C’est une construction squelettique issue des anciens (Bretons) de la côte ouest de la France hexagonale. Très légère, avec une voile équilatérale, elle permet de surfer sur des hauts fonds sur ses flancs. C’était l’embarcation des pêcheurs avant l’arrivée du moteur. A l’époque, le canot servait de transport pour les marchandises.

Quelles sont vos grandes satisfactions au niveau du TGVT ?

C’est incontestablement l’arrivée des jeunes, mais aussi l’expansion des équipages féminins. Cela veut dire que le renouvellement est en marche, et que la voile traditionnelle a de l’avenir.

Au cours de l’histoire, il y a eu du gros temps, des dessalages et des exploits. Avez-vous une anecdote en particulier ?

Le canot saintois est un canot très instable, il faut donc être équilibriste et attentif. Durant un TGVT, nous avons eu un épisode mémorable de gros temps, entre Sainte-Rose et Morne à l’eau. On ne voyait plus personne, ni aucun canot. Quand les choses sont revenues à la normale, nous avons vu toute la flotte devant nous, voile baissée, le mât sur tous les canots. C’était comme un rideau de théâtre qui s’ouvrait petit à petit.

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C’est une vitrine touristique pour la Guadeloupe. Comment développez-vous cet aspect ?

Nous sommes régulièrement présents sur les salons nautiques. Nous faisons connaître notre activité à travers la presse nationale et caribéenne. Nous avons déjà eu la présence d’équipages venus de Bretagne, Grenade, Antigua, avec l’aide du «  Comité du tourisme des îles de Guadeloupe ». A travers toutes ces actions, c’est la Guadeloupe que nous mettons en avant.

Il est souvent question d’insertion lorsque l’on parle de voile traditionnelle. Qu’est ce que cela signifie ?

Au moment où la limite qui sépare le virtuel du réel s’amincit,  où nos jeunes n’ont plus de contact avec le réel, et où la technologie balaye l’autorité parentale, il est temps que nous mettions nos jeunes face aux réalités de la nature : le vent, la mer, les vagues, la pluie, les éclairs, l’orage. La mer, devient l’une des meilleures écoles de vie. Des centres qui s’occupent d’insertion s’inscrivent régulièrement au TGVT, au sein d’équipage comme Kérabon Education ou Kazabrock.

Qu’attendez-vous encore du TGVT ? 

Nous souhaitons que les Guadeloupéens, qui vivent dans un archipel, puissent épouser et s’approprier la mer. Et que le TGVT prenne de l’ampleur, car il véhicule de magnifiques valeurs.. Sur une embarcation de 5m 35, on trouve le Noir, l’Indien, le Blanc, le Chabin, le Saintois, l’Européen, en harmonie et dans la joie. C’est la culture du vivre ensemble. Bravo à tous ceux qui ont contribué à cette aventure et bon vent au TGVT !