Jean-Paul Alaric est un directeur d’école passionné. Depuis 14 ans, l’ancien marin se consacre à la gestion de l’École De Formation Professionnelle Maritime et Aquacole de Martinique.
Par Marie Ozier-Lafontaine
L’EFPMA de Martinique, créée en 1959, forme les femmes et les hommes qui se destinent aux métiers de la mer. Pêche, plaisance professionnelle mais aussi méca-nique ou gestion d’entreprises maritimes sont étudiées dans cette école. Placée au 2ème rang mondial en termes de surface maritime, la France et par conséquent la Martinique, représentent un potentiel de création d’emplois et de croissance important. Jean-Paul Alaric en est intimement convaincu, et se bat pour la pérennisation de cet établissement. Entretien.
Les métiers de la mer sont-ils des métiers d’avenir ?
Bien sûr ! En tant que territoire insulaire, nous avons tout intérêt à développer cette branche. Il faut savoir que les métiers sont très riches et variés. Tourisme, pêche, croisière, plaisance, loisirs… les possibilités sont nombreuses. Il faut aussi noter que chaque individu travaillant sur la mer doit être formé, y compris le musicien intervenant sur un paquebot ! C’est vous dire si l’éventail est large. De plus, aujourd’hui, les métiers évoluent. Autrefois, un pêcheur ne pratiquait « que » la pêche. Actuellement, les pêcheurs proposent souvent des prestations de balades en mer en parallèle. L’activité de pêche est elle-même en pleine mutation, avec la perspective de l’intégration de la navigation à la voile. Pour réaliser des économies, les navires alterneront la voile et le moteur. Or les techniques de navigation sont très différentes, ce qui nécessite de se former.
Vous formez plus de 900 personnes par an. Quel est le profil de vos élèves ?
Il n’y a pas de profil type. En formation initiale, nous recevons les jeunes à partir du collège. Nous constatons que de plus en plus d’élèves en situation d’échec scolaire nous rejoignent. Nos formations représentent pour eux une nouvelle orientation, quand le cursus général ne leur a pas offert la possibilité de révéler leurs talents. J’ai moi-même été en difficulté scolaire au collège, je sais de quoi je parle ! Les élèves en formation initiale repartent avec en poche un CAP de Matelot ou un Bac Professionnel de Gestion et conduite des entreprises maritimes ou d’Électromécanicien Marine. Tous effectuent des stages en entreprise, afin d’être opérationnels en sortant de l’école. En formation continue, les profils sont variés. Nous accueillons d’une part les marins professionnels en stage de sécurité, car ils ont l’obligation de renouveler leurs qualifications tous les cinq
ans ; et d’autre part des personnes en reconversion. Ces dernières veulent changer de vie ou de métier, en devenant marins. Elles pourront obtenir à l’école des brevets de capitaine, de mécanicien ou devenir matelot dans les domaines de la pêche, de la voile professionnelle ou du commerce. C’est pourquoi je souhaite que notre école survive : elle a selon moi un vrai rôle à jouer dans l’insertion professionnelle et la création d’emplois.
Vous êtes une des deux seules écoles en France à disposer d’un accès à la mer. Cela fait-il la différence ?
Effectivement, cet accès facilite grandement nos enseignements, puisque ces derniers comprennent un volet pratique très important. Il faut savoir qu’un marin doit maîtriser de nombreuses compétences, en plus de celles inhérentes à la navigation : extinction d’incendies, sauvetage en mer, collaboration avec les médecins urgentistes, gestion et anticipation de crise, face-à-face avec des pirates… La priorité du marin est toujours la sécurité, en toutes circonstances. Il doit savoir travailler en équipe, garder son sang-froid, communiquer avec d’autres corps de métiers. Au final, nous formons aux métiers de la mer mais aussi à la vie !
EFPMA
L’autre bord – BAUSSEJOUR
97220 – TRINITE – MARTINIQUE
0596 58 22 13
Tél formation initiale :
0596 58 10 41
Fax : 05 96 58 47 09