Pour les 30 ans de la compagnie Christiane Emmanuel, la chorégraphe martiniquaise la plus réputée monte sur scène avec une nouvelle création.

Les 20, 21 et 22 novembre à Tropiques Atrium.  

Première compagnie de danse contemporaine créée en Martinique, la compagnie Christiane Emmanuel fête ses trente ans.

À cette occasion, les 20, 21 et 22 novembre seront dansées deux pièces du répertoire de la compagnie et une nouvelle création.

Les répétitions ont débuté et ont lieu chaque matin dans la grande salle de la maison rouge, à Fort-de-France.

Un matin, avant de répéter, Christiane Emmanuel a retracé avec nous l’histoire et le parcours de cette compagnie qui a fait le tour du monde et place la danse contemporaine au cœur de la scène artistique martiniquaise.

Il y a trente ans, vous étiez une jeune danseuse et une jeune professeure de danse diplômée. Comment avez-vous créé la compagnie ? 

Christiane Emmanuel : (sourire) Danser, c’était mon rêve.

Et comme à l’époque, la Martinique ne compte aucune compagnie de danse contemporaine, je rassemble les danseurs présents et quelques élèves doués.

« Tout le monde avait envie de danser, de faire de la scène, de vivre des émotions, de développer son art et de mettre son corps à disposition de chorégraphes. »

Ce faisceau irrépressible d’envies et de rêves a jeté les bases de la danse contemporaine en Martinique.

La compagnie « groupe expérimental de danse contemporaine » (qui deviendra la compagnie Christiane Emmanuel, ndlr) est née, et nous avons invité des chorégraphes, pédagogues, depuis les États-Unis, la France, Cuba…

Et à partir de 1993, j’ai commencé à écrire les spectacles de la compagnie.

S’en sont suivies 30 années de création et de danse. 

Oui, jusqu’à aujourd’hui, et ce matin encore où Laurent Troudart et moi travaillons sur « Madame St-Clair, Man St-Clair », une création où je suis la danseuse et Laurent, le chorégraphe.

Il chorégraphie pour vous ? 

Je l’ai choisi lui parce que c’est un danseur talentueux, doué, qui m’a marquée.

C’est sa première création en tant que chorégraphe, et il y a
« quelques petites résistances » de ma part, m’a-t-il avoué (rire).

« Dans ce contexte des 30 ans de la compagnie, cette création revient à une sorte de « transmission », en pratique directe ! »

Et dans cet exercice de création, on touche tout de suite la fragilité, la singularité et les doutes du chorégraphe.

C’est un travail très riche artistiquement que nous menons ensemble.

Qu’allez-vous proposer les soirs des 20, 21, 22 novembre ?

Trois spectacle seront joués :

  • « Madame St-Clair, Man St-Clair », qui est une chorégraphie librement inspirée du roman de Raphaël Confiant, écrivain martiniquais
  • Deux pièces du répertoire de la compagnie, « Lagrimante » et « Je remets le couvert : indigestion »

Pourquoi ce choix parmi des dizaines de spectacles que vous avez créés ? 

Ce sont trois pièces très fortes.

  • « Lagrimante », coécrite avec le colombien John Fandiño en 2015, traite de combien il est nécessaire de pleurer pour se régénérer.
  • « Je remets le couvert » qui date de 2017 lui est un spectacle sur le mal-être, sur la surconsommation de fast-food, de produits industriels, de boissons sucrées, et sur la perte de repères.
  • « Madame St-Clair, Man St-Clair » enfin, travaille sur les figures de gangster et de militante en 2019…

Jean Paul Montanari, le directeur du festival de danse de Montpellier, a dit avec justesse que les chorégraphes sont les sismographes de notre époque.

Ils sont interpellés par certains faits de société, ils les analysent, les transfigurent et les portent à la scène.

On comprend que la danse c’est toute votre vie. C’était déjà une évidence chez l’enfant Christiane Emmanuel ? 

J’ai commencé la danse à 11 ans et avant ça j’ai en tête un souvenir particulièrement marquant où, après l’école, chaque jour, mon papa qui était instituteur nous rassemblait, les dix frères et sœurs, et nous racontait des contes, qu’il mimait, chantait et dansait…

Tout le monde danse dans la famille, mais je suis la seule à en avoir fait mon métier.

« J’ai de la chance, mon métier c’est ma passion et ma passion, mon métier. »

« Lagrimante », « Je remets le couvert : indigestion », « Madame St-Clair, Man St-Clair ».

Les trente ans de la compagnie Christiane Emmanuel, petite salle de Tropiques Atrium.

Les 20, 21, 22 novembre 2019. Places et réservation sur les réseaux de vente habituels.

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