Denis Ninine sera mis à l’honneur du 19 au 30 octobre lors de « Horizons Telluriques » une exposition itinérante. 

Par Willy Gassion 

Qu’y a-t-il dans le regard de l’enfant ? Qu’y a-t-il que nous, adultes, ne sommes plus capables de voir ? De la curiosité, de la poésie, de la beauté, de l’inattendu… de l’art ! Presque partout, dans les objets du quotidien et dans ce qui semble banal voire prosaïque l’art réside pour peu que l’œil sache regarder et que l’imaginaire soit fécond. « Enfant, je voyais mon père dessiner des plans d’architecte, ça a réveillé quelque chose en moi, je trouvais ça beau. J’y ai vu la patience, l’assiduité et l’engagement. », se souvient Denis Ninine. 

L’obsession du dessin 

Partir à la rencontre de l’art, de l’évidence et plus particulièrement du dessin jusqu’à en faire une obsession. D’abord le mimétisme, timidement, sur la pointe des pieds reproduire fidèlement ce qu’on voit pour apprivoiser le dessin. Puis le grand saut, s’abandonner, se faire confiance, libérer son imaginaire. Ne pas avoir peur de sa créativité et d’être totalement soi. « Je dessinais avec tout ce qui me passait sous la main. Je m’intéressais à la bande dessinée et aux mangas, je reproduisais ce que je voyais et cela m’a permis d’acquérir une forme de dextérité, j’ai appris ainsi le respect des proportions et petit à petit je me suis détaché de tout ça pour créer. Je passais quasiment des nuits blanches à dessiner, c’était devenu un besoin, j’exprimais ce que je voulais avec des crayons et un stylo bille. » 

Après l’obtention de son bac avec option arts plastiques, l’adolescent intègre le Campus Caraïbéen des Arts en Martinique. Le geste aussi précis soit-il ne suffit pas, il doit s’accompagner de réflexion et donner du sens :
« le dessin me permettait de quasiment recréer un monde où la part de l’imaginaire entre en jeu de manière à créer, à faire naître quelque chose que les autres pourront voir, apprécier ou ne pas apprécier. » 

Architectures mentales 

C’est en observant le quartier populaire de Trénelle à Fort-de-France, en le questionnant que le jeune plasticien a trouvé son langage propre, son écriture, son identité. « J’ai arpenté Trénelle et cela a donné naissance à des œuvres. C’était essentiellement au début du dessin au stylo avec des architectures quasi-oniriques, mêlées les unes aux autres, il n’y avait pas de présence humaine. Ma volonté était de mettre le regardeur face ses quasi labyrinthes mentaux. Puis j’ai intégré le travail de photo pour confronter le réel avec mon imaginaire afin de recréer des lieux autres. Mr Hi, un personnage espiègle est apparu pour ne pas laisser le spectateur seul face à un lieu quasi sans vie, j’ai intégré la présence humaine dans sa dimension surréaliste. J’utilise dans ma peinture des couleurs vives, crues travaillées en contraste avec l’apport du cerne pour scénographier l’espace. » 

Horizons Telluriques, l’expo itinérante

Le plasticien originaire des Abymes participe à « Traces & Touches », une exposition itinérante de cinq artistes pendant une année scolaire. La première étape aura lieu à L’Habitation La Ramée à Sainte-Rose du 19 au 30 octobre. Denis Ninine sera entouré de François Piquet, Micheline Souprayen, Florence Poirier-Nkpa, et de Jérôme Sainte-Luce. Lors de cette exposition les travaux du jeune plasticien seront mis à l’honneur. « C’est parce qu’il a du talent, parce qu’il arrive à quelque chose d’intéressant », s’enthousiasme Franck Thevenaud à l’initiative de l’exposition avec Concept’Art. Et Denis d’enchérir : « je ne suis pas arrivé au bout de mon chemin, je souhaite continuer à créer et à faire connaître la Guadeloupe à travers mon travail et ma vision atypique et singulière. »

Concept’Art

0690 43 64 46

http://www.denisninine.com