Sébastien Drumeaux est un bâtisseur. A 34 ans, l’artiste crée des ponts musicaux entre les musiques de la Caraïbe et celles de l’extérieur. 

Par Willy Gassion 

Il est des enfances dont on ne se remet pas, et c’est peut-être dans la douceur de ses jeunes années que Sébastien Drumeaux est devenu ce qu’il a toujours été. « J’ai la chance d’avoir des parents mélomanes, la musique faisait partie de mon environnement familial. La musique a toujours été une évidence, je n’aurais pas pu lui échapper. Si je n’en avais pas fait mon activité principale, j’aurais quand même été attaché à elle. » D’abord la musique du père. « Mon père est un grand fan de jazz, il tâtait beaucoup d’instruments, il y avait dans la maison familiale un piano, une contrebasse et une guitare. » Mais aussi la voix de la mère, la musique qui sortait de sa gorge. « Ma mère a toujours aimé chanter, elle s’est mise à la guitare. Elle fredonnait des airs de sa jeunesse, les variétés de la chanson américaine, on écoutait tous les styles de musique. » 

L’ordre et la beauté 

Jouer. Jouer d’un instrument, jouer avec l’instrument et faire du tambour et du piano des jouets. Délicieuse confusion que seule l’enfance permet. « Pour mes frères et moi, les instruments de musique c’étaient des jouets. A l’âge de trois ans, ma mère m’a inscrit à un cours de gwo-ka puis j’ai fait du piano à six ans. »
Mais la musique n’est pas qu’un jeu, c’est aussi la rencontre entre un musicien et son instrument. D’abord s’apprivoiser, toucher l’instrument puis commencer à dialoguer. Ce que disent les baguettes. Un murmure complice entre l’adolescent et la batterie, leur tête-à-tête, une relation intime. « J’ai commencé la batterie à l’âge de douze ans et je suis tombé amoureux de cet instrument dès que j’y ai touché. J’ai approfondi mon apprentissage à la Music Academy International de Nancy. C’est le rythme qui me plaît, à la base la musique c’est le rythme, la mélodie arrive après. En musique, le rythme c’est du bruit harmonisé qui crée l’ordre et la beauté, c’est tout cela que j’ai trouvé dans la batterie. »

Créateur-chercheur-explorateur 

Ce n’est pas qu’une affaire de rythme, ce ne sont pas que des joliesses, ce n’est pas que de la musique pour les pieds et le corps. C’est aller peut-être là où ne vont pas les autres musiciens. Entrer dans la musique, dans ses souterrains, et entrer aussi en soi, dans son identité tout en restant ouvert à l’Autre, à ce qu’il a à offrir. A ce qu’il est. « Je suis un créateur-chercheur-explorateur, je cherche à créer des ponts nouveaux avec ce qui existe déjà. Créer des mélanges de plusieurs styles de musique différents pour extraire l’ADN commun qui lie toutes ces musiques. En restant profondément ancré dans ce qu’on est, on est aussi des citoyens du monde. L’ADN commun à toutes les musiques c’est l’humain. Ma musique s’adresse aux gens qui sont profondément amoureux de la musique caraïbéenne et qui en même temps sont amoureux des musiques extérieures. » 

Together 

En 2019 sort Together un album concept qui raconte « l’histoire d’amour entre un homme et une femme. J’avais deux ou trois démons à exorciser, c’est mon projet le plus personnel. Chaque titre est un chapitre de la relation, depuis la rencontre en passant par le voyage dans les étoiles, jusqu’à ce que le ciel se couvre de nuages. L’histoire se termine et le personnage principal se demande ; je ne sais pas si j’ai réussi à donner assez d’amour à l’Autre, et si même j’ai de l’amour pour moi. » Jean-Michel Rotin, Michel Alibo, les producteurs Oliver et Akuji sont au casting de cet album de cinq titres qui ressemble à « un court-métrage. » Les musiques et les textes sont de Sébastien, « l’Artiste caribéen expérimentateur. » 

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