Conseillère Exécutive en charge de l’éducation, des collèges et lycées, Sylvia Saïthsoothane veille au grain sur la rentrée des 34 066 collégiens et lycéens de Martinique.

Propos recueillis par Mathieu Rached 

Elle est en charge, avec les équipes de la CTM, de la gestion et l’entretien des 68 établissements lycées et collèges de l’île « mais pas que », rappelle l’élue avec un sourire. La question et l’enjeu de son mandat sont véritablement de « porter un réel projet de société pour nos enfants », explique-t-elle. A ce titre, elle porte une attention toute particulière au décrochage scolaire, face à quoi elle veut conduire une politique efficace qui permette d’augmenter les chances de réussite des jeunes martiniquais. « Ce qui commence dès la petite enfance, avertit-elle, nos enfants doivent avoir l’envie et les moyens de se projeter dans l’avenir ». Pour sa troisième rentrée scolaire en tant que Conseillère Exécutive, Sylvia Saïthsoothane s’est prêtée au jeu de l’interview pour évoquer les dossiers forts de cette nouvelle année scolaire.

Depuis votre début de mandat, vous avez mené une action de terrain soutenue, en rendant visite à chaque fois aux cheffes et chefs d’établissements scolaires. Dans quel état d’esprit abordez-vous cette nouvelle rentrée ? 

A vrai dire j’aborde cette 3ème rentrée scolaire de notre mandature avec un esprit serein, constructif et mature. Les deux années passées m’ont permis tout d’abord de dresser un état des lieux sans concession du bâti, d’analyser les dispositifs déjà mis en place pour contribuer à une meilleure réussite de nos élèves. Puis durant l’année scolaire 2017-2018, nous avons travaillé à dessiner une programmation et nous sommes en mesure, cette année, de dérouler la politique éducative que nous souhaitons pour nos enfants.

Vous vous êtes notamment engagée sur le sujet du décrochage scolaire, comment s’incarne votre action ? 

Il existe plusieurs leviers, parmi lesquels le dispositif « Ecole Famille Quartier » qui sera poursuivi et étendu. Ce programme permet de créer un véritable réseau autour de l’enfant décrocheur : éducateurs, éducatrices, professionnels de santé, assistantes sociales… Afin de l’accompagner dans la résolution de ses difficultés et celles de sa famille. Par ailleurs, un autre dispositif, porté par le rectorat, par l’État et la CTM, baptisé « Classe Relais », permet à nos enfants qui sont en décrochage scolaire ou qui sont susceptibles de l’être, d’être rattrapés et de ne pas perdre le fil. Ces élèves pressentis décrocheurs et décrocheuses, sont alors pris en charge dans des classes à très petit effectif où les activités menées y sont différentes, artistiques, culturelles, sportives, estime de soi, accompagnement par des éducateurs, des éducatrices, des psychologues. Le décrochage scolaire est un lent glissement que l’on doit anticiper, guetter et corriger sans tarder. Une fois qu’un élève a lâché le cours de ses études, ça sera beaucoup plus difficile de le faire reprendre.
« Ecole Famille Quartier », « Classe Relais » et l’engagement quotidien des équipes pédagogiques sont des gardes fous très concrets.

Parmi les évolutions en cours, vous souhaitez ouvrir l’accès des infrastructures sportives hors temps scolaire ?

Oui, nous pensons que c’est un projet qui fait sens dans les communes ne disposant pas ou peu d’équipements sportifs. Nous avons beaucoup travaillé avec la commission Sport de la CTM, et après un inventaire détaillé des infrastructures (communales et territoriales) offertes à nos scolaires, nous avons comme ambition de mettre à disposition ces infrastructures aux associations culturelles et sportives. D’ailleurs, des conventions ont déjà été signées en ce sens (Lycée Centre Sud de DUCOS, Collège des Trois Ilets, Lycée Joseph ZOBEL de RIVIERE SALEE) et permettent d’utiliser ces espaces, dans le respect de ces locaux.

Du point de vue de la santé des bâtiments, quel état des lieux dressez-vous ? 

La rentrée se fera, sous le prisme de la CTM, dans de bonnes conditions. De nombreux travaux ont été réalisés durant les vacances, afin de répondre au mieux aux sollicitations des cheffes et chefs d’établissements. Bien sûr, nous devrons poursuivre ces travaux de maintenance durant l’année scolaire 2018-2019. Nous avançons sur la problématique amiante et j’espère que, pour l’année prochaine, ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir passé.

Et aussi le Lycée Schœlcher entre dans la dernière phase de travaux…

Oui, les travaux de reconstruction du Lycée Schœlcher avancent de manière très satisfaisante. Les entreprises jouent le jeu, même si ce n’est pas toujours facile. La démolition a été achevée, les fondations sont en cours et tous les marchés sont passés. Le lycée Schœlcher, bâtiment emblématique s’il en est, devrait être opérationnel, accueillir le corps professoral, l’équipe éducative et les élèves en septembre 2020.

Les élèves des collège et lycée Joseph Lagrosillière de Sainte Marie font, eux, leur rentrée dans des locaux temporaires

En effet, les établissements ont été délocalisés sur le site de Charpentier en attendant une reconstruction. Il était en effet indispensable de mettre en sécurité les élèves et le personnel de l’établissement, les bâtiments présentant un fort niveau de vulnérabilité sismique.

Nous avons tout mis en œuvre pour que la rentrée se fasse dans de bonnes conditions, et que toutes les infrastructures et équipements soient présents et opérationnels (restaurants scolaires, CDI, plateaux sportifs…) de même que l’accueil des élèves porteurs et porteuses de handicap.

A ce sujet du handicap, l’accueil des élèves est-il satisfaisant dans les établissements de Martinique ?

C’est un véritable enjeu dont nous avons pleinement conscience. Les choses ne sont pas encore parfaites mais nous sommes dans une dynamique d’amélioration. Ainsi tous les nouveaux bâtiments sont prévus pour accueillir nos enfants porteurs et porteuses de handicap, tels les collèges récents des Trois Ilets, du Diamant, de Sainte-Anne. Et les reconstructions prévues durant les trois années à venir prendront également en compte le respect de la réglementation pour un accueil digne de l’école de la République.

On a beaucoup entendu parler de la Cité scolaire Trinité au cours des derniers mois où vous avez démarré des travaux de sécurisation

C’est une grosse préoccupation pour notre équipe. Les travaux de revêtement et de mise aux normes du parking du personnel ont commencé cette année. Vient ensuite un gros travail de sécurisation du site avec la réhabilitation des clôtures. Ces travaux, menés conjointement avec les services de l’État, la sous-préfecture de Trinité et la mairie, commencent à porter leurs fruits, et devraient être terminés à l’issue de l’année scolaire 2018-2019. Des travaux quasi identiques seront également entrepris à la cité scolaire de La Jetée au François.

Quel bilan tirez-vous du portail http://soutienscolaire.collectivitedemartinique.mq/ lancé en décembre 2016 ? 

Cette plateforme de soutien scolaire a été une véritable réussite et de nombreux utilisateurs attendent de cette opération qu’elle se pérennise. Elle permet aux parents et aux élèves d’avoir, pour tous les niveaux de classe (du CP à la terminale), un accompagnement durant toute l’année scolaire (exercices d’entraînement, d’approfondis-sement ou de remédiation en ligne). Les abonnements sont totalement gratuits pour les familles et pris en charge par la Collectivité Territoriale de Martinique.

Vous évoquiez au début de votre mandat l’envie de faciliter l’acquisition des langues étrangères pour faire des élèves trilingues. Comment cet objectif prend-t-il forme ? 

L’ambition politique affichée de faire de la Martinique un site pilote pour l’apprentissage des langues a pris un nouvel élan avec l’arrivée de Monsieur Jan, nouveau recteur d’académie. En effet, dès septembre 2018, par appel à projets, sera lancé le dispositif PA+ (Projet Anglais +). Les établissements pourront se porter volontaire et seront accompagnés par le Rectorat et la CTM pour optimiser l’apprentissage de l’anglais.

Et concernant le créole ? 

Une réunion bipartite entre les services du rectorat et la CTM avait permis, au mois de juillet, de faire valoir l’importance de l’apprentissage du créole dès l’école maternelle. J’avais, d’ailleurs, suggéré à Monsieur le Recteur, que les écoles déployant le programme de prévention de l’illettrisme “PARLER” (Parler Apprendre Réfléchir Lire Ensemble pour Réussir) devaient impérativement faire appel à des professeures et professeurs créolophones. La CTM est décidée à jouer le fer de lance pour améliorer la prise en compte du créole dans nos apprentissages.

www.collectivitedemartinique.mq