Trois mois après la publication du Livre Bleu Outre-mer, la ministre des Outre-mer est revenue sur ce projet qu’elle voit comme une étape et dont elle souhaite faire un acte fondateur en faveur de nos territoires.

Propos recueillis par Mathieu Rached

Le 28 juin 2018 avait lieu la présentation du Livre Bleu Outre-mer dans lequel ont été consignés les résultats des Assises des Outre-mer. Après plusieurs mois de travail, quel bilan faites-vous de ce projet participatif citoyen ?

Annick Girardin : Les Assises des Outre-mer ont, pour la première fois depuis des années, permis de redonner la parole aux citoyens ultramarins, de proposer des solutions, d’exprimer leur mécontentement parfois. 

Les Assises ont également été un formidable exercice de mobilisation de l’ensemble du gouvernement autour des problématiques qui touchent au devenir des territoires ultramarins et de leurs habitants : l’occasion de donner corps au « réflexe Outre-mer » que j’appelle de mes vœux.

Les Assises ont-elles permis d’en-clencher une nouvelle synergie ?  

Absolument. J’ai pu le constater au cours des différents ateliers auxquels j’ai assisté : c’est la rencontre des idées et la richesse des points de vue qui marquent, selon moi, la réussite d’un tel exercice. En permettant à plus de 25 000 participants de prendre la parole, le bilan de cette consultation citoyenne est positif. En conduisant les membres du gouvernement à s’engager sur 93 ambitions, on peut dire que cette expression citoyenne n’est pas restée sans réponse. Jusqu’à la fin du quinquennat, nous disposons désormais d’une feuille de route à la fois concrète, transparente et inspirée par tous. 

Comment, concrètement, les entreprises de nos territoires peuvent-elles accompagner les porteurs de projet recensés lors des Assises ?

C’est un formidable terreau d’innovation, de croissance qu’il nous faut collectivement aider à prospérer. Il existe tout d’abord un annuaire des innovateurs sur le site www.livrebleuoutremer.fr, qui recense l’ensemble des participants au concours. Les entreprises sont libres d’aller le consulter et de soutenir les acteurs qui forment l’économie ultra-marine. Ensuite, nous allons mettre en place un premier forum des projets d’ici la fin de l’année 2018. Il permettra aux services de l’Etat, aux financeurs, aux entreprises et aux porteurs de projet d’Outre-mer de se rencontrer et d’échanger ensemble, comme cela avait été le cas, à l’Élysée, en juin dernier. Nous communiquerons à ce sujet dès que possible. 

Parmi 850 projets sélectionnés pour le concours Projet Outre-mer, 19 lauréats seront désignés au cours des prochaines semaines. Sur quels critères avez-vous sélectionné les projets finalistes ? 

Les 36 projets finalistes ont été choisis par l’Équipe Projets Ultramarins, composée de 14 personnalités et chercheurs issus de nos territoires. En s’appuyant sur leurs différentes compétences et expertises, ceux-ci ont étudié à la fois la faisabilité, la créativité, les avantages et les perspectives de développement des 850 candidatures.

Quant à la taille des territoires, elle n’a pas été prise en compte dans la désignation des finalistes, notamment parce que la plupart des projets pourront être déployés dans d’autres territoires.

Un article du Monde qui vous était dédié retraçait votre parcours jusqu’à la nomination comme ministre des Outre-mer, « dossier ô combien sensible », précisait le journaliste. C’est une position délicate d’être ministre des Outre-mer ? 

Mon parcours est celui d’une femme politique, engagée pour ses convictions. Parmi celles-ci figure évidemment ma passion pour les Outre-mer et la mer dont je suis issue, mon souci de construire des solutions pour réinventer l’avenir des territoires. Redonner de l’espoir en se donnant les moyens de penser un avenir à chacun d’entre eux dans leur bassin, en cohérence avec les aspirations des populations et de leurs élus. Les difficultés ne manquent pas, mais devant la portée d’un tel défi, comment ne pas être enthousiaste ?

Quel est le projet ou l’indicateur phare de votre mission comme ministre des Outre-mer ? 

Ma mission est d’accompagner les territoires et nos compatriotes d’Outre-mer dans leur développement et leur croissance durable. Comme l’a affirmé le président de la République, la bataille que nous devons y mener doit avant tout être celle pour la création d’emplois et l’activité économique. En ce sens, la réforme des aides économiques que nous allons mettre en place va avoir des effets bénéfiques pour les territoires, grâce notamment aux 2,5 milliards d’euros qui vont être versés aux entreprises. Cinq secteurs en particulier vont obtenir un soutien renforcé : l’économie bleue ; l’économie verte avec les énergies renouvelables ; le tourisme ; le numérique ; les activités de production, notamment celles liées à l’agriculture. Nous dévoilerons prochainement des indicateurs de suivi précis qui permettront de mesurer les effets de cette réforme. 

Si l’on se revoit dans 4 ans, quelle serait la chose accomplie qui vous rendrait la plus fière ?

A titre personnel, je serais fière de pouvoir dire que j’ai contribué à inscrire les 17 objectifs de développement durable dans les territoires d’Outre-mer. A l’heure des défis climatiques, il est important que nous conservions des objectifs visant à promouvoir la prospérité tout en protégeant la planète.