A travers son œuvre et ses dessins d’une qualité graphique authentique, Joub met en valeur le patrimoine guyanais. Portrait de cet artiste du neuvième art.

Propos recueillis par Aurore Portelli

Racontez-nous votre parcours…

Joub : J’ai toujours voulu faire de la bande dessinée. Autodidacte, c’est en Bretagne d’où je suis originaire que j’ai fait mes débuts dans l’illustration et que j’ai construit mon réseau, m’impliquant notamment dans l’organisation du célèbre festival Quai des Bulles à Saint-Malo. Le métier de dessinateur est très solitaire. Aussi, ce type d’événement constitue une passerelle d’échanges avec les auteurs, les éditeurs et le public. 

En 2009, nous sommes venus en Guyane en famille, à l’occasion du festival de bande dessinée « Carbet des bulles », où j’étais invité en tant qu’auteur. Nous sommes tombés amoureux de la Guyane et avons décidé de nous y installer.

Et vos débuts artistiques en Guyane ? J’ai pour thème de prédilection la B.D. de témoignage. Ma rencontre et une expédition en forêt avec Olivier Copin, et Jérôme ont donné naissance au premier livre que j’ai réalisé en Guyane avec l’auteur Nicoby :
« Manuel de la Jungle » paru aux Editions Dupuis. Cet ouvrage retrace avec humour nos péripéties en forêt guyanaise et en illustre la beauté et les plaisirs non anxiogènes. C’est un livre dont nous sommes très fiers et qui connaît un succès depuis sa parution en 2015. Ont suivi « Les jeunes aventuriers » (deux tomes), toujours en association avec Nicoby et Olivier Copin, une quête initiatique en forêt de trois enfants : un Amérindien, un Créole et une Métropolitaine, qui à travers leurs aventures, vont franchir un pas vers la vie d’adulte. Le tome 2 se déroule quant à lui, aux îles du Salut. Un troisième est en projet, avec une intrigue à Maripasoula. 

Comment contribuez-vous à promouvoir le 9e art en Guyane ?

J’ai à cœur de m’inspirer de mon environnement et de raconter des histoires dans un cadre réel. Et j’ai la chance d’être soutenu par les éditeurs guyanais tels que Plume Verte et les acteurs du monde littéraire. Je participe régulièrement à des salons et des dédicaces. C’est tout naturellement que je m’implique depuis six ans dans l’organisation du festival de la B.D. en Guyane « Carbet des Bulles ». Cette année, ce sont dix auteurs dont certains de Métropole, de Belgique et du Québec qui feront le déplacement du 12 au 22 mai. Notre volonté étant d’amener la B.D. sur le fleuve, nous nous sommes associés au Festival du Livre de Maripasoula, le « Mapa Buku Festi ». Nous irons pour l’occasion pendant cinq jours sur le fleuve à la rencontre des populations pour proposer de nombreuses animations autour de la B.D. et du livre. Ce sera assurément un événement littéraire très riche en rencontres.

Comment faites-vous vivre le patrimoine guyanais à travers vos dessins ?

Au delà des ouvrages dans lesquels j’illustre le paysage guyanais, je prends plaisir à dessiner des aquarelles. Mon sujet : les maisons créoles authentiques, qui un jour seront amenées à disparaître du paysage si elles ne sont pas rénovées. Et c’est dans la commune de Mana que je trouve le plus d’inspiration. C’est une manière pour moi de contribuer à laisser une trace du patrimoine guyanais. Au total, j’ai peint une trentaine de maisons créoles. Reproduites en cartes postales et posters, une douzaine m’a été commandée par le Musée des Cultures Guyanaises. 

J’ai d’autres travaux en projet comme un portrait de la Guyane à travers le visage de ses habitants, associé à leur vision du territoire, ainsi qu’un livre de portraits d’hommes et de femmes et de leur rapport au corps. La Guyane m’a permis non seulement de travailler mon dessin mais de collaborer à des projets originaux, de saisir des opportunités que je n’aurais pas eues ailleurs : une véritable révélation. 

Fb : Joub

joub.creation@gmail.com