Des branches, des fruits, des visages et de la vie. L’histoire a commencé dans les pages du KaruMag. L’école Oui Love Learning School a métamorphosé une simple brève en italique en un véritable projet pédagogique. Cette initiative portée par Dominique Dupont est notre coup de cœur du mois.

Par Coralie Custos Quatreville

Nous avons voulu participer pour expliquer aux enfants la richesse de la différence.

La fondation Lilian Thuram et le Groupe MGEN lançaient, il y a quelques mois, un jeu concours gratuit autour de la thématique « la défense de l’égalité entre tous les humains ». La classe CP/CE1 de l’école Oui Love Learning School située dans la commune de Baie-Mahault, n’a pas hésité à présenter un projet de classe en Outre-Mer. « J’ai été interpellée par l’article de KaruMag. C’est en lisant le libellé qui pointait du doigt la problématique du racisme sur nos territoires que je me suis souvenue qu’il existait déjà dès l’enfance des discriminations vécues par les élèves. Nous avons donc voulu participer dans le but d’expliquer aux enfants la richesse de la différence », explique Dominique Dupont, directrice de l’école. 

Après avoir sélectionné la catégorie des arts plastiques, dix enfants âgés de 6 à 8 ans ont remonté leurs petites manches. Et c’est à l’aide de crayons de couleurs et de tubes de gouaches qu’ils ont réinventé, chacun à leur tour, l’idée qu’ils se faisaient de l’altérité. « Nous avons voulu montrer aux enfants qu’il était nécessaire d’accepter l’autre. Pour cela, nous sommes revenus sur les apprentissages essentiels à la compréhension de ce besoin. L’histoire de l’homme en a été la clef », témoigne Astrid Gaethofs, professeure des écoles. Et c’est en remontant du côté de l’Homo Sapiens venu d’Afrique que les enseignants ont peu à peu expliqué le parcours de l’homme et son évolution à travers le temps. Les questions des enfants ont été nombreuses : « est-ce que je peux dessiner des cheveux courts ? Est-ce que je peux dessiner une peau plus foncée que moi ? Est-ce que tout le monde vient vraiment du continent africain ? » Des questions confondues en dessins et des réponses accueillies à bras ouverts par les élèves. « Aujourd’hui, nous sommes très fiers d’avoir été sélectionnés pour la qualité de notre contribution artistique par le jury à Paris. Mais nous sommes avant tout très contents qu’il y ait beaucoup moins de violence verbale dans la cour de récréation. Les enfants étaient fiers de participer pendant un trimestre à la lutte contre le racisme », constate la directrice. 

Invitée à Paris, l’école Oui Love Learning School recevra très bientôt une récompense à la hauteur de l’investissement de ses élèves. « Nous invitons le Rectorat de Guadeloupe à reproduire ce projet dans chacun des établissements de notre île. Eviter les complexes et les jugements de valeurs est aujourd’hui une priorité pour que nos enfants grandissent heureux d’être ce qu’ils sont », conclut Dominique Dupont.