La Commission Infrastructures, Équipements et Développement
du numérique sert de vigie et de force de proposition aux chantiers de la CTM. Un travail en étroite collaboration avec le Conseil Executif, sur le terrain, pour projeter plus harmonieusement le territoire dans l’avenir. 

Par Mathieu Rached

« On voit les choses se concrétiser et les projets sortir de terre. C’est très gratifiant pour nos équipes et c’est passionnant d’en être tout autant l’acteur que le témoin privilégié ». Nommé président de la Commission infrastructures, équipements et développement du numérique en 2016, Georges Cléon ne cache pas son enthousiasme à œuvrer sur l’ensemble du territoire. C’est le rôle de la Commission, par ses attributions, elle s’ancre directement dans le quotidien des Martiniquais, et garantit au Conseil Exécutif la capacité de concrétiser le développement du territoire à travers une multitude de petits et de très grands projets. « Daniel Marie-Sainte, Conseiller Exécutif Infrastructures et Réseaux Numériques, est régulièrement sur le terrain avec nous et il participe aussi souvent que possible aux réunions de la Commission », complète M. Cléon.  

Suivi hebdomadaire

Au quotidien, les 7 conseillers de la Commission ont pour rôle « d’affiner ces différents projets », résume Georges Cléon, ils vont au contact, recueillent les avis, permettent d’identifier les diffi-cultés de terrain, ce qui ralentit ou bloque la conduite des travaux. En quelque sorte, leur mission est débloquer les situations et s’assurer de la bonne tenue et conduite des travaux, des constructions, des aménagements, des rénovations… La Commission reçoit ainsi les procès-verbaux de toutes les réunions de chantiers entrepris par la CTM dans toute la Martinique, chaque semaine. Georges Cléon en compte une soixantaine en cours sur l’ensemble du territoire. « Nos ingénieurs sont sur le terrain et font le point de chaque semaine pour garder le cap, le rythme de réalisation », poursuit-il. « Nous recevons régulièrement les signa-lements d’élus et d’administrés sur divers désordres routiers ou sur le patrimoine, et les répercutons vers le Conseiller Exécutif en charge des infrastructures et vers la direction idoine ».

Dimension régionale 

Parmi les travaux de grande envergure, au chantier emblé-matique du lycée Schœlcher « qui mobilise 250 ouvriers », s’ajoute une série d’investissements pour doter la Martinique de meilleures infrastructures, en prise avec leur temps, qui garantissent la sécurité et le confort auxquels peut prétendre l’ensemble de la population martiniquaise. C’est notamment le cas avec le projet de construction du viaduc de Fond Lahaye, dont le jury du concours est sur le point de sélectionner les maîtres-d’œuvre admis à concourir afin de proposer leur projet pour cet ouvrage d’art qui va permettre, de « délivrer la population de la contrainte des embouteillages actuels », justifie l’élu. Il en va aussi du projet de l’aérodrome à Basse-Pointe qui doterait le territoire d’une seconde piste d’atterrissage et de décollage, utile au développement du nord de la Martinique, et qui servirait aussi dans le cas par exemple où une catastrophe naturelle endommagerait l’aéro-port Aimé Césaire. De même, l’extension du terminal du Grand Port Maritime de Fort-de-France à la Pointe des Grives est un dossier auquel la Commission est particulièrement attachée et attentive, parce que l’accueil de porte-conteneurs est un élément clé « pour garantir le statut et la place de la Martinique dans le transport de marchandises mondiales », explique Georges Cléon.

Le chantier de reconstruction du lycée Schœlcher
Le chantier de reconstruction du lycée Schœlcher est bien avancé. Fin des travaux attendue en 2020.

Mises aux normes 

Plus ciblés, aussi nombreux qu’il existe de communes en Martinique, les dossiers ayant trait à la vie quotidienne des Martiniquais, ne sont pas en reste. « Le chantier du désamiantage de l’ensemble des bâtiments du patrimoine de la Collectivité est un dossier colos-
sal », avance Georges Cléon. « Tou-te intervention sur un bâtiment du patrimoine de la Collectivité n’est autorisée que lorsque le diagnostic amiante est négatif», poursuit-il. Une manière de procéder très encadrée, afin de ne pas risquer de contamination ni de dispersion, qui « nous a conduit à recommander la mise en place de formations aux métiers du désamiantage pour des entreprises locales spécialisées. Afin qu’elles se dotent du personnel compétent et qu’elles puissent répondre à la demande du marché », complète l’élu.

Petits et grands projets

Les semaines se suivent et les intitulés des dossiers qui s’accumulent sur son bureau sont tout le temps renouvelés. « Notre domaine d’action couvre à la fois les bâtiments scolaires (collèges et lycées), les ports, les réseaux routiers… toutes les infrastructures qui ont un impact dans la vie quotidienne des Martiniquais ». Successivement mis à l’ordre du jour des réunions de la Commission, on relève le dragage du port du Vauclin pour libérer son accès, les travaux d’investissements au golf des Trois Ilets, tout comme la consolidation de falaise dans le nord, des réparations de petits ouvrages hydrauliques sur les routes, la réparation et le remplacement des machines à glace des ports qui sont « essentielles au travail des marins pêcheurs », la modernisation de la RN2 et sa protection contre la houle au Carbet, le curage permanent de la rivière du Prêcheur depuis des mois, la construction à pain de sucre (Sainte-Marie) de la cité scolaire de transit qui hébergera bientôt le Lycée du Nord Atlantique et le Collège Lagrosillière, la modification du tracé de la route de la Trace au lieu-dit Arborétum pour parer au risque d’éboulements, l’important et spectaculaire glissement de terrain sous la RN9 (échangeur de Chateauboeuf / Pointe des sables)… « Et tous ces chantiers que la Commission supervise sont à la fois très concrets mais parfois peu visibles », s’amuse Georges Cléon.

Numérique : la révolution ! 

Il en va sans doute de même pour le développement numérique. « Ça va tout changer, c’est LE grand projet » explique Georges Cléon, donner accès à l’ensemble du territoire au très haut débit. Au total, 4500 km de fibre optique sont en cours de déploiement pour atteindre chaque immeuble, chaque quartier, chaque maison, avec une enveloppe globale attribuée à ce projet estimée à près de « 180 millions d’euros », chiffre l’élu. Les travaux de déploiement de la fibre optique ont déjà démarré, à Case Pilote, et vont concerner successivement l’ensemble des communes de la Martinique. Le projet Très Haut Débit ,qui doit être achevé en 2022, suit un planning annuel très précis « dans un souci de diversification géographique des zones couvertes, pour ne pas créer une fracture numérique entre les territoires », précise, carte à l’appui, Georges Cléon.

La pose de fibre optique sur l’ensemble du territoire est LE chantier majeur, qui va permettre de connecter tous les foyers et bureaux au très haut débit. Sur le terrain : la Commission accompagnée de Daniel Marie-Sainte, Conseiller Exécutif Infrastructures et Réseaux Numériques (à droite sur la photo).

Réinventer les cyberbases 

La construction du réseau de fibre optique n’est pas le seul volet du projet numérique pour le territoire, une réflexion est actuellement en cours sur la place et l’avenir des cyber bases. Ces espaces bien répartis sur le territoire, initialement destinés à donner accès à des ordinateurs connectés à internet sont amenés à devenir un lieu clé dans la bascule numérique qui s’opère à l’échelle du territoire. L’enjeu n’est plus l’accès au réseau, banalisé par le règne de la 4G, mais bel et bien que la population puisse se familiariser, expérimenter et s’approprier l’étendue des outils numériques et leur potentiel. Telle sera la nouvelle mission des cyberbases.

FOCUS : Ce que le Très Haut Débit va changer

Pour les élus, les acteurs économiques et l’ensemble de la population, le très haut débit est annoncé, attendu et perçu comme « LE grand projet »,
citait Georges Cléon, un saut en avant dans la transition numérique du territoire, et une nécessité au vu des volumes de données nécessaires pour la télévision, le téléphone fixe et internet. Concrètement, quelles perspectives laissent entrevoir l’avènement du THD ? Qu’est-ce que cette technologie va nous permettre de faire mieux, plus vite, plus efficacement ? La direction Filières Numériques et THD de la CTM a une vision et une action globales sur le développement de l’écosystème du numérique en Martinique. Elle est à la fois en charge des infrastructures, de l’économie du numérique et de la promotion des usages. Son directeur, Mike Miguel Mondésir, dresse avec nous le champ des possibles du THD en Martinique. 

Couverture internet actuelle 

« Depuis 10 ans, nous avons atteint une couverture « haut débit » (en dessous de 30 méga/sec) sur 99,8 % du territoire. Ce qui avait nécessité un investissement de 25 millions d’euros. Aujourd’hui, avec le projet de déploiement du très haut débit (2018-2022), nous changeons d’échelle avec un investissement chiffré à 180 millions d’euros. L’opérateur Orange se charge sur ses fonds propres de la pose de fibre optique sur les communes de Fort-de-France et de Schœlcher, la Collectivité assure le déploiement pour le reste du territoire en dehors des zones câblées par Numéricable. Sur les 175 000 lignes téléphoniques du réseau martiniquais, 100 000
vont être développées en très haut débit par la CTM (via Orange Constructel), 45 000 vont l’être directement par Orange. Le réseau sera ouvert et accessible à l’ensemble des opérateurs, la délégation de service public SFR-Collectivités sera en charge de la commercialisation de ces lignes très haut débit. »

Médecine 

« Le THD va clairement changer la donne dans le domaine médical. Ce niveau de connexion et de flux de données est d’abord nécessaire pour que puisse fonctionner le dossier médical partagé. Il permettra aussi, dans les EHPAD, à ce que certaines consultations médicales puissent se faire à distance, avec une infirmière sur place auprès du patient pensionnaire, et un médecin qui pourra guider et réaliser à distance les explorations nécessaires à l’état de santé du patient. Même principe en radiologie, l’expertise médicale du radiologue pourra se faire à distance en partageant des fichiers radio de haute qualité et très volumineux pour une connexion classique. Enfin, plus généralement beaucoup d’applications de la télémédecine reposent sur cette technologie. »

Domotique

« La domotique est également un enjeu du THD. Tout ce qui concerne la gestion électronique à distance comme le pilotage à distance de climatisation, de télévision, de la vidéo surveillance, et l’ensemble des services qui pourront voir le jour dans les prochaines années, seront fonctionnels et accessibles à tous grâce à la fibre optique. 

De manière concomitante avec le déploiement du THD, des entreprises privées ont pu solliciter des fonds européens FEDER pour développer leurs services. Tel PROSERV du Groupe Marie-Joseph qui bénéficie de ce financement pour développer une plateforme afin d’ouvrir de nouveaux services de surveillance à distance. »

Education et recherche

« À l’échelle de l’Université, qui a été l’une des premières structures à utiliser de la couverture THD, la faculté de médecine de Martinique est déjà reliée à d’autres facultés comme celles de Paris ou de Bordeaux. Donnant accès à des cours en visioconférence avec des professeurs à Bordeaux, à Paris ou ailleurs et permettant de compléter l’offre de formation en médecine depuis la Martinique. Par ailleurs, le THD est aussi un enjeu pour les écoles, collèges et lycées, c’est la garantie de la qualité de service de « l’espace numérique de travail » où chaque élève dispose de manière sécurisée de ses informations personnelles mais aussi de ses bulletins, ses objectifs et certaines ressources pédagogiques. »

Village mondial 

« Ce qui rend la fibre optique encore plus intéressante et en fait une innovation capitale, c’est qu’il s’agit d’une technologie « symétrique », c’est-à-dire qu’on peut non seulement avoir accès en téléchargeant, mais aussi diffuser et envoyer des données. Ce qui ouvre la voie au développement de nouveaux services, avec des acteurs locaux qui pourront créer de la valeur et publier des informations en offrant des services en dehors de la Martinique. »

3 actions concrètes en direction des entreprises 

– Accompagnement des acteurs pour la structuration de la filière afin de constituer un acteur fort et unique.

– Des subventions dédiées pour accompagner des start-up.

– Un pass numérique pour aider à la transition numérique des entreprises traditionnelles. Ce pass leur permet de réaliser les premiers audits et de mettre en place des solutions pour la gestion financière, la facturation et les devis en ligne, la création de site internet…

www.collectivitedemartinique.mq