Désireux de contrecarrer l’important déficit de sa commune, le nouveau maire de Kourou, François Ringuet, s’attèle avec ferveur à la tâche qu’il s’est fixée : restaurer la capacité financière de Kourou pour pouvoir, demain, satisfaire ses besoins. Rencontre avec un homme de convictions.

Propos recueillis par Julie Clerc

Quelles sont vos ambitions pour la ville de Kourou ?

Kourou est située dans un site exceptionnel, à l’embouchure d’une rivière, face aux îles du Salut. Nous voulons à nouveau tourner la commune vers la mer, lui donner un vrai statut de ville de villégiature en privilégiant l’amélioration du cadre de vie et le développement d’équipements de loisir. Mon ambition est de fédérer toutes les énergies volontaires autour des projets de développement de notre commune.

Dans quel but la ville de Kourou souhaite-t-elle réduire son déficit public ?

La gestion irresponsable de l’équipe précédente a privé la ville de toute marge de manœuvre. Cette charge ne doit pas peser sur les générations futures.

Quelles mesures avez-vous prises pour redresser la situation de la ville ?

En Guyane, comme dans l’ensemble des Outre-Mer, le poids de la fiscalité locale pèse sur un nombre trop étroit de contribuables. Ma priorité consiste, en matière de levier fiscal, à élargir le nombre de redevables plutôt que d’augmenter la pression sur ceux qui sont déjà imposés. Je suis très attaché à l’équité fiscale. Le 2e levier, le plus important, est une bonne gestion. Depuis mon arrivée, le déficit de la commune est passé de 24 à 14 millions d’euros, soit près de 10 millions d’euros d’économies réalisées sur son fonctionnement. J’entends poursuivre cet effort. Il nous reste beaucoup à faire.

Quelle est votre vision du rôle économique et social de l’investissement public ? Faut-il le considérer comme un outil de relance via l’investissement dans les infrastructures, la transition écologique ou l’éducation par exemple, ou comme le spectre d’une dette croissante mettant globalement la France à la merci des prêteurs ?

La croissance ne peut être fondée que sur la dépense publique. Revenons aux fondamentaux : l’investissement public doit d’abord créer un environnement favorable au développement des activités privées. C’est dans cette perspective que j’envisage mon projet pour Kourou. Par exemple, développer avec les partenaires une offre éducative adaptée par des infrastructures de qualités et attirer une population consommatrice de biens et de services qui offriront des emplois à nos jeunes.

Parmi ces investissements, ceux qui favorisent la transition écologique sont particulièrement importants. Nous ouvrirons prochainement à Kourou une filière de traitement des boues par déshydratation solaire au bilan carbone exemplaire. J’inaugurerai cette année une piste cyclable de plus de deux kilomètres, sécurisant le parcours des vélos de la mer à la zone industrielle en passant par le centre-ville.

En 2014, élu président de la Communauté de communes des Savanes, vous découvrez un déficit de 1,5 million d’euros. Quelles solutions avez-vous apportées à cette situation ?

Nous avons d’abord agi sur les recettes en mettant en place une fiscalité additionnelle sur le foncier bâti. Il est apparu juste à l’ensemble des communes que les propriétaires participent à l’effort communautaire. Nous avons également mis en place une redevance sur les déchets industriels banaux. Là aussi, il nous paraissait évident qu’au titre de la compétence de la collecte des déchets de la CCDS, les activités économiques participent au financement du service public. Nous avons également agi sur les dépenses en renégociant les contrats, notamment en matière de collecte de déchet.

Vous avez été conseiller général en 2011 et président de la commission des finances. Depuis, nous avons constaté ici aussi une diminution des dépenses de la collectivité. Quel est votre secret ?

En premier lieu, un véritable esprit de responsabilité. Une bonne gestion, c’est d’abord une question d’engagement politique. C’est cette exigence de responsabilité qui me guide depuis mon entrée en politique. En second lieu, je veille à m’entourer des compétences nécessaires.