Elle va vêtue de noir, fine et légère. Les boucles châtain qui encadrent son visage et font délicatement écho à des taches de rousseur enjouées ajoutent à cette ligne aérienne, presque irréelle. Pourtant, il émane d’Alicia Herbeth, mannequin de 18 ans, une fermeté. C’est son regard qui tranche. Il est vert, mûr, incisif. 

Par Julie Clerc

Cette jeune Guadeloupéenne que le Moule a vue grandir a su couper net le droit fil d’une vie qui semblait tracée. Elle devait intégrer l’université et devenir professionnelle du sport. Elle sera mannequin.

Le tournant a lieu il y a un an, grâce à un concours. Juillet 2015, le Zaigo Fashion Face rassemble 260 jeunes mannequins et sélectionne dix finalistes. Alicia est dans le peloton de tête et reçoit le prix d’agence. Ce qui lui doit d’intégrer l’agence parisienne qu’elle visait : Crytal Model Management. Elle est inscrite en Staps à Fouilllole, a déjà loué un appartement à proximité. Mais c’est sur la Métropole qu’elle fait finalement cap, presque du jour au lendemain.

Depuis, la carrière d’Alicia s’est envolée. Elle plane souvent à 11 000 m d’altitude Alicia, ralliant Suède, New York, Espagne ou Afrique du Sud, où les plus grandes revues internationales (Women’s health, Elle, Glamour, Cosmopolitan) la réclament. A des enseignes comme H&M, Desigual, Esprit ou Fabio Salsa, elle prête son image et les courbes de son corps, qu’on retrouve au fil des catalogues et des réseaux sociaux de ces géants de la mode. Alicia pose. Car avant tout, plus que la frénésie des défilés, c’est ça qu’elle aime :
s’offrir aux mains des maquilleuses et des coiffeurs pour s’abandonner aux exigences de l’objectif. Mademoiselle Herbeth est aimantée par le flash ; elle a d’ailleurs appris son métier en un éclair, le temps de son premier automne parisien, en réalisant son book. A Paris, elle a appris les postures, troqué les couleurs antillaises contre les teintes sombres qui mettent tant en valeur ses yeux, apprivoisé la solitude citadine et ensemencé son avenir.

Alicia est une femme pressée, qui ne s’est pas satisfaite des services d’une seule agence. Elle a mis son destin sur orbite en signant avec Close Up Management, une agence mère basée à Paris. La mannequin qui la pilote, travaillant entre New York et Paris, n’a de cesse de placer Alicia à l’International. Attention, décollage de carrière.

Aujourd’hui, la jeune fille qui ne brillait que par intermittence lors de trop rares événements guadeloupéens – salon Black beauty, salon du mariage – répand désormais son éclat émeraude par delà les océans. Il lui a fallu à peine un an. Elle s’établira prochainement à New York où, dit-elle, les métisses ne sont pas étiquetées comme à Paris.

C’est sur un merci qu’Alicia conclut l’interview, merci à Zaigo, le studio guadeloupéen de photographie qui l’an dernier organisa le concours auquel elle doit sa révélation.