Le STDEII donne le cap pour restructurer l’appareil productif sur la totalité du territoire.

Une vision transversale des défis et des solutions pour la Martinique. 

Par Mathieu Rached 

Le 30 avril dernier, politiques, chefs d’entreprises, journalistes, présidents de chambres consulaires, acteurs économiques de toute envergure convergeaient vers Madiana.

Quatre cents personnes réunies dans la salle 10 du palais des Congrès où les prises de paroles devaient s’enchaîner pour dresser un bilan d’étape du STDEII, le Schéma Territorial de Développement Economique d’Innovation et d’Internationalisation.

Un schéma à l’acronyme difficile à prononcer mais dont les orientations et les réalisations portent les promesses et les prémices du développement repensé de la Martinique.

« L’objectif visé est la construction d’un modèle, porteur de développement et d’innovation, dans le cadre d’une plus grande solidarité sociale, d’un meilleur équilibre territorial, et de la préservation de l’environnement », a présenté le Président Marie-Jeanne.

« Un schéma ambitieux sans mesure spectaculaire, ni superficielle », avertit Marinette Torpille.

Marinette Torpille, à la présentation du STDEII

La conseillère exécutive au développement économique, à l’emploi et aux aides aux entreprises ne se dérobe pas.

La Collectivité Territoriale est décidée à jouer son rôle de chef de file du développement économique, et elle a choisi la bonne stratégie, « afin d’organiser notre écosystème économique et résorber nos déficits de croissance ».

Rappelant que « l’avenir est devant nous à la mesure de nos efforts », elle affirme la tonalité et la stratégie qui habite et définit le STDEII : « un outil structurant pour un développement concerté du territoire martiniquais.

Après avoir dressé la liste de nos points faibles, nous sommes en train d’adapter nos actions à nos ambitions et à nos priorités.

Priorité est donnée à la structuration des filières, l’organisation de bassins de productions, la préservation des ressources, la montée en compétences des acteurs… »

Distribution des rôles du STDEII

Le STDEII conçu pour la Martinique « se décline en un Plan d’Actions, pour apporter des réponses opérationnelles aux urgences économiques, sociales territoriales et environnementales » explique le Président de la CTM.

« Nous avons déterminé une soixantaine d’actions qui dessinent la feuille de route du développement économique et qui s’inscrivent dans le Plan de Développement Durable de la Martinique (PADDMA). »

Quelques minutes plus tôt, dans son discours d’introduction, le Président Alfred Marie-Jeanne appelait à ne pas minimiser la portée de cette étape.

Alfred Marie-Jeanne, président de la CTM, à la préentation du STDEII 2019

« De manière évidente et prioritaire, s’imposent à nous la prise en compte des dysfonctionnements socio-économiques qui continuent à neutraliser les effets des politiques publiques sur les territoires les plus fragilisés et les couches de population les plus démunies.

De même, il était plus que sensé de rechercher des solutions, aux nuisances induites de toutes sortes, portant atteinte à l’environnement et aux écosystèmes ».

Conçu en concertation étroite avec tous les acteurs, au premier titre desquels les Etablissements Publics de Coopération Intercommunale, le schéma se déploie dans le Nord Caraïbe, le Nord Atlantique, le Sud et le Centre pour porter les solutions au plus près des entreprises et de la population.

« Un modèle de développement concerté, pensé pour s’adapter aux circonstances et à tous les enjeux, qui donne déjà des résultats sur le terrain », salue le Président du Conseil Exécutif.

En donnant les orientations des aides aux entreprises, des aides aux investissements immobiliers, de l’innovation, de l’attractivité du territoire, le STDEII est devenu « une référence pour tous les chefs d’entreprise ».

Il est rejoint en ce sens par le Préfet Franck Robine, qui reconnaîtra « un schéma de grande qualité » qui valorise les ressources endogènes, accompagne les entreprises et la jeunesse.

Avec quel financement ?

« Unissant les enveloppes des fonds CTM, des fonds européens, le contrat de convergence et de transformation, les appels à projets de la BPI et de CDC, il s’agit de 800 millions d’euros mobilisables pour la Martinique », chiffre Marinette Torpille.

Un plan d’envergure qui signe l’engagement des élus et de l’ensemble des partenaires à conduire et réussir la restructuration de la Martinique.

Économie bleue : saisir sa chance 

1 080 km² de superficie terrestre et 47 000 km² d’espace maritime…

Les chiffres disent à eux seuls le potentiel et le défi que constitue la structuration de l’économie bleue pour la Martinique.

Louis Boutrin, conseiller de la CTM

Voici la feuille de route du STDEII pour l’économie bleue :

  • Mettre en place une plate-forme de connaissances de la biodiversité Marine et des écosystèmes, pour contribuer à définir une nouvelle organisation de la pêche, adaptée aux nouvelles exigences économiques et écologiques. 
  • Promouvoir les métiers de la mer

Grâce notamment au lycée de la mer et à la création d’un parcours complet de formation en partenariat avec le Rectorat et l’Université.

  • Disposer d’une plateforme Caraïbes sur l’énergie marine. 
  • Poursuivre la modernisation des ports de pêche, avec l’installation d’équipements de manutention, de matériel permettant la transition écologique énergétique et l’amélioration des conditions sanitaires.

Agriculture : repenser le modèle

L’enjeu principal consiste à veiller à une meilleure exploitation interdépendante des ressources : terrestres, sous-terrestres, eau, vent et soleil.

  • Mieux explorer les potentialités en termes de pharmacopée, de biotechnologies, de recherche génétique, de bio-déchets…

En s’appuyant sur un pôle d’innovation autour du PARM, en lien avec les exploitations, le monde de la recherche et de la formation.

  • Constituer une pépinière d’agro-transformation qui offrira des locaux adaptés aux exigences de fonctionnalités et de sécurité des procédés. 
  • Favoriser l’émergence de bassins de production, grâce à des plateformes relais, de collecte et de distribution pour mutualiser les fonctions logistiques (collecte, stockage, conditionnement).

De même, une plateforme logistique territoriale sera capable d’offrir des installations fonctionnelles pour les grossistes, les importateurs, les acteurs de la grande distribution, de l’agro-transformation. 

Tourisme durable : une nouvelle image 

L’enjeu ici relevé par le STDEII est d’assurer un repositionnement stratégique à l’International en intégrant toutes les dynamiques du tourisme durable.

  • Créer des produits touristiques originaux, « nature » et « culture » à partir de la valorisation des sites patrimoniaux emblématiques (bâti, jardin, sentier pédestre, sentier botanique).

Il s’agit d’anticiper les menaces environnementales pour consolider et pérenniser notre capital et notre activité (modéliser le trait de côte, requalifier l’état écologique des eaux…) 

  • Labelliser les infrastructures touristiques par une offre combinée d’outils techniques et financiers (dettes fiscales et sociales, investissement, formation, commercialisation, communication, prise en compte de l’environnement) et constituer un CLUSTER tourisme capable de structurer et d’assurer une meilleure lisibilité de l’offre.
  • Création de pôles touristiques : espaces d’aménagement touristique (EAT) et des zones de mouillage organisé (ZMO).

Définir aussi un plan de formation et de professionnalisation dans le tourisme pour ajuster les structures aux mutations digitales, environnementales et selon l’évolution des attentes des visiteurs.


A travers différents dispositifs et engagements, la CTM soutient, stimule et encourage de nombreuses PME, start-up… qui œuvrent toutes à l’essor économique du territoire. 

Quatre exemples d’accompagnement au plus près de l’économie locale.

VALECOM : Aider la recherche et le développement pour l’autonomie énergétique

L’objectif du projet « Waste-to-Energy » de VALECOM est de participer à l’autonomie énergétique de la Martinique, tout en améliorant la gestion des déchets (lisiers, déchets industriels spéciaux, déchets des activités économiques, boues de STEP).

Pour cela, la start-up a recourt à la pyrolyse, procédé où les déchets sont chauffés de manière contrôlée, c’est-à-dire sans être brûlés mais transformés en syngaz, huiles et charbons :

  • Le syngaz va servir au fonctionnement d’un générateur électrique
  • Les charbons eux, seront utilisés comme amendements de sols ou combustibles de substitution
  • L’huile de pyrolyse est destinée à la chimie moléculaire

Un projet innovant (présenté à la COP 21 !) de gestion des déchets sur un territoire insulaire, qui bénéficie d’un cofinancement CTM / ADEME de 70%, d’un second cofinancement CTM et BPI dans le cadre de l’appel à projet Matnik INNOV, ainsi que d’une avance remboursable de 500 000€ pour le volet développement industriel de l’entreprise.

TECHNIC FERRONNERIE : aide à l’embauche des seniors

En choisissant un technicien soudeur expérimenté d’une cinquantaine d’années, TECHNIC FERRONNERIE a enrichi son équipe pour répondre à la demande importante de certains marchés.

Gérant de l'entreprise Technic Ferronnerie, soutenue par la CTM

« Nous réalisons des portes, grilles de protection, escaliers… à partir d’acier galvanisé, acier noir ou acier inox. La partie soudure est une étape importante pour laquelle nous avions besoin d’un salarié particulièrement habile et habitué pour rester compétitif et réussir nos marchés. », explique Swan Defoi, chef de projet.

La CTM a contribué à la réussite de cette embauche grâce à une aide de 15 000€ sur un an.

GREEN TECHNOLOGIE : structuration de filière véhicule électrique

Green Drive ? Un projet de station de recharge intelligente 100% solaire de véhicules électriques.

Smart Power ? Un réseau de centrale photovoltaïque d’autoproduction et de sécurisation pour particuliers et PME.

Madin’Drive ? Un réseau collaboratif de bornes de recharge de véhicules électriques.

La start-up Green Technologie a tout prévu pour réussir à structurer la première « filière de la mobilité décarbonnée en Martinique ».

Créateur de la startup Green Technologie, soutenue par la CTM

À l’image des coopératives, qui dans un secteur permettent à tous les acteurs de se développer, les conditions seront réunies pour l’implantation et la démocratisation de la mobilité électrique.

Pour chaque euro investi par Green Technologie, la CTM ajoute 0,50€ en subvention et 0,50€ en avance remboursable.

PLAISIR GOURMAND : prime au chef d’entreprise et aide aux TPE

Plaisir Gourmand propose un concept de crêperie, glaces et gaufres à Rivière Salée.

Gérante de Plaisir Gourmand, entreprise de restauration soutenue par la CTM

« Tout est fait sur place, et le plastique n’a pas droit de cité avec de vrais verres, couverts et assiettes », explique la gérante de Plaisir Gourmand.

C’est sa première expérience en tant que chef d’entreprise et gérante.

Elle  a pu se lancer il y a 15 mois grâce notamment à la subvention femme chef d’entreprise (5000€).

De même, elle a aussi pu bénéficier de « l’accompagnement investissement » qui lui a permis de s’équiper et d’acquérir congélateur, chambre froide, caisse électronique et une seconde crêpière.

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